INTERVIEW | ‘Il y a des travailleurs indépendants qui n’ont plus un balle, c’est une catastrophe’

Ce lundi matin, des milliers de commerçants de Belgique se préparent à rouvrir boutique ! La nouvelle est tombée vendredi : les commerces dits « non essentiels » peuvent reprendre du service dès le 1er décembre. Une décision très attendue, mais qui ne satisfait pas tout le monde.

Business AM en discute avec Vincent Maillen, un entrepreneur qui a créé le groupe Facebook « INDEPENDANT » qui réunit aujourd’hui plus de 43.000 personnes. Une organisation d’indépendants, freelances, artistes, artisans qui pèse suffisamment lourd aujourd’hui pour être écoutée très sérieusement par les politiques.

Manque de cohérence

Oui, la réouverture de certains commerces est une nouvelle importante, plutôt bonne pour beaucoup, même si toute une série de mesures seront à respecter, dans un climat de fêtes en mode mineur. On le rappelle : une seule personne par foyer, excepté pour les personnes isolées qui peuvent recevoir deux invités. Cela signifie qu’il n’y aura pas de grands repas, moins de cadeaux, à peine quelques jolies tenues de soirée. « On nous dit qu’on peut acheter des cadeaux, mais on ne peut pas les offrir… Je comprends la volonté de dire qu’on peut acheter avec un protocole, là je suis d’accord. Je ne fais pas une fixation sur le fait de se réunir ou non. Je fais une fixation sur le manque de cohérence. On a le droit d’aller s’agglutiner dans des supermarchés à 50, toucher tous les produits, là on peut tout faire. Par contre, on ne peut pas aller un par un chez le coiffeur ou l’esthéticienne avec un masque, des gants et toute une série de protections. » Et c’est sans parler des dernières sorties du ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, qui fait frissonner plusieurs organisations d’indépendants en annonçant que les petits commerces ne sont pas des lieux où la propagation du virus est importante. Et que la mesure de fermeture du second confinement était surtout une décision « coup de point », qui voulait jouer avant tout sur le psychologique de la population…

« Il nous faut du cash ! »

Coiffeurs et esthéticiennes, mais aussi tous les métiers de contacts, HoReCa, l’événementiel… Ceux qui restent à l’arrêt perdent littéralement patience. « Il y en a qui sont de nouveau laissés pour compte, et ça suffit. Maintenant, soit on avance dans les reports de crédits, les assurances, etc. Soit on sort dans la rue. Là maintenant, on en a marre. Ça fait des mois qu’on essaie d’avancer main dans la main, certains politiques veulent avancer, mais il faut que les aides arrivent beaucoup plus vite ! Il nous faut du cash ! Il y a des travailleurs indépendants qui n’ont plus un balle, c’est une catastrophe ! Il faut quand même se rendre compte, et c’est ce qui me met hors de moi : on paie des cotisations sociales, des impôts, des taxes par centaines de millions d’euros par an. Quelque part, on nourrit ce pays aussi. Et aujourd’hui, on a un peu faim, un peu soif, et on ne nous rend pas une partie ! »

Les tensions et les angoisses augmentent, Vincent Maillen se bat pour trouver des pistes de solution, et ça finit d’ailleurs par payer, doucement mais sûrement. « J’ai viens de recevoir un mail du cabinet David Clarinval qui annonce certaines des mesures que je lui avais demandées, notamment concernant le report d’impôts, TVA, avec annulation des amendes, des étalements, etc. Le bras de l’Etat commence enfin à comprendre qu’il doit arrêter de frapper, ou en tout cas qu’il est temps de frapper moins fort. »

INTERVIEW | Pieter Timmermans (FEB) : ‘La situation sanitaire dépend plus des comportements individuels que d’un reconfinement’

Ces dernières semaines, chaque journée compte son lot de mesures, d’annonces plus ou moins attendues, d’angoisses et de nouvelles solutions pour tenter de freiner la propagation du nouveau coronavirus, sans mettre définitivement notre société la tête sous l’eau. Mais la situation n’augure rien de bon.

Pieter Timmermans, Administrateur Délégué de la FEB présente les chiffres : « Pour l’instant, nous tablons sur une décroissance économique pour cette année-ci de l’ordre de 8%. C’est du jamais vu ! Je n’ai jamais connu une période aussi difficile économiquement. C’est maintenant qu’il faut réagir et éviter à tout prix un deuxième confinement. Dans ce sens-là, j’applaudis vraiment les dernières mesures qui sont prises. Elles permettent de préserver les écoles au maximum, préserver les entreprises en leur permettant de continuer à fonctionner et puis, à court terme, on parvient à préserver notre système de soins de santé. »

