Les États-Unis bientôt premier exportateur de GNL au monde devant le Qatar, mais à quel prix ?

Les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis ont encore augmenté cette année. Le pays est sur la première marche du podium, coude à coude avec le Qatar. Les États-Unis devraient dépasser la pétromonarchie cette année, mais en 2026 Doha pourrait retrouver la première place. Une explosion des exportations, mais à quel prix ?

Pourquoi est-ce important ?

La recette secrète pour l'explosion de la production de GNL aux États-Unis est le gaz de schiste, une exploitation vivement critiquée pour ses conséquences néfastes sur l'environnement.

Dans l’actu : les exportations de GNL en 2022.

  • Les États-Unis et le Qatar arrivent en première place, avec 81,2 millions de tonnes de GNL exportés, chacun, selon des données compilées par Bloomberg. L’Australie occupe la troisième place.
  • Pour le Qatar, rien de neuf sous le soleil : il s’agit d’une augmentation très faible. Il y a dix ans, le pays du Golfe exportait 77 millions de tonnes, pour 80 millions en 2021.
  • L’explosion de la demande européenne a ainsi plutôt profité à Washington. Les exportations américaines ont augmenté de 8% en 2022 (75 millions de tonnes en 2021).
    • Un chiffre qui, tout seul, ne reflète pas une autre tendance en parallèle : les livraisons américaines en Europe ont considérablement augmenté, alors que celles vers d’autres pays ont diminué, ce qui ne se voit pas tel quel dans le chiffre total.
capture d’écran : Bloomberg.

L’essentiel : les États-Unis bientôt à la première place.

  • Là où l’évolution des exportations du Qatar est quasi linéaire, aux États-Unis, c’est une véritable explosion. En 2015, les exportations américaines affichaient seulement 0,3 million de tonnes. En sept ans, c’est une augmentation de 27.000%.
  • Les États-Unis seraient amenés à devenir exportateur numéro 1 cette année. Ils auraient déjà pu l’être l’année passée, mais une importante installation de liquéfaction au Texas a été fermée depuis juin, suite à un incendie, remarque Bloomberg. Avec des si on refait le monde, bien sûr.
    • Les activités sur ce site devraient reprendre en ce mois de janvier, donnant un avantage aux États-Unis en termes de capacité de production.
  • Mais le Qatar n’a pas encore dit son dernier mot. Le pays est en train d’étendre massivement ses capacités de production (et a déjà signé d’importants contrats, notamment avec l’Allemagne), ce qui fait que dès 2026 il pourrait redevenir le premier exportateur. Les États-Unis devront alors augmenter la capacité de leurs installations pour garder la médaille d’or.

Le détail : premier exportateur mondial, mais à quel prix ?

  • Cette ascension fulgurante des États-Unis en tant qu’exportateur de GNL est surtout due au gaz de schiste. Un gaz obtenu par des procédés (fracturation hydraulique) critiqués pour leur impact sur l’environnement : explosion de la roche (qui contient le gaz) et affaissements de terrain voire risques sismiques, contamination des sols et des nappes phréatiques par des produits chimiques toxiques…
  • Pour ces raisons, l’Europe limitait ces importations avant la guerre en Ukraine. Le Vieux Continent interdit d’ailleurs toute nouvelle exploitation du gaz de schiste et a laissé tomber les projets existants, jugés non rentables (selon les pays).
    • En tant que gros client des États-Unis, l’Europe se met ainsi dans une position de « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Car de l’autre côté, elle prône la conservation de la biodiversité via toute une série de lois. Tout comme elle prône la lutte contre le réchauffement climatique, mais qui est entravée par les investissements dans les énergies fossiles (que ces importations massives encouragent). Les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre en deviennent encore moins réalisables.
  • Position tout aussi inconfortable vis-à-vis du Qatar également : l’Europe critique l’exploitation des ouvriers qui sont presque traités comme des esclaves, et pas seulement pour construire des stades de foot. Le secteur énergétique (en pleine expansion, comme indiqué plus haut) n’a pas les mains plus propres.
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