INTERVIEW | Pieter Timmermans (FEB) : ‘La situation sanitaire dépend plus des comportements individuels que d’un reconfinement’

Ces dernières semaines, chaque journée compte son lot de mesures, d’annonces plus ou moins attendues, d’angoisses et de nouvelles solutions pour tenter de freiner la propagation du nouveau coronavirus, sans mettre définitivement notre société la tête sous l’eau. Mais la situation n’augure rien de bon.

Pieter Timmermans, Administrateur Délégué de la FEB présente les chiffres : « Pour l’instant, nous tablons sur une décroissance économique pour cette année-ci de l’ordre de 8%. C’est du jamais vu ! Je n’ai jamais connu une période aussi difficile économiquement. C’est maintenant qu’il faut réagir et éviter à tout prix un deuxième confinement. Dans ce sens-là, j’applaudis vraiment les dernières mesures qui sont prises. Elles permettent de préserver les écoles au maximum, préserver les entreprises en leur permettant de continuer à fonctionner et puis, à court terme, on parvient à préserver notre système de soins de santé. »

Aucune mesure ne suffira pour sauver la situation

Pour Pieter Timmermans, les autorités doivent évidemment continuer d’agir, mais le comportement de chacun joue également un rôle central. « Nous devons absolument éviter que nos entreprises soient de nouveau à l’arrêt, parce qu’alors il y aurait d’importantes conséquences sur l’emploi et le pouvoir d’achat. Et selon moi, il n’y a pas de contradiction entre l’économie et la santé. Si on ne pense qu’à l’aspect sanitaire, on laissera mourir l’économie et on n’aura plus d’argent pour financer notre système de soins de santé. Et si on ne pense qu’à l’économie, il y aura aussi des drames au sein des hôpitaux. L’économie et les soins de santé doivent travailler main dans la main. C’est ensemble que nous pourrons combattre le virus, mais tout dépendra essentiellement de notre comportement à tous. »

‘Un nouveau confinement général n’est pas envisageable

Plusieurs experts et certains décideurs politiques plaident de plus en plus pour un retour à la case confinement comme celui que nous avons vécu au printemps dernier. Une option qui pourrait littéralement mettre notre économie à genoux. « Jusqu’à présent j’ai toujours dit qu’un deuxième confinement général n’était pas envisageable, pour la simple raison qu’environ 65.000 entreprises – qui étaient en bonne santé avant la crise Covid – se retrouvent maintenant dans une situation très fragilisée. Ces entreprises occupent à peu près 300.000 emplois. S’il y a un nouveau confinement total maintenant, des milliers d’entreprises finiront en faillite. Si nous opérons un changement drastique de notre comportement, nous pouvons encore éviter cela. »

Mesures compensatoires

Et si un lockdown d’automne est inévitable, alors il faudra absolument organiser des soutiens publics et collectifs, explique Pieter Timmermans. « Des mesures seront alors encore plus indispensables pour soutenir les entreprises, pour leur permettre de traverser cette période. Par exemple le chômage temporaire, le chômage technique Corona comme on l’a connu jusqu’ici, il faut le prolonger encore pour une période de 6 mois. Mais il faut aussi réfléchir à des mesures moins connues, mais d’autant plus importantes, des mesures qui renforcent la situation financière, la colonne vertébrale de nos entreprises. Des investissements dans leur capital de la part des instances publiques, mais aussi encourager des personnes physiques à investir une part de leurs économies propres dans les entreprises belges. Ce genre de mesures structurelles, mises en place rapidement, permettraient de survivre à cette période difficile. »

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