Aucune mesure ne suffira pour sauver la situation

Pour Pieter Timmermans, les autorités doivent évidemment continuer d’agir, mais le comportement de chacun joue également un rôle central. « Nous devons absolument éviter que nos entreprises soient de nouveau à l’arrêt, parce qu’alors il y aurait d’importantes conséquences sur l’emploi et le pouvoir d’achat. Et selon moi, il n’y a pas de contradiction entre l’économie et la santé. Si on ne pense qu’à l’aspect sanitaire, on laissera mourir l’économie et on n’aura plus d’argent pour financer notre système de soins de santé. Et si on ne pense qu’à l’économie, il y aura aussi des drames au sein des hôpitaux. L’économie et les soins de santé doivent travailler main dans la main. C’est ensemble que nous pourrons combattre le virus, mais tout dépendra essentiellement de notre comportement à tous. »

‘Un nouveau confinement général n’est pas envisageable

Plusieurs experts et certains décideurs politiques plaident de plus en plus pour un retour à la case confinement comme celui que nous avons vécu au printemps dernier. Une option qui pourrait littéralement mettre notre économie à genoux. « Jusqu’à présent j’ai toujours dit qu’un deuxième confinement général n’était pas envisageable, pour la simple raison qu’environ 65.000 entreprises – qui étaient en bonne santé avant la crise Covid – se retrouvent maintenant dans une situation très fragilisée. Ces entreprises occupent à peu près 300.000 emplois. S’il y a un nouveau confinement total maintenant, des milliers d’entreprises finiront en faillite. Si nous opérons un changement drastique de notre comportement, nous pouvons encore éviter cela. »

Mesures compensatoires

Et si un lockdown d’automne est inévitable, alors il faudra absolument organiser des soutiens publics et collectifs, explique Pieter Timmermans. « Des mesures seront alors encore plus indispensables pour soutenir les entreprises, pour leur permettre de traverser cette période. Par exemple le chômage temporaire, le chômage technique Corona comme on l’a connu jusqu’ici, il faut le prolonger encore pour une période de 6 mois. Mais il faut aussi réfléchir à des mesures moins connues, mais d’autant plus importantes, des mesures qui renforcent la situation financière, la colonne vertébrale de nos entreprises. Des investissements dans leur capital de la part des instances publiques, mais aussi encourager des personnes physiques à investir une part de leurs économies propres dans les entreprises belges. Ce genre de mesures structurelles, mises en place rapidement, permettraient de survivre à cette période difficile. »

Carl De Moncharline, sur la faillite du secteur événementiel : ‘On a besoin d’un baxter, on nous met un pansement’

Le secteur de l’HoReCa et de l’événementiel encaisse toujours sa mise à l’arrêt. Concernant les boîtes de nuit, cela fait 10 mois que le secteur est à l’arrêt complet. Carl De Rijck, alias Car De Moncharline, fait partie des nombreux professionnels qui sont directement concernés.

Personnalité importante du monde de la nuit bruxellois, il gère notamment des lieux emblématiques comme le Fuse, le Mirano ou encore l’Impérial. Des adresses qui ont dû baisser leurs volets pour tenter de limiter la propagation du coronavirus… Mais la formule ne passe pas. « Tenter de calmer l’épidémie : c’est une question de point de vue et ce n’est évidemment pas le nôtre. On avait demandé une étude pour voir où étaient les clusters en Belgique… On nous accusait à tort d’être en partie responsables de l’épidémie alors qu’on a dû respecter tout un protocole pour rouvrir nos lieux. Je ne suis pas d’accord avec ce qui se dit par rapport à cette responsabilité. Une responsabilité qui en incombe avant tout à l’autorité publique. C’est elle qui manoeuvre cette crise depuis 10 mois et si aujourd’hui il n’y a toujours pas d’amélioration c’est de sa responsabilité, par celle d’un secteur ou d’une certaine jeunesse qui serait ce qu’elle est. »

Le temps des solutions

Carl De Moncharline le souligne plusieurs fois : cette crise dure depuis 10 mois. 10 mois durant lesquels son secteur a été patient, créatif pour chercher des solutions. Mais là il fatigue. « Tout un chacun peut comprendre au début de l’épidémie, quand on est face à la crise du printemps, tout le monde peut faire un pas en arrière. Mais à un moment donné, la vie reprend ses droits et il faut qu’on puisse avoir de vraies solutions pour les différentes personnes impactées. Je n’ai pas de problème à respecter les règles, je pense que 99,9% des gens ont prouvé qu’ils étaient capables de le faire. Mais à un moment donné il faut aussi rétablir le droit et s’il y a des dommages ils doivent être pris en charge par les autorités. Après 10 mois de gestion approximative de gestion du Covid, force est de constater que le résultat n’est pas là. Ce n’est pas acceptable ce qu’il se passe aujourd’hui. Ce n’est pas acceptable de plonger des tas de familles et de personnes dans la précarité, dans des files de testings qui ne sont pas au point, alors que ça fait 10 mois qu’on est dans la crise, alors que les Chinois en sont sortis après 6 mois ! Tout ça n’est plus acceptable ! On est dans un état de droit, on doit fonctionner comme un état de droit et il est normal, légitime et sain en démocratie que ça soit respecté. »

