Facebook, Twitter et Google face au Congrès: quelle est leur part de responsabilité dans les attaques du Capitole?

Les CEO des trois grands réseaux sociaux américain, Mark Zuckerberg, Sundar Pichai et Jack Dorsey faisaient face ce jeudi, pour la première fois depuis l’attaque du Capitole du 6 janvier, au Congrès américain. Ils devaient répondre leur implication dans cet événement, mais aussi dans la désinformation autour des vaccins.

‘Vous pouvez supprimer ce contenu. […] Vous pouvez résoudre ce problème. Mais vous choisissez de ne pas le faire.’ Ces propos tenus par Mike Doyle, président du sous-comité de la Chambre traitant des communications et des technologies marquent bien l’esprit général des représentants présents au Congrès jeudi.

Pour les représentants, les réseaux utilisent des systèmes opaques qui vont plus souvent donner l’avantage au profit par rapport à une réelle modération des contenus. Et cela s’est vérifié dans les faits avec l’attaque du Capitole, selon le président. Cet événement a ‘démarré et a été nourri sur vos plateformes’, a affirmé Doyle en accusant les CEO de Facebook, Twitter et Google. La modération du contenu, qu’ils ont toujours utilisé pour se dédouaner de ce qui est écrit sur leur plateforme, a échoué. Des centaines de partisans de l’ex-président américain Donald Trump ont réussi à se concerter sur ces réseaux sociaux pour envahir le Capitole et tenter d’empêcher l’approbation des résultats des élections.

La discussion entre le congrès et les dirigeants ressemblaient finalement plus à une accusation qu’à un échange constructif. Les trois CEO ont répondu de manière évasive et condescendante, selon les représentants américains. On a assisté à peu de choses près au même cirque que lors des auditions du GAFA, en juillet dernier, qui traitaient de la concurrence déloyale des géants du net ainsi que leur situation monopolistique.

Républicains et démocrates

Les membres du Congrès – qu’ils soient républicains ou démocrates – sont d’accord sur un point: les réseaux sociaux sont responsables de la désinformation (vaccin, élections, etc.) et doivent être mieux encadrés. Le contenu des fake news se démarque des infos reprises par l’ensemble des médias. La désinformation, plus partagée, plus virale, se retrouve ainsi en tête des tendances ou du référencement.

Mais les deux partis au pouvoir aux États-Unis s’opposent sur les points prioritaires dans ces changements. Les démocrates sont plus interpelés par la modération des contenus et veulent que celle-ci soit plus forte et plus stricte. Les républicains, encore marqués par le bannissement de Trump, sur Facebook, Twitter et YouTube, font remarquer le manque d’objectivité des plateformes, en censurant les voix conservatrices. Ils ont également axé leurs questions sur les pratiques de plateformes dangereuses pour la santé mentale des enfants et des adolescents.

Les propositions des 3 plateformes

L’idée finale du Congrès serait de revoir l’article 230 du Communications Act de 1934. Celui-ci indique que les gérants des sites web ne sont pas responsables de ce que les utilisateurs écrivent sur les réseaux sociaux. Cette loi enlève toute responsabilité à Google, Facebook et Twitter dans les contenus partagés. Face à la pression des législateurs, chacun des trois CEO a sa propre idée de la manière dont doit être changée cette loi.

  • Mark Zuckerberg propose que les plateformes soient jugées sur leur modération et non sur les contenus. De cette manière, si leurs techniques de modération du contenu sont jugées suffisantes, les plateformes ne pourront pas être accusées d’être responsables d’un message qui aurait échappé aux modérateurs. Facebook propose une distinction entre les grosses entreprises et les start-up, les premières ayant des exigences plus élevées que les secondes.
  • Jack Dorsey, qui a créé Twitter, veut plutôt miser sur la coopération des utilisateurs. Il voudrait mettre en place des outils pour que les membres de la plateforme modèrent à leur manière les messages. Les internautes devraient aussi avoir la possibilité de mieux personnaliser leur compte, pour décider de ce qu’ils voient ou non.
  • Sundar Pichai propose d’établir des politiques de contenu claires, en opposition aux règles actuelles qui permettent à chaque plateforme de modérer le contenu comme elle l’entend, sans que cela passe par de la censure. Il souhaiterait, comme Dorsey, offrir plus d’outils et de paramètres aux utilisateurs.

Modération

Les trois plateformes ont également assuré travailler énormément sur la modération du contenu. Facebook annonce 1,3 milliard de faux comptes supprimés à l’automne dernier. YouTube (Google) a supprimé des dizaines de milliers de vidéos de désinformations rien que sur le dernier mois écoulé. Twitter n’a pas donné de chiffres, mais était le premier à réagir aux tweets de Donald Trump sur les élections.

Toutefois, cela n’est pas clairement pas suffisant. Et c’est maintenant aux législateurs américains de décider des nouvelles règles à appliquer sur les réseaux sociaux.

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