Pétrole: l’Opep+ prolonge en juillet ses coupes drastiques de production

Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés se sont accordés samedi pour prolonger d’un mois la réduction historique de production auxquels ils s’astreignent depuis plus d’un mois pour stabiliser les prix.

« Tous les pays participants ont accepté la possibilité de prolonger d’un mois supplémentaire la première phase des ajustements de la production de mai et juin », indique l’organisation dans un communiqué à l’issue de deux rounds de négociations. Le ministre de l’Energie des Emirats arabes unis Suhail Al Mazroui avait annoncé quelques instants plus tôt l’accord sur Twitter.

Les membres du cartel et leurs alliés se sont engagés le 12 avril à une réduction historique de leur production de 9,7 millions de barils par jour (mbj) pour les mois de mai et juin, qui devait passer à 7,7 mbj de juillet à décembre, puis à 5,8 mbj de janvier 2021 à avril 2022.

Interrogé par l’AFP, le ministre algérien de l’Energie Mohamed Arkab évoque cependant le chiffre de 9,6 mbj, soit 100.000 barils par jour en moins que pour mai et juin, une information qui ne figure pas dans le communiqué de l’Opep. La différence pourrait s’expliquer par la position du Mexique, déjà réticent aux coupes lors des précédentes négociations.

Vendredi, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador avait écarté au cours de sa conférence de presse quotidienne toute nouvelle baisse de sa production: « nous ne pourrions pas ajuster davantage notre production », a-t-il déclaré, taclant au passage, sans les nommer, les pays qui n’ont pas rempli « leur part du contrat ».

Respecter les quotas

Le cartel et ses partenaires ont ainsi surmonté les dissensions auxquelles ils ont habitué le marché et dépassé les querelles qui ont porté cette semaine sur le non-respect par certains pays de leurs quotas. Selon les calculs du fournisseur de données Kpler, le groupe n’a réduit sa production que d’environ 8,6 mbj en mai, soit 11% de moins que le volume prévu.

L’Irak et le Nigeria sont pointés du doigt, mais ce dernier a ouvert la porte samedi à une compensation en juillet, août et septembre du surplus pompé depuis début mai.

« Nous avons une très bonne ambiance entre les pays Opep et non Opep. Nous travaillons en parfaite symbiose sur les grandes questions », avait assuré plus tôt dans la journée M. Arkab, qui assure par ailleurs la présidence tournante de l’Opep.

Mais les négociations sont souvent tendues entre la Russie et l’Arabie saoudite, les deux poids lourds de l’entente, qui ont même déclenché une courte mais intense guerre des prix après l’échec de précédentes négociations en mars.

Le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, a d’ailleurs rappelé l’importance du respect « à 100% » des quotas de coupe par chacun des pays, dans un discours introductif à la conférence diffusé sur le site de l’Opep, un avis partagé par son homologue saoudien le prince Abdelaziz ben Salmane.
Malgré les doutes qui planent sur la difficile entente des producteurs, la politique de l’Opep a montré son efficacité puisque les cours sont remontés en ce début juin autour de 40 dollars le baril pour la référence américaine, le West Texas Intermediate (WTI), et son équivalent européen, le Brent de la mer du Nord.

Ils avaient atteint des plus bas historique aux alentours du 20 avril, heurtant la barre des 15 dollars pour le Brent et passant même en négatif pour le WTI.

Même « s’il est largement anticipé par les investisseurs », une entente « serait favorable au soutien des prix du pétrole pour les mois à venir », a indiqué Bjornar Tonhaugen, analyste de Rystad Energy.

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