Le secteur de la nuit, secteur oublié

L’économie, l’emploi, la culture, l’HoReCa, … Les dommages sont nombreux. Mais certains secteurs sont manifestement moins considérés que d’autres. « Évidemment notre secteur est le plus largement impacté, et je ne parle même pas des gens du secteur de la nuit qui ne sont même pas énoncés en conférences de presse. Il n’y a pas un mot, pas une once d’empathie, rien du tout, alors qu’ils sont à l’arrêt depuis 10 mois et qu’ils ont des charges très conséquentes. On est déjà sur un secteur très fragilisé et les autorités viennent avec un pansement alors qu’on a besoin d’un baxter. Il y a de grandes choses à faire encore pour sauver le secteur, aujourd’hui et demain dans la foulée. »

Pour aller plus loin :

Bernard Rentier : ‘L’immunité collective ? On connait les personnes à risques, il faudrait de gros moyens pour les protéger’

Nous avons interrogé Bernard Rentier, virologue et ex-recteur de l’Université de Liège, à propos de l’immunité collective. Un temps évoquée en Suède, cette stratégie ne semble désormais plus pertinente. L’OMS la rejette, mais le débat vit toujours. Nous sommes aussi revenus sur la polémique qui poursuit le Liégeois. Il faisait partie des ‘rassuristes’ avant que la 2e vague ne déferle sur le pays.

En août dernier, Bernard Rentier dénonçait des chiffres ‘alarmistes’ de Sciensano qui annonçaient ‘une deuxième vague qu’on ne voyait pas venir’. Aujourd’hui vivement critiqué pour des propos qui ont donné du grain à moudre à tous ceux qui minimisent l’importance de l’épidémie et les ravages qu’elle peut faire, le virologue tient à pondérer. ‘C’est l’affaire des hôpitaux. Les hôpitaux savent quelle est leur capacité et ils savent quand ça devient critique. Et quand ça devient critique, il faut alors évidemment prendre des mesures. Mais je ne crois pas non plus à la réalité pratique d’un confinement jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. Parce qu’alors : jusque quand ? Le confinement n’est jamais une solution politique. Ça peut être une solution momentanée à un problème de gestion sanitaire, mais politiquement et à long terme ce n’est pas réaliste, ce n’est pas possible. On ne peut pas mettre tout le monde en prison ! Ça ne va pas, ce n’est pas dans ce sens-là qu’il faut aller à mon avis. Il faut aller vers une éducation à la prise de précautions.’

Immunité collective : est-ce qu’il faut laisser les gens tomber malades ?

L’immunité collective, c’est un concept qui a été prôné en Suède, aux États-Unis, ou encore au Royaume-Uni où on a rapidement changé de stratégie au printemps dernier face au taux de mortalité qui ravageait l’Europe comme l’Amérique. Pourtant aujourd’hui, le discours revient au coeur des débats. Pendant que l’OMS affirme que ça n’a jamais, dans l’histoire, été une stratégie pour répondre à une épidémie, la Suède qui était prise en exemple déchante aussi face à la résurgence des cas. Mais pour Bernard Rentier, le coronavirus qu’on connaît aujourd’hui présente une particularité à prendre en considération. ‘Si on laisse faire les choses, il y aura un pourcentage de morts, des malades graves et parfois avec des conséquences qui peuvent durer. Ce n’est pas de la rigolade, c’est très sérieux. Mais on sait que ce virus-ci ne tue qu’une catégorie particulière de personnes qu’on appelle « à risques », c’est-à-dire des personnes qui ont un certain âge et/ou des maladies préalables comme le diabète. Quand le virus arrive chez ces gens déjà affaiblis, il crée un tel désordre chez sa victime que la réponse immunologique excessive tue le patient. Ce n’est pas le virus en lui-même qui tue le patient. Le virus endommage un certain nombre de choses, dans les voies respiratoires, etc. Mais il crée surtout une réponse immunitaire extrêmement violente chez certaines personnes. Mais chez la majorité des gens, la réponse immunitaire est classique : on se défend contre le virus et puis on est immunisé.’

Du coup, ne serait-ce pas un devoir citoyen de protéger les plus faibles en limitant les contaminations ? L’immunité collective ne serait-elle pas un scénario meurtrier pour toutes ces personnes qui réagissent plus violemment au nouveau Coronavirus ? ‘Absolument ! On ne peut en aucun cas promouvoir une politique d’immunisation collective comme ça a été fait en Angleterre ! Ça doit nécessairement s’accompagner d’une hyper-protection de la population à risque. Et on a une chance avec ce virus-ci : on sait définir, identifier cette population à risque. Sachant ça, il faut évidemment mettre des moyens, peut-être exorbitants, pour protéger ces personnes en particulier. On ne peut pas les mettre dans un ghetto, on ne peut pas les mettre sous cloche sans s’en occuper, mais on peut très bien réfléchir à une stratégie de protection des personnes à risques et relâcher beaucoup plus le reste en laissant remonter le nombre de cas, le nombre de personnes positives’, en comptant donc que cette part plus solide de la société puisse développer des défenses à long terme contre la Covid-19.

