L’Espagne fait un pas décisif vers la sortie du nucléaire

Cette semaine, le gouvernement espagnol a pris une importante décision concernant l’avenir des déchets de ses centrales nucléaires. Une grosse étape de franchie dans sa sortie du nucléaire, prévue pour 2035.

Pourquoi est-ce important ?

Le nucléaire est l'une des grandes pommes de discorde entre les États de l'Union européenne. Avec de fervents partisans (la France en tête), des pays qui reportent leur sortie (la Belgique notamment) ou encore d'autres qui vont seulement se lancer (la Pologne par exemple). En parallèle, d'autres décident de sortir du nucléaire : l'Allemagne tout récemment, l'Espagne bientôt.

Dans l’actu : l’Espagne se décide sur ses déchets nucléaires.

  • Ce mardi, l’exécutif espagnol a approuvé le septième Plan général pour les déchets radioactifs. Cela marque la fin d’une (très) longue saga. Et une étape cruciale pour la sortie du nucléaire.

La gestion des déchets les plus radioactifs posait problème

Les détails : chaque centrale va temporairement gérer ses propres déchets.

  • En 2006, l’exécutif espagnol avait opté pour un entrepôt temporaire centralisé, surnommé ATC. Il devrait accueillir les déchets les plus dangereux (à haute activité et à vie longue) de toutes les centrales du pays. Mais les gouvernements suivants ont éprouvé toutes les peines du monde à concrétiser le projet.
  • Il fallait notamment décider de sa localisation. En 2011, c’est la commune de Villar de Cañas (communauté autonome de Castille-La Manche), au sud-est de Madrid, qui a été choisie. C’était sans compter sur l’accession au pouvoir des socialistes dans la région, qui ont nettement ralenti le programme. Puis à leur arrivée à la tête du royaume peu après. En 2018, le gouvernement Sánchez I a décidé de geler le projet.
  • Et voilà que fin 2023, c’est carrément tout le projet ATC qui est jeté aux oubliettes. Plutôt que de centraliser tous les déchets nucléaires, Pedro Sánchez et son équipe ont décidé que chaque centrale allait disposer de son propre entrepôt.
    • Au total, il y en aura sept : un dans les cinq centrales encore en activité et un dans les deux installations en cours de démantèlement.
  • Cette solution est temporaire. Chaque centrale conservera ses déchets pendant une cinquantaine d’années. Le temps de voir l’Entrepôt géologique profond (AGP) émerger. Il devrait être prêt à accueillir l’ensemble des déchets les plus radioactifs pour les années 2070.
  • Ce nouveau plan coûte un peu plus cher que le précédent. 20,22 milliards d’euros pour la période 2024-2100, selon le gouvernement.

L’Espagne sera complètement sortie du nucléaire en 2035

Le contexte : encore un cinquième de la production