En faisant la guerre à l’Ukraine, Poutine va-t-il faire naître un « OTAN du Moyen-Orient » ? Le roi de Jordanie y songe très sérieusement

On le sait, la guerre en Ukraine a redonné de la consistance à l’OTAN. Dans le même temps, pour contrer l’influence de la Chine dans la région, apparaît (timidement) l’idée de lancer une alliance similaire dans le Pacifique, avec les États-Unis, l’Inde, le Japon, l’Australie. Quatre pays qui se réunissent déjà plus ou moins régulièrement vie le « Quad« . Et si le Moyen-Orient devenait à présent lui aussi le terreau d’une organisation satellite à l’OTAN ?

Il ne s’agit bien sûr que d’une idée, et on n’en est encore nulle part. Elle vaut toutefois la peine d’être relevée. Lors d’une interview accordée à la chaîne américaine CNBC, le roi de Jordanie a fait part de son souhait de voir naître un « OTAN du Moyen-Orient ».

C’est l’offensive déclenchée par la Russie en Ukraine qui a fait germer cette idée dans l’esprit du roi Abdallah II. Car il s’est rendu compte que les pays du Moyen-Orient étaient capables de coopérer pour relever les défis découlant de cette guerre. « Nous sommes tous en train de nous rassembler et de dire ‘comment pouvons-nous nous aider les uns les autres' », a-t-il expliqué. « S’entraider, ce qui est, je pense, très inhabituel pour la région ».

« Personne ne veut de guerre »

Pour l’instant, discussions autour d’une possible entraide concernent l’énergie – dont les prix explosent partout – et les produits de base – les céréales et l’eau se font rares. Le roi de Jordanie estime que les négociations pourraient s’étendre à un autre terrain, celui de la sécurité et de la coopération militaire.

« J’espère que ce que vous verrez en 2022, c’est cette nouvelle vibration […] dans la région pour dire, ‘comment pouvons-nous nous connecter les uns aux autres et travailler les uns avec les autres », a-t-il déclaré.

Bien sûr, le roi Abdallah II est conscient que trouver des accords dans cette région du monde risque de s’avérer compliqué. Mais il y croit et veut viser des solutions « win-win ». Parmi les situations problématiques, il y a notamment le conflit israélo-palestinien et la menace iranienne. Il sait que ces questions sont (très) épineuses, mais il en est convaincu, le dialogue doit primer car de toute façon « personne ne veut de guerre ».

Notons que la Jordanie et l’Alliance atlantique entretiennent déjà un partenariat officiel via le « Dialogue méditerranéen de l’OTAN », auquel participent aussi l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Lors de son interview à CNBC, le roi Abdallah II a d’ailleurs rappelé que son pays a combattu « épaule contre épaule » avec les troupes de l’OTAN pendant des décennies.

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