Confinement : indispensable ou artificiel ?

Bernard Rentier rappelait cette semaine sur son blog sa position vis-à-vis du confinement : il était selon lui indispensable en mars dernier, mais reste un phénomène artificiel qui ne peut résoudre le problème à long terme. Aujourd’hui pourtant, les bruits de couloir annoncent de plus en plus un retour en lockdown, ou presque, avec notamment des couvre-feux qui se mettent petit à petit en place… Alors aujourd’hui, connaissant les derniers chiffres d’hospitalisations (2.000 patients Covid en hôpital le 16 octobre) et de décès clairement inquiétants (49 les dernières 24 heures), le confinement redeviendrait-il indispensable, ou reste-t-il artificiel, selon Bernard Rentier ? ‘Par principe, je pense que le confinement n’est pas une solution à long terme. Au mois de mars, c’était indispensable parce qu’on n’était pas préparé. Aujourd’hui le personnel soignant est sur les genoux, mais pour le moment, on  n’est pas au stade qu’on a connu au printemps, d’autant qu’on arrive maintenant à sauver des gens qui sont en soins intensifs, ce qui n’était pas le cas avant.’ Mais malgré le fait que toute une série de mesures sanitaires aient été mises en place depuis le printemps, des mesures qu’une partie non négligeable de la population respecte, malgré cela, le nombre d’hospitalisations et de personnes en soins intensifs continue d’augmenter vers un niveau critique qu’on n’avait plus connu depuis avril dernier… À l’heure qu’il est, la vigilance reste donc, plus que jamais, un devoir citoyen et sanitaire.

Les soldes reportées : ‘Une grosse déception des deux côtés de la barrière est possible’

L’une des conséquences de la crise sanitaire, c’est que les soldes d’été ne commencent pas le 1er juillet, comme de coutume. Elles sont reportées au mois d’août. Un changement de calendrier qui est le résultat d’un compromis entre commerçants et consommateurs.

Pour Jean-Philippe Ducart, porte-parole de Test-Achats, il s’agit d’une solution qui devait avant tout soulager les indépendants qui ont encaissé de grosses pertes depuis le début de la crise, mais l’alternative peut être intéressante pour les clients également. « Ça a été une demande assez forte de la part d’un certain nombre de fédérations professionnelles qui représentent les petits indépendants et les petits commerces notamment, pas tellement de chez Comeos (la fédération du secteur). On nous a demandé notre avis et on n’a rien contre le fait qu’il y ait un report. C’est plutôt le système dans son ensemble qui pose question : il y a quelques contradictions dans le système des soldes, on demande une réforme plus fondamentale depuis plusieurs années. D’ailleurs nous pensons sincèrement que les commerçants ne vont pas se retrouver dans les soldes cette année, que ce soit en juillet ou en août. En ce qui concerne le consommateur, s’il veut vraiment profiter des soldes, il doit prendre la peine de faire du repérage sur le terrain, de voir quelles sont les tendances, quels sont les prix, pour se faire une idée générale de ce qui se pratique avant et pendant les soldes, pour voir si la réduction est bien appliquée. » Avec ce report, les clients gagnent donc un mois de beau temps pour faire ces comparaisons.

Shopping frileux

Malgré le déconfinement et l’assouplissement des règles, les Belges restent frileux et le shopping traine à reprendre du poil de la bête, surtout dans les centres commerciaux. Est-ce que les bonnes affaires en juillet n’auraient pas été une manière de faire revenir les clients en boutiques ? « Reporter les soldes d’un mois, c’était vraiment la solution de compromis. On a pris cette décision au plus fort de la crise, parmi d’autres mesures, comme la suspension des promotions. Mais il est vrai qu’on voit que le redémarrage dans le secteur du commerce est très lent et il n’y a pas de mesure particulière mise en place pour permettre un boost. Donc il est possible que certains regrettent maintenant le report des soldes. »

