Ce vendredi, l’Office statistique de l’Union européenne livre des données sur la production des centrales nucléaires européennes en 2022. Depuis qu’Eurostat calcule ce chiffre, jamais elle n’avait obtenu un résultat si faible.
Nucléaire : la production dans l’UE a chuté à son niveau le plus bas depuis plus de 30 ans
Pourquoi est-ce important ?
Depuis la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui a suivi, on assiste à une certaine renaissance de l'énergie nucléaire en Europe. Si plusieurs pays ont décidé de prolonger leurs centrales, d'autres ont déjà décidé d'en construire de nouvelles. Leur étiquette "zéro émission" y est pour beaucoup, en dépit d'autres inconvénients qui poussent tout de même certains pays à lui tourner le dos.L’essentiel : la production nucléaire dans l’UE en 2022.
- Selon les calculs d’Eurostat, les centrales nucléaires de l’UE ont généré 609.255 gigawattheures (GWh) d’électricité en 2022.
- Par rapport à l’année précédente, cela représente une baisse de 16,7%.
- C’est aussi le niveau le plus bas enregistré depuis 1990, première année pour laquelle des données comparables sont disponibles pour tous les pays de l’UE.
La plus faible production nucléaire de l’UE depuis 1990
Les explications : un parc français dans le dur et des fermetures.
- Selon Eurostat, la baisse de la production à travers l’UE est en partie imputable à… son fer de lance. À savoir la France. Le parc nucléaire français a ainsi généré 22% d’électricité en moins entre 2021 et 2022. Et il a lui-même atteint son niveau le plus bas depuis 1988.
- Une production en berne liée à la détection de problèmes de corrosion dans plusieurs cuves, qui ont nécessité la mise à l’arrêt de plusieurs réacteurs pour maintenance. En 2022, le taux de disponibilité du parc nucléaire français s’est élevé à seulement 54%, bien en-deçà des années précédentes.
- En outre, l’Office statistique de l’UE note que l’Allemagne a fermé 3 de ses 6 derniers réacteurs le 31 décembre 2021. Ce qui a inévitablement fait baisser de moitié sa production nucléaire de moitié en 2022.
- La Belgique est également épinglée, puisqu’elle est le seul autre pays de l’UE à avoir arrêté un réacteur (Doel 3) en 2022.
- Dans le sens inverse, un seul nouveau réacteur a été connecté au réseau dans l’UE : Olkiluoto 3. Un EPR, une première en Europe.
La baisse ne s’est pas poursuivie en 2023
Et en 2023 : pas de nouvelle baisse, a priori.
- Il ne vous aura pas échappé que les chiffres d’Eurostat sont livrés avec un an de retard. Le temps visiblement nécessaire à la compilation des données les plus solides qui soient.
- Cela étant, de nombreux autres organismes calculent – parfois selon une méthodologie un peu différente – la production d’électricité d’origine nucléaire à travers l’UE.
- C’est notamment le cas d’Energy-Charts, une initiative du Fraunhofer-Institut für Solare Energiesysteme ISE, basé à Fribourg-en-Brigsau (Allemagne).
- Selon leurs calculs, 2023 n’a pas été le théâtre d’une nouvelle baisse de la production du parc nucléaire de l’UE. Il y aurait même eu une (très) légère augmentation.
- Si l’on repart des éléments d’explication exposés par Eurostat ci-dessus :
- La production en France est repartie à la hausse : +14,8%.
- L’Allemagne a arrêté ses trois derniers réacteurs nucléaires.
- La Belgique a arrêté un réacteur supplémentaire (Tihange 2).
- L’EPR finlandais – le réacteur le plus puissant d’Europe – est devenu pleinement opérationnel au printemps.
