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Perte de 60% de sa valeur en un an : comment le métavers a contribué à la descente aux enfers de Meta

Perte de 60% de sa valeur en un an : comment le métavers a contribué à la descente aux enfers de Meta
Mark Zuckerberg – Michael Nagle/Bloomberg via Getty Images

L’empire de Mark Zuckerberg est au plus mal, de sorte que son avenir semble de plus en plus incertain. Une conclusion peut-être trop hâtive ? La maison mère de Facebook, Meta, ne s’est jamais aussi mal portée et son projet de métavers semble y être pour beaucoup.

Pour comprendre dans quel embarras se trouve aujourd’hui Meta, il faut remonter plusieurs mois dans le passé, bien avant son changement de nom. Il y a un peu plus d’un an, l’entreprise de Mark Zuckerberg faisait en effet face à un nouveau scandale, suite aux révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen. Des documents internes partagés avec la presse ont montré que Meta était conscient, et ce, depuis des années, de l’impact psychologique négatif qu’ont ses plateformes – et principalement Instagram – sur les utilisateurs adolescents, mais que l’entreprise a préféré ignorer cette information pour continuer à faire prospérer ses affaires.

La lanceuse d’alerte a également affirmé que Facebook mettait délibérément en avant les contenus haineux et les fake news, en raison du fait qu’ils généraient un taux d’engagement plus important que les autres types de contenu. En d’autres termes, l’entreprise de Mark Zuckerberg n’hésitait pas à privilégier ses propres intérêts plutôt que le bien-être de ses utilisateurs.

Ces révélations ont eu un impact important sur l’image de marque de Facebook, mais aussi sur ses affaires. Les investisseurs ne voulaient en effet pas être associés à une entreprise traînée publiquement dans la boue. Les Facebook Papers lui ont d’ailleurs valu une attention toute particulière des autorités. En parallèle, le mastodonte a fait face à sa pire panne depuis des années, lui faisant perdre des millions de dollars.

Au préalable, tout n’était pas rose pour Facebook puisque la plateforme perdait des utilisateurs en masse et voyait ses revenus publicitaires chuter, suite au changement de politique d’Apple.

Un contexte particulièrement défavorable qui a poussé son PDG à s’exprimer, mais qui l’a certainement aussi poussé à accélérer l’annonce de son changement de direction.

Facebook est mort, vive Meta

En octobre 2021, Facebook a annoncé son projet de réorientation vers le métavers, tout en se rebaptisant Meta. Un projet qui n’a pas forcément été bien accueilli tant par les investisseurs que par les utilisateurs, le concept étant encore aujourd’hui assez flou pour la majorité d’entre nous.

À noter que le concept de métavers existait déjà avant le changement de nom de Facebook, dans sa version basique, et qu’il a gagné en popularité grâce à cela, sans pour autant qu’une avancée technologique ait suivi. Les promesses de révolution des interactions sociales virtuelles faites par Meta sont technologiquement à des années-lumière de se réaliser. De quoi faire retomber rapidement le soufflé.

Et ça se ressent énormément dans le chiffre d’affaires de l’entreprise :

  • En un an, l’action de l’entreprise a perdu 61,47% de sa valeur. Ce sont plus de 500 milliards de dollars de valeur boursière qui se sont évaporés en quelques mois, une perte considérable liée au repositionnement de l’entreprise, à la concurrence toujours plus féroce, mais aussi au modèle de revenus vieillissant de la firme.
  • En parallèle, le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, a également vu sa fortune personnelle s’alléger de plus de 60% au cours de l’année écoulée.
  • Malgré des premiers résultats peu encourageants, Meta ne compterait pas changer de voie – et on peut le comprendre, cela lui coûterait trop de faire marche arrière -, et prévoirait toujours d’investir 70 milliards de dollars dans le métavers au cours des prochaines années. Un montant beaucoup plus important que ce qu’Apple a investi dans l’iPhone (3,4 milliards de dollars, avec un retour sur investissement de 1.600 milliards de dollars) ou que Google dans Android (des centaines de millions, avec à la clé plusieurs milliards de dollars), des produits pensés pour « changer le monde ».

Le métavers, un pari (trop ?) risqué

Malheureusement pour le géant américain, aucune éclaircie ne semble se dessiner à l’horizon. Les premières propositions de métavers de l’entreprise sont en effet loin de convaincre les utilisateurs, ce qui a évidemment un impact sur les investisseurs qui, largement refroidis, ne se précipitent pas pour prendre part à un projet qui semble tout simplement couler l’entreprise.

  • Alors que Meta visait un objectif de 500.000 utilisateurs mensuels au sein d’Horizon Worlds d’ici la fin de l’année, son métavers attirerait moins de 200.000 visiteurs par mois. L’entreprise a d’ailleurs revu son objectif à la baisse (280.000).
  • Ils seraient d’ailleurs peu nombreux à revenir dans le métavers de Meta au bout d’un mois. La base d’utilisateurs ne cesse de chuter depuis l’été, selon des documents internes récupérés par le Wall Street Journal. L’expérience proposée actuellement par Meta ne parvient pas à fidéliser les utilisateurs.
  • Enfin, seuls 9% des mondes construits au sein de la plateforme de Meta sont visités par moins de 50 personnes. La plupart ne sont jamais visités du tout.
  • Les développeurs du métavers eux-mêmes boudent l’expérience puisqu’ils ne s’immergent que très rarement dans le métavers de Meta. Il leur a d’ailleurs été demandé d’exploser Horizon Worlds au moins une fois par semaine.
  • Le manque d’assistance aux utilisateurs jouerait également dans la chute de fréquentation. La plateforme est en effet sujette à différents abus, notamment au harcèlement.
  • Quant aux casques Quest – nécessaires pour profiter de l’expérience –, ils ne seraient plus utilisés au bout de 6 mois.

À ces problèmes rencontrés par le métavers s’ajoutent d’autres difficultés, notamment celles subies par l’ensemble du secteur des technologies. Ce dernier est en effet une victime collatérale de l’inflation mondiale et souffre des craintes des investisseurs. Meta vient également de recevoir l’ordre des régulateurs britanniques de se séparer de Giphy en raison du risque pour la concurrence que ce rachat de 400 millions de dollars représentait.

De manière plus générale, Meta est d’une certaine façon attaquée de toutes parts. Quand l’entreprise tente des choses pour reprendre du poil de la bête face à une concurrence toujours plus forte, les critiques et mobilisations des utilisateurs fusent. À cela s’ajoutent les diverses enquêtes des régulateurs concernant ses agissements. Une pression supplémentaire dont se passerait bien Meta qui a d’ailleurs concédé à ses employés que l’entreprise traversait une période difficile et faisait face à des vents contraires importants.

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