Une grosse déception pour tout le monde

Du côté du portefeuille des consommateurs, on annonce un gros impact de la crise qui ne se ferait ressentir qu’à partir de l’automne. Le pouvoir d’achat des Belges risque donc de s’affaiblir encore dans les semaines et les mois à venir. « Le pouvoir d’achat des Belges a déjà fameusement trinqué pendant la crise. Selon une enquête que nous avons menée, 62% des Belges se retrouvent face à des difficultés financières, ils ont dû manger une partie de leur épargne, ils ont perdu une partie de leurs revenus, ils ont perdu carrément leur emploi parfois. Donc il est vrai que la recherche de bonnes affaires va devenir de plus en plus cruciale. Mais, de l’autre côté, beaucoup de commerçants doivent rattraper des recettes qu’ils ont perdues pendant la crise. Donc il va falloir trouver un équilibre qui ne sera pas évident. D’autant que le pouvoir d’achat se dégrade : entre 2019 et 2020, on a encore perdu entre 4 et 5%. Et on voit que l’économie ne va pas repartir comme ça d’un coup, il n’y aura pas cet effet de rebond que la Banque Nationale avait annoncé. Les prévisions économiques ne sont pas bonnes, et c’est vrai aussi pour le consommateur. Donc il est possible, en effet, que les soldes soient une grosse déception des deux côtés de la barrière : les commerçants et les consommateurs. »

‘Les intelligences artificielle et humaine ne suffisent pas pour contrôler les discours haineux’

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Unilever, Ben & Jerry’s, maintenant Coca-Cola… Plusieurs grandes marques annoncent un boycott des réseaux sociaux : pendant plusieurs semaines, elles suspendent leurs publicités. Un manque à gagner qui se compte, pour l’instant, en dizaines de millions de dollars pour les groupes comme Facebook, Twitter, YouTube ou encore Instagram.

L’objectif affiché de ces annonceurs, c’est de faire pression pour que les médias sociaux fassent preuve de plus de transparence et de responsabilité, notamment vis-à-vis du racisme. Une tendance qui répond à la vague de contestations qui dénoncent le racisme et les violences policières, en Europe comme sur le continent américain. Mais pour Bruno Liesse, spécialiste des médias publicitaires, il s’agit aussi d’un retour de flammes qui menaçait les réseaux sociaux depuis longtemps. « Ce qui se révèle, c’est la difficulté que les intelligences artificielle et humaine peuvent avoir à contrôler tous les flux des réseaux sociaux. En fait, ce sont des plateformes qui agrègent les contenus des consommateurs, des citoyens, des audiences. La difficulté qui se révèle de façon violente à cause de contenus illégaux et inacceptables pour le sens commun, c’est qu’on ne peut pas contrôler 3 milliards de consommateurs. Ces plateformes sociales paient donc aujourd’hui une forme de retour de flammes par rapport à leur propre gratuité et par rapport au fait qu’on laisse les citoyens raconter n’importe quoi et parfois, ce n’est pas joli. »

Un boycott pour mener où ?

Parmi les réseaux sociaux concernés par ce boycott publicitaire, les plus gros font partie des fameux GAFAM, qui se targuent d’accumuler des richesses de plusieurs centaines de milliards de dollars. Alors concrètement, le retrait de certains gros annonceurs peut-il avoir un réel impact sur les caisses des plateformes concernées ? À termes, oui, selon Bruno Liesse. « Le business model des réseaux sociaux se fonde sur les recettes publicitaires ! Les réseaux sociaux représentent pratiquement 10% des dépenses publicitaires aujourd’hui en Belgique. » Et la situation deviendra critique si trop d’annonceurs se joignent au boycott. « Quand certains du top 10 des annonceurs commencent, les autres suivent et ça deviendra un problème structurel et pas ponctuel. Là, je dirais que les annonceurs et les marques qui ne suivent pas vont être décalés par rapport à la norme qui va devenir attentiste. Un boycott est un recours ultime pour demander à une instance de réagir. »

Les limites éthiques et technologiques

Alors, réagir, oui, mais comment ? Les limites pour gérer tous les contenus partagés existent et sont solides. « Si on veut contrôler tout ce qui se dit sur Facebook, où est la ligne rouge ? Comment définir les limites ? C’est assez subjectif et j’ai peur des exagérations. Et sur la forme, c’est-à-dire de la technique, comment va-t-on faire pour auditer et tracer toutes les conversations et tout ce que vous publiez en respectant la loi de la vie privée ? Déjà qu’on surveille vos déplacements, on surveille les conversations sonores et écrites …  La Commission européenne peut essayer d’imposer de nouveaux outils de mesure et de surveillance qui vont rapidement être bloqués par une minorité bien pensante de respect de la vie privée. Alors comment est-ce qu’on va faire ? C’est très compliqué. Le tout serait au moins que les opérateurs eux-mêmes appliquent des règles beaucoup plus strictes à la source, en éjectant les personnes qui tiennent des propos déviants, racistes, discriminatoires ou de harcèlement. Ce qui est important c’est que, après la régulation, des mesures judiciaires soient prises, des pénalités et des condamnations en proportions aux propos. C’est à ce titre-là que ça fonctionnera. »

Comment expliquer une hausse des prix du pétrole si rapide ? ‘Ce n’est qu’un début’

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Alors que le début du confinement était marqué par des prix à la pompe exceptionnellement bas, la tendance a largement changé ces dernières semaines : le prix du baril a augmenté de 80% en six semaines.

