Les GAFAM, l’équivalent du 3e PIB mondial : ‘La politique de concurrence doit se réinventer face à l’économie digitale

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Le capital cumulé d’Apple dépasse désormais les 1.500 milliards de dollars ! Une fortune qui représente plus que le PIB de l’Espagne, rien que pour la marque à la Pomme, alors que les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) pèsent, à eux cinq, 6.000 milliards de dollars, soit l’équivalent du troisième PIB mondial.

Des chiffres pareils peuvent donner le vertige, mais Axel Gautier, professeur d’économie à HEC Liège, tempère. ‘Ces chiffres traduisent l’importance croissante que ces entreprises ont dans l’économie et même dans notre vie quotidienne. C’est en effet une valeur considérable que ces compagnies relativement jeunes ont acquise. Mais, pour relativiser, un PIB c’est l’ensemble des revenus générés dans un pays au cours d’une année, et la capitalisation boursière des GAFAM c’est un stock de richesse, donc c’est de la richesse accumulée. Ce n’est pas du revenu. Donc la comparaison en termes de chiffres peut se faire et elle est saisissante, mais ce n’est pas tout à fait la même chose.’

Quels dangers pour nos sociétés ?

De telles fortunes à l’échelle mondiale posent des questions en termes de rapports de force. L’hégémonie de ces entreprises leur confère un pouvoir important qu’il faut réguler. ‘On n’est pas nécessairement face à des nouvelles problématiques, puisqu’on a toujours connu des entreprises puissantes, mais ici la digitalisation amène un nouveau degré de complexité. Les instruments qu’on utilisait auparavant sont devenus en partie obsolètes pour le contrôle du pouvoir de marché de telles entreprises. La politique de concurrence doit donc se réinventer, créer de nouveaux outils, pour appréhender les spécificité de l’économie digitale.’

Un défi qui concerne notamment la taxation de ces géants du web. ‘Avec les GAFAM, on a affaire à une économie en grande partie dématérialisée, avec des transactions qui se font dans le Cloud, en espace virtuel. Dans l’économie mondiale, ces entreprises mettent alors en place des stratégies d’évasion fiscale et les états sont à court de stratégies pour taxer correctement la valeur qui est créée, et ça c’est un problème. Face à des entreprises toutes puissantes et dont la valeur est faramineuse, une manière de réguler le marché serait de rétablir le rapport de force. Ce qui est plus facile à faire au niveau européen qu’au niveau national…’

Un défi sur lequel les pays de l’UE devraient donc s’aligner, à l’heure d’une crise qui pousse chacun à défendre ses propres intérêts…

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