Le patron d’Aramco annonce que la reprise en Chine risque de provoquer une pénurie de pétrole : qu’en est-il réellement ?

C’est une certitude : avec la réouverture de la Chine, la demande de pétrole va grimper en 2023. De quoi déboucher sur des pénuries ? C’est en tout cas ce contre quoi le patron d’Aramco met en garde.

Pourquoi est-ce important ?

Fin 2022, la Chine a mis un terme à sa politique zéro Covid. Si le pays est pour l'instant occupé à lutter contre une hausse des infections, celle-ci ne devrait être que passagère. Au cours de l'année, la Chine va se rouvrir au monde. Pour le meilleur et, peut-être, pour le pire.

Dans l’actu : le patron d’Aramco annonce de possibles pénuries d’approvisionnement.

  • Interrogé par CNBC, Amin Nasser a indiqué que l’offre de pétrole ne parviendra pas à suivre la demande.
  • « Pour le moment, la capacité est suffisamment importante pour gérer toute perturbation. Mais je suis loin d’être sûr que ce sera le cas à moyen et long terme, car cette capacité de réserve va diminuer », a-t-il déclaré.

Le détail : la Chine, mais pas que.

  • Les inquiétudes partagées par le patron du plus grand groupe pétrolier au monde sont motivées par la reprise économique chinoise, mais pas seulement.
  • Dans son interview, il a expliqué qu’il craignait également les répercussions de la guerre russo-ukrainienne – une offre russe moins élevée – et une augmentation de la demande issue de l’industrie aéronautique.
  • Bien sûr, ces annonces doivent être remises dans leur contexte. Car si le pétrole venait effectivement à manquer, son prix grimperait en flèche. Rien que des annonces de ce type pourraient même avoir un tel effet. Tout profit pour Aramco.
    • Maarten Wetselaar, patron de la compagnie pétrolière espagnole Cepsa, a d’ailleurs prédit que le prix du baril de Brent pourrait à nouveau atteindre la barre des 100 dollars au second semestre 2023.
    • Actuellement, le baril de Brent est à 87 dollars.
  • On notera aussi que Nasser a plaidé pour plus d’investissements dans les hydrocarbures à travers le monde, indiquant que ceux consentis par l’Arabie saoudite ne suffiraient pas.

Les projections pour 2023

L’analyse : qu’en dit l’AIE ?

  • Dans son rapport mensuel sur le pétrole publié cette semaine, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a dressé le même constat que Nasser :
    • L’offre russe ralentit et va continuer de s’affaiblir, à cause des sanctions.
    • La demande chinoise va augmenter, mais on ne sait pas exactement quand ni dans quelles proportions. Cela se répercutera avec des rebonds dans d’autres pays asiatiques. Cela aura aussi des effets ailleurs dans le monde de sorte que, de l’avis de la plupart des analystes, la récession – si elle finit par arriver – en Europe et aux États-Unis sera finalement que légère.
    • Il y a tout de même deux éclaircies dans la grisaille :
      • L’offre américaine va augmenter au cours de l’année. Même chose pour ce que proposeront le Canada, le Brésil et la Guyane, bien que cela pèse peu dans la balance.
      • La demande du secteur automobile va baisser, suite à l’essor des véhicules électriques et aux gains d’efficacité énergétique de ceux à moteur thermique.
  • Selon les projections de l’AIE :
    • L’offre va ralentir de 1 million de barils par jour en 2023.
    • La demande va augmenter de 1,9 million de barils par jour au cours de l’année. Cela devrait constituer un record, avec une demande mondiale s’établissant à 101,7 millions de barils par jour.

Conclusion : pas de panique, mais…

  • Dans son rapport, l’AIE n’annonce pas de pénurie de pétrole. Elle souligne même que l’offre a dépassé la demande lors du dernier trimestre 2022 – grâce à des circonstances bien particulières.
    • Elle note toutefois que des marchés spécifiques, comme celui du diesel, sont effectivement particulièrement tendus.
  • « Les économies d’utilisation du pétrole et les actions gouvernementales ont prouvé leur utilité pour gérer les risques de marché pendant la crise énergétique déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie », note l’agence.
  • « À l’avenir, l’accélération des gains d’efficacité, le soutien à l’adoption des véhicules électriques et la gestion prudente des stocks gouvernementaux seront plus cruciaux que jamais », conclut-elle.
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