Si on revient quelques semaines en arrière, la situation était particulièrement critique pour les producteurs de pétrole, notamment aux Etats-Unis. Xavier Timmermans, expert en investissements chez BNB Paribas Fortis nous explique. « Au mois de mai, plus personne ne voulait du pétrole américain. Les capacités de stockage étaient pratiquement toutes remplies. Donc les derniers contrats pour le mois de mai se sont négociés à des prix négatifs. En fait, pour les derniers contrats qui se sont négociés, il a fallu payer les acheteurs pour qu’ils prennent livraison du pétrole ! Donc on a eu des prix qui sont tombés en-dessous de zéro dollar. On a donc eu un effondrement du prix du pétrole pour livraison immédiate, mais une baisse beaucoup moins importante pour livraison décembre-janvier. »

What’s next ?

Face à ce genre de crise, le marché s’adapte. « L’effet immédiat de la crise est évident : la demande a chuté de façon dramatique, on parle de 30 millions de barils de moins par jour, soit pratiquement un tiers de moins ! Notamment parce que les transports se sont arrêtés, surtout maritimes et aériens. Depuis les mesures de déconfinement, la demande repart à la hausse, on a en même temps les pays de l’Opep+ qui ont décidé de restreindre l’offre. Et on a une diminution de l’offre aussi aux Etats-Unis puisque les prix trop bas font que ce n’est plus rentable pour les entreprises de l’industrie du pétrole de schiste. Donc, au final, on a une demande qui repart à la hausse et une offre qui a été limitée, donc l’offre et la demande vont à nouveau converger, ce qui devrait conduire à une diminution des stocks au cours de l’année et une remontée du prix du pétrole pour la fin 2020. » 

Mais les prix ont déjà bien augmenté ? « Oui, mais c’est toujours un niveau de prix qui reste sensiblement plus bas que ce qu’on a connu il y a un an. Pour le consommateur, ça reste moins cher. Mais bien sûr, ce ne sera pas aussi bon marché que ce qu’on a pu voir lors de la période la plus dramatique pour les prix du pétrole, c’est-à-dire en mai. »

Apple lâche Intel : ‘La stratégie d’Apple, c’est de dégager un maximum de marge bénéficiaire’

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Lundi soir, le rendez-vous était donné à tous les amoureux de la marque à la pomme : la WWDC version 2020 était donnée online, coronavirus oblige. Avec une petite révolution à la clé. Décryptage.

Parmi les grandes annonces, on retient surtout qu’Apple largue Intel pour produire ses propres processeurs. Un tournant historique que nous explique Alexandre Colleau, fondateur du site Belgium-iPhone. « Il s’agit d’un tournant historique dans la mesure où Apple collabore avec Intel depuis près de 30 ans. Il faut savoir qu’Apple cherche à s’écarter de ses fournisseurs pour produire sa propre technologie pour ses matériaux, depuis des années. Là, c’est une nouvelle annonce qui le prouve et qui va avoir un impact certain sur les ventes d’ordinateurs et, plus globalement, sur le chiffre d’affaires de la marque. La stratégie d’Apple, c’est évidemment de dégager un maximum de marge bénéficiaire. »

Quoi de neuf pour les geeks ?

Parmi les grandes lignes dégagées de la grand-messe de ce lundi soir, Alexandre Colleau retient notamment le nouveau système collaboratif mis en place par Apple. « Au niveau financier, une annonce importante c’est la possibilité pour les personnes qui achètent des applications, qui souscrivent des abonnements, de pouvoir les partager avec leur famille. Concrètement, à partir du moment où on achète un abonnement pour un journal, pour une application qui permet de retoucher des photos, un jeu vidéo… Le développeur va pouvoir mettre en place un système pour partager ses achats in-app avec tous les membres d’une même famille. »

Apple va bien mais doit innover

Ces nouveaux éléments et les rendez-vous annuels tellement attendus permettent ces dernières années de principalement entretenir une image marketing, plutôt que de proposer de véritables révolutions technologiques, même si… « la concurrence est là et continue d’innover de son côté, donc Apple doit faire le nécessaire pour garder une certaine longueur d’avance, notamment avec l’aspect technologique qu’elle veut intégrer à ses produits, l’aspect logiciel et l’aspect service également, qui est devenu très important. Apple cherche en fait de nouveaux moyens pour dégager des bénéfices, simplement parce que la vente de ses produits stagne. »

Un avion qui s’écraserait sur une centrale nucléaire ? ‘La vraie question n’est pas là’

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Renforcer les centrales nucléaires pour qu’elles soient capables d’encaisser la chute d’un avion lourd, type commercial ou militaire : c’est l’axe principal des  nouvelles normes de sécurité nucléaire entrées en vigueur en Belgique.

