Un avion qui s’écraserait sur une centrale nucléaire ? ‘La vraie question n’est pas là’

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Renforcer les centrales nucléaires pour qu’elles soient capables d’encaisser la chute d’un avion lourd, type commercial ou militaire : c’est l’axe principal des  nouvelles normes de sécurité nucléaire entrées en vigueur en Belgique.

Selon l’AFCN, l’objectif était de s’aligner aux nouvelles normes de sécurités Wenra, soit le niveau européen de l’ouest de la sûreté nucléaire, en réponse à la catastrophe de Fukushima de 2011. Mais selon Damien Ernst, le débat est ailleurs : « La chute d’un avion sur une centrale nucléaire, c’est un événement extrêmement improbable. Il est déjà assez rare qu’un avion tombe, et tomber sur une centrale nucléaire, ce n’est pas encore tellement dangereux. Il faudrait qu’il y ait des éléments vraiment critiques dans la centrale. Le danger pourrait venir en réalité d’un acte terroriste, où une personne prendrait le contrôle d’avion commercial ou militaire et qui, volontairement, le crash sur une centrale nucléaire. Mais même dans ces cas-là, le réacteur n’explose pas, parce qu’un avion est par design très léger, très mou. Ce n’est pas un tank militaire. En réalité, en se heurtant contre la paroi blindée du réacteur ou d’un autre élément, l’avion va se désintégrer sans casser grand-chose. L’élément le plus dangereux quand un avion heurte une centrale nucléaire, c’est l’incendie qui peut suivre sur le site, surtout si l’avion vient de décoller et que ses réservoirs sont remplis de carburant. »

Réduire les candidats post-2025

Sur papier, en Belgique, la sortie du nucléaire est promise pour 2025 au plus tard. Mais concrètement, trois réacteurs sur sept se portent candidats pour une prolongation après cette date. Avec les nouvelles exigences de cet arrêté royal, certains voient une manière de limiter les possibilités des centrales candidates. Mais ça ne changerait grand-chose, selon Damien Ernst. « Doel 4 et Tihange 3, ça ne change rien : elles savent résister à ce type de chute d’avion, notamment de par le fait qu’elles ont une double enceinte autour de leur réacteur nucléaire. Tihange 1 pourrait éventuellement être un peu critique à ce niveau-là, mais le dossier change très peu. La vraie décision à prendre, avec ou sans cet arrêté royal ne change pas, ‘c’est : est-ce qu’on prolonge Tihange 3 et Doel 4 ?’ La prolongation de ces deux centrales-là n’est pas vraiment plus compliquée avec cet arrêté royal. »

Et en ce qui concerne les réacteurs plus anciens, les nouvelles normes ne demanderont pas de travaux si les exploitants se résignent à la fermeture avant 2025, puisque l’arrêté royal impose une mise en ordre pour les prochaines révisions décennales. Or le calendrier fait que cela n’arrivera pas avant… 2025.

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