Et tout à coup, le pétrole n’est déjà plus bon marché

Le prix du baril a grimpé de 80% au cours des 60 derniers jours. Cela représente l’augmentation la plus rapide depuis plus de 25 ans. Avec le confinement, la consommation de pétrole a diminué de plus d’un tiers. Mais aujourd’hui, elle commence à se relever de la crise.

Il existe un consensus dans le secteur selon lequel l’impact du coronavirus se verra encore pendant plusieurs années. En cause : le trafic aérien qui ne retrouvera pas sa vitesse de croisière avant un petit bout de temps. La demande en subit les conséquences. Pour l’agence de cotation Moodys, le marché devrait seulement s’en remettre en 2025. Il est même possible que les niveaux de 2019 ne soient plus jamais atteints.

Les voitures électriques vont devenir beaucoup plus compétitives par rapport aux modèles à essence, d’ici 2025. Les nouvelles générations ont aussi changé leur manière de consommer, ce qui n’augure rien de bon pour le secteur automobile.

À peine moins cher que la moyenne

Toutefois, au cours des dernières semaines, le pétrole WTI et Brent coûte plus de 40 dollars le baril. En avril, ils stagnaient autour des 20 dollars, après une crise majeure et furtive qui a fait descendre le baril WTI en dessous des 0 dollars.

Mais si on regarde les prix à long terme (graphique ci-dessous), on se rend compte que le montant de 40 dollars ajusté par l’inflation se situe juste un peu en dessous du 50e centile. Cela signifie qu’un baril de pétrole vaut aujourd’hui un petit peu moins cher que la moyenne observée en 30 ans.

Cette situation s’explique par une reprise de la demande alors que l’offre reste limitée comme convenu entre les membres de l’OPEP+. Les producteurs américains de pétrole de schiste ont eux aussi réduit leurs extractions. Ces décisions ont été prises à cause de la chute brutale des prix du pétrole en mars et avril.

Les marchés mondiaux sont donc passés d’un important excédent de production à un petit déficit entre la fin avril et début juin. Par conséquent, la valeur du pétrole a grimpé. Si vous commandez un baril aujourd’hui, vous ne recevrez plus qu’une remise de 50 cents. Elle était de 10 dollars en avril.

Les prix du pétrole ont toujours été caractérisés par une extrême volatilité. Cependant, depuis 2014, cette tendance semble s’affaiblir grâce à la révolution du pétrole de schiste aux États-Unis. La production américaine n’a cessé d’augmenter depuis 2010 — à l’exception de 2016.

Pic de pétrole en 2027

Mais ‘la belle époque’ semble révolue. Le bureau d’étude norvégien Rystad Energy a écrit la semaine dernière dans son rapport annuel que les compagnies pétrolières investissaient de moins en moins dans leurs installations. Les quantités exploitables ont de ce fait diminué de 282 milliards de barils pour atteindre aujourd’hui une production limitée à 1.900 milliards de barils.

Cette baisse est due à l’évolution des modes de consommation et aux extractions de plus en plus coûteuses. Selon Per Magnus Nysveen, analyste chez Rystad Energy, un ‘pic pétrolier’ se rapproche. Il s’agit du moment où la production aura atteint son maximum. Une fois ce pic passé, l’offre ne cessera de se réduire. Cet événement devrait avoir lieu en 2027.

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