Selon l’AFCN, l’objectif était de s’aligner aux nouvelles normes de sécurités Wenra, soit le niveau européen de l’ouest de la sûreté nucléaire, en réponse à la catastrophe de Fukushima de 2011. Mais selon Damien Ernst, le débat est ailleurs : « La chute d’un avion sur une centrale nucléaire, c’est un événement extrêmement improbable. Il est déjà assez rare qu’un avion tombe, et tomber sur une centrale nucléaire, ce n’est pas encore tellement dangereux. Il faudrait qu’il y ait des éléments vraiment critiques dans la centrale. Le danger pourrait venir en réalité d’un acte terroriste, où une personne prendrait le contrôle d’avion commercial ou militaire et qui, volontairement, le crash sur une centrale nucléaire. Mais même dans ces cas-là, le réacteur n’explose pas, parce qu’un avion est par design très léger, très mou. Ce n’est pas un tank militaire. En réalité, en se heurtant contre la paroi blindée du réacteur ou d’un autre élément, l’avion va se désintégrer sans casser grand-chose. L’élément le plus dangereux quand un avion heurte une centrale nucléaire, c’est l’incendie qui peut suivre sur le site, surtout si l’avion vient de décoller et que ses réservoirs sont remplis de carburant. »

Réduire les candidats post-2025

Sur papier, en Belgique, la sortie du nucléaire est promise pour 2025 au plus tard. Mais concrètement, trois réacteurs sur sept se portent candidats pour une prolongation après cette date. Avec les nouvelles exigences de cet arrêté royal, certains voient une manière de limiter les possibilités des centrales candidates. Mais ça ne changerait grand-chose, selon Damien Ernst. « Doel 4 et Tihange 3, ça ne change rien : elles savent résister à ce type de chute d’avion, notamment de par le fait qu’elles ont une double enceinte autour de leur réacteur nucléaire. Tihange 1 pourrait éventuellement être un peu critique à ce niveau-là, mais le dossier change très peu. La vraie décision à prendre, avec ou sans cet arrêté royal ne change pas, ‘c’est : est-ce qu’on prolonge Tihange 3 et Doel 4 ?’ La prolongation de ces deux centrales-là n’est pas vraiment plus compliquée avec cet arrêté royal. »

Et en ce qui concerne les réacteurs plus anciens, les nouvelles normes ne demanderont pas de travaux si les exploitants se résignent à la fermeture avant 2025, puisque l’arrêté royal impose une mise en ordre pour les prochaines révisions décennales. Or le calendrier fait que cela n’arrivera pas avant… 2025.

Plan de relance européen : ‘Il n’est pas anormal que la contribution belge soit plus que proportionnelle’

Une note de la Commission européenne révèle que la Belgique pourrait contribuer bien davantage au Plan de relance européen qu’elle ne recevra en retour. Sur les 750 milliards mis sur la table, notre pays pourrait recevoir 5 milliards d’euros ces prochaines années pour lutter contre la crise post-Covid, mais devra rembourser plus 17 milliards d’euros sur 30 ans.

Pour l’eurodéputé belge et vice-président des Verts-ALE, Philippe Lamberts, rien de plus logique : ‘La Belgique fait partie des pays les plus riches. Donc il n’est pas anormal que la contribution belge à l’effort généralisé soit plus que proportionnelle’. Il tempère tout de même : les modalités de remboursement ne sont pas encore définies. Même si l’eurodéputé reconnait que l’ordre de grandeur calculé par la Commission européenne semble correct, il précise qu’on ne ‘connaît toujours pas la méthode de remboursement des emprunts. (…).  il est fort probable que le plan soit à terme financé par ce qu’on appelle des « ressources propres », c’est à dire, des impôts directs européens’. Soit les contribuables européens. ‘Il ne s’agit pas de savoir ce que la Belgique contribue puisque ce sont les contribuables européens qui contribueraient directement’.

Solidarité : condition de survie de l’UE

Se rangeant du côté du président français Emmanuel Macron et de la chancelière allemande Angela Merkel, qui ont mis en oeuvre ce plan de relance, Philippe Lamberts explique que sans solidarité, l’Union européenne court à sa perte. Selon lui, les plus riches doivent mettre la main aux portefeuilles pour conserver un équilibre tenable. Alors que les pays ‘frugaux’ acceptent l’idée de ce plan de relance, l’eurodéputé écolo redoute la position des Pays-Bas, dont le gouvernement semble très réticent pour des questions internes, ‘c’est un pays qui pourrait à ce point mettre des bâtons dans les roues, qu’il rende une solution impossible’.

Les modalités précises du Plan de relance seront au menu des discussions du prochain Conseil européen, ce 19 juin. D’après les informations du journal Le Soir, la Première ministre Sophie Wilmès devrait plaider pour une facture plus légère pour la Belgique, en demandant une redéfinition des critères pour mesurer l’impact de la crise dans un pays, ainsi qu’une révision de la clé d’allocation (5 milliards d’euros pour l’instant).

Brussels Airport: ‘Pas de retour à la normale avant 2024 – 2025, tout le secteur doit être soutenu’

L’activité à Brussels Airport reprend son cours au même titre que Brussels Airlines, son principal client. Les réservations reprennent avec 150 destinations sur 230 possibles pour l’été. Mais les difficultés sont là, notamment autour de Swissport qui a été déclaré en faillite ou Aviapartner qui recevra un aide d’Etat. En sous-régime, l’aéroport n’est-il pas en danger financier?

‘Il est vrai que c’est un redémarrage en douceur. On savait qu’il serait lent et progressif. À titre d’exemple, on s’attend pour la fin de l’année à 50 % de notre offre. Donc il est vrai que ce sera difficile pour l’aéroport et pour tous les acteurs présents à l’aéroport’, explique Nathalie Pierard, porte-parole de Brussels Airport.

En effet, on l’a vu avec la crise qui a touché les compagnies aériennes ou les sociétés de handling (logistique aérienne) comme Swissport ou plus récemment Aviapartner qui bénéficiera au contraire de la première d’une aide de l’État belge. En tout, il y a 317 entreprises qui sont présentes au sein de l’aéroport. ‘On est très heureux et positif par rapport au redémarrage de l’activité, mais on ne s’attend pas à un retour à la normale avant 2024 – 2025’.

Il faut toutefois savoir que l’activité n’était pas morte à Brussels Airport. Si l’activité des passagers était à l’arrêt, ce n’était pas le cas du transport de marchandises. ‘L’activité cargo a fonctionné à plein régime durant la crise’, nous confirme la porte-parole, certains vols compensant même la baisse d’activité des vols passagers.

‘Eviter le monopole d’Aviapartner’

Concernant Swissport, Brussels Airport a pris contact avec toutes les compagnies aériennes et notamment Brussels Airlines son principal client. Cette dernière a la capacité de reprendre provisoirement l’activité tout en augmentant son partenariat avec Aviapartner. Concernant le remplacement à proprement parler de l’entreprise suisse, Brussels Airport est en négociation avec 10 entreprises et recevra une offre ferme ‘cette semaine pour attribuer une licence dans le courant de la semaine prochaine pour ne pas avoir un monopole d’Aviapartner’.

Et pour la suite, qu’en sera-t-il si les difficultés se prolongent pour Brussels Airlines? ‘Nous espérons qu’une solution sera rapidement trouvée. On sait qu’il y aura une réduction du nombre de destinations, mais tout dépendra de la demande (…). Il est important que tout le secteur aérien soit soutenu et reçoive cette aide du gouvernement.’

Pourquoi une taxe GAFAM en Belgique ? ‘Il n’y a pas d’unanimité en Europe’

À l’heure où la Belgique se prépare à racler les fonds de tiroirs pour se sortir d’une crise sanitaire et économique dont on ne commence qu’à deviner les contours, les géants du web et leurs revenus pharaoniques reprennent place dans le débat.

À l’échelle mondiale, l’OCDE a préparé un plan d’action groupée pour taxer de manière plus juste des monstres financiers du numérique tels que Google, Amazon ou encore Facebook. Mais les discussions ont été reportées de juillet à octobre pour cause de crise du Covid-19. Qu’à cela ne tienne, plusieurs états, notamment européens, ont lancé des taxations nationales, en attendant des mesures européennes coordonnées. Et la Belgique se prépare à emboiter le pas.

Pourquoi s’en prendre au chiffre d’affaires ?

Adapter la loi fiscale aux monstres du digital consiste à suivre une logique : taxer le chiffre d’affaires pour compenser la faible imposition des GAFAM et autres gros bonnets digitaux, qui utilisent le caractère immatériel de leurs activités pour éviter d’importants impôts.

‘Actuellement, les géants du numérique ne paient quasi pas d’impôts, à l’impôt des sociétés classique, comme une entreprise, pour deux raisons : d’une part parce qu’ils n’ont pas un établissement dit ‘stable’, ‘physique’ en Belgique, et d’autre part parce que, lorsqu’ils engrangent des bénéfices, ils les font transiter dans les pays européens où il y a une fiscalité plus avantageuse. Donc il y a, en Belgique, peu ou pas de taxation de ces géants du web’, explique Vanessa Matz, députée fédérale et auteure d’une proposition de loi sur la taxation des GAFA.

Dans les faits, elle propose une taxe à 3% du chiffre d’affaires pour toute entreprise qui génère au moins 5 millions d’euros en Belgique. Les défenseurs de cette nouvelle loi fiscale espèrent renflouer les caisses de l’État belge à hauteur de 100 à 150 millions d’euros, chaque année.