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Bon signe pour l’hiver prochain : il pourrait finalement y avoir assez de gaz pour remplir les réserves européennes cet été

Bon signe pour l’hiver prochain : il pourrait finalement y avoir assez de gaz pour remplir les réserves européennes cet été
(Photo by Norbert Fellechner – Pool/Getty Images)

L’hiver avance et la situation devient de plus en plus claire : l’Europe a toujours plus de gaz en réserve que dans les estimations les plus optimistes, l’automne passé. Peut-être même assez pour remplir les réserves à nouveau, sans encombres. Calcul.

Pourquoi est-ce important ?

L'hiver 2023-24 : la grande peur des observateurs de l'énergie. Avec la réduction des livraisons de gaz russe à zéro ou presque, ils s'attendent à des réserves moins remplies qu'en 2022. Cela ferait à nouveau exploser les prix et mènerait à des rationnements, selon leurs craintes.

Dans l’actu : Le remplissage des réserves de gaz européennes passe en dessous de 80% pour une première fois cet hiver.

Un record pour le niveau de stockage du gaz en Europe

Les chiffres : Un taux de remplissage hors pair.

  • C’est la première fois que ce seuil est dépassé si tard dans l’hiver. À 77,81% le 22 janvier, le niveau est même plus élevé que dans la fourchette de référence (2017 à 2021), selon une compilation des données de l’expert en énergie et professeur à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (Université Paris Sciences et Lettres), Thierry Bros.
    • Exactement un an auparavant, le niveau était d’ailleurs à 42%, dans un contexte de livraisons de gaz moins nombreuses, en pleine relance d’après la pandémie. Une situation qui avait contribué à faire augmenter l’inflation, dès l’été 2021, pour mémoire.
  • « Le stockage de gaz européen se situe toujours en dehors de la fourchette historique. Le niveau record sera utile pendant la saison des injections, car nous n’aurons besoin de remplir que moins de 40% de notre capacité, contre 70% l’année dernière (soit 30 milliards de mètres cubes de gaz en moins) », note Thierry Bros sur Twitter.
    • Le niveau ne devrait ainsi pas baisser en dessous de 60%, d’ici début avril (lorsque le remplissage commence habituellement).

Sorti de l’auberge ?

L’essentiel : une bonne perspective pour la période de remplissage des réserves.

  • C’est la quantité mentionnée pour le remplissage qui peut nous interpeller ici. 30 milliards de mètres cubes… C’est exactement la quantité que le président de l’AIE, Fatih Birol, indiquait il y a un peu plus d’un mois comme manquant à l’appel l’hiver prochain.
    • Son calcul était celui-ci : 60 milliards de mètres cubes de gaz russe ont été injectés dans les réserves en 2022. En 2023, il y en aura zéro. Or, seulement la moitié, soit 30 milliards de mètres cubes, ont pu être trouvés chez d’autres fournisseurs ou pu être économisés.
  • Conclusion : L’autre moitié, il n’y aura finalement peut-être plus besoin de la trouver, comme les réserves sont tellement plus pleines que l’année dernière. La grande peur de nombreux observateurs, c’est-à-dire de ne pas trouver assez de gaz lors de période de remplissage pour l’hiver 2023-24, pourrait ainsi ne pas se réaliser.
    • Entre le diagnostic de Birol et celui de Bros de ce lundi, l’Europe a pu compter sur une arme secrète : quatre semaines de temps chaud et avec beaucoup de vent, qui ont fait que le niveau de gaz stocké a même augmenté, du jamais vu pour la saison. Autre arme de plus à l’arsenal européen : trois nouveaux terminaux pour réceptionner du gaz naturel liquéfié (GNL) ont été mis en service en Allemagne, plus gros consommateur du continent, ces dernières semaines.
    • Mais faire des économies reste primordial, rappellent les experts régulièrement.

La météo, la Chine et l’offre mondiale

A l’avenir : Il reste tout de même des inconnues.

  • Voilà un bon signe pour le remplissage des réserves, mais il faut aussi garder des inconnues en tête en faisant cette équation.
  • Il y a par exemple la météo. L’hiver n’est pas fini. Une vague de froid en février ou en mars pourrait faire en sorte que les consommateurs puisent plus dans les réserves. C’est notamment le cas ces derniers jours, avec le retour du froid. Mais il ne devrait cependant pas s’installer durablement : pour la fin de la semaine, les températures repartent à la hausse, du moins en Belgique.
    • Le prix du gaz n’a en tout cas pas sensiblement augmenté par rapport à ces quelques jours de froid, signe que le marché ne s’attend pas à un grand impact. Le gaz naturel se négocie actuellement à 63 euros le MWh.
  • Autre inconnue : la Chine et sa relance économique, après trois ans de confinements stricts (qui ont en partie aidé l’Europe à remplir ses réserves l’année passée). De quelle ampleur sera-t-elle, et quel impact aura-t-elle sur la disponibilité et le prix du gaz, à terme ? Pour l’instant, l’impact ne s’est pas encore fait sentir sur le marché du GNL.
  • Mais encore : une réduction de l’offre en vue ? 63 euros, c’est toujours plus élevé que le prix de 2010 à 2020, qui fluctuait entre 10 et 20 euros le MWh, grosso modo. Mais Nick Dell’Osso, PDG du troisième plus grand producteur indépendant de gaz aux États-Unis (le pays est devenu un des plus grands fournisseurs d’Europe en 2022), Chesapeake Energy, estime qu’il y aurait désormais trop de gaz sur le marché. Résultat : les prix baissent. Solution pour garder les prix élevés : réduire l’offre, conclut-il.
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