Y a-t-il désormais trop de gaz sur le marché ?

Les prix du gaz naturel ont chuté de 50 % en moins d’un mois alors que nous traversons un hiver anormalement chaud. Certains experts, aux Etats-Unis, s’inquiètent du fait que les prix ne chutent encore plus.

Pourquoi est-ce important ?

Les prix du gaz naturel ont grimpé en flèche en 2022, alors que l'Europe se hâtait pour remplir ses réserves avant l'hiver, dans un contexte de guerre entre la Russie et l'Ukraine. Mais comme les consommateurs utilisent moins de gaz cette saison, la demande est en baisse alors que l'offre est en hausse, créant un puissant catalyseur pour faire baisser les prix.

Les prix baissent, l’inquiétude monte

L’actualité : Bloomberg, a interrogé le PDG de Chesapeake Energy (le troisième plus grand producteur indépendant de gaz aux États-Unis, NDLR), Nick Dell’Osso. Celui-ci veut éviter une répétition de la crise du pétrole de schiste de 2014 en limitant la croissance de l’offre. « Nous pensons que l’industrie devrait le reconnaître et pourrait réduire sa croissance à court terme », a déclaré Dell’Osso.

  • Le prix du gaz est actuellement de plus ou moins 65€ le mégawattheure en Europe, selon l’indice TTF. Il s’agit d’une baisse de plus de 50 par rapport aux 135 euros du mois de décembre. On est aussi très loin des pics extravagants du mois d’août, quand le MWh atteignait les 350 euros, fruit d’une immense spéculation. Les prix sont encore 5 fois plus élevés que la moyenne des dix dernières années.
  • Mais aux États-Unis, c’est une autre musique. La chute de 68% depuis le mois d’août inquiète les spécialistes : une trop grande offre pourrait faire s’effondrer les prix.
  • Pour éviter une nouvelle baisse du prix du gaz, le PDG de Chesapeake Energy, exhorte son industrie à réduire sa croissance et à réduire l’approvisionnement pour aider à équilibrer l’offre et la demande. Il a déclaré que les prix du gaz envoyaient un « signal très clair » à l’industrie : la production doit baisser. « La croissance de l’approvisionnement en gaz n’est pas nécessaire à court terme. Nous pensons que l’industrie devrait le reconnaître et pourrait réduire la croissance à court terme », a déclaré Dell’Osso.

La crise du pétrole de schiste

Flashback : Après quatre années relativement stables où le prix du baril de pétrole naviguait aux alentours des 100$, le prix du baril de pétrole a commencé en juin 2014 une chute de plus de 50 %, explique à l’époque le Fonds monétaire international (FMI).

  • Le marché mondial du pétrole a été pris au dépourvu à cause d’une longue tendance à approvisionner plus que les prévisions, provenant surtout de sources de production non conventionnelles, dont le pétrole de schiste fait partie, aux États-Unis.
  • Grâce à la hausse du cours du pétrole post 2009, et des conditions de financement exceptionnellement avantageuses, l’extraction du pétrole des formations rocheuses compactes (schistes) est devenue très rentable aux États-Unis. Cette rentabilité a fait monter en flèche la production de pétrole.
  • Alors que les prévisions de l’offre prévoyaient une hausse, celles de la demande prévoyaient une baisse. La faute à la croissance mondiale, source de multiples déceptions depuis 2011.
  • Si les variations de l’offre comme de la demande ont contribué à faire chuter la valeur du pétrole, les calculs empiriques du FMI indiquent que c’est l’évolution de l’offre qui a expliqué en grande partie la chute des cours. Une chute de 77% en 113 jours a donc eu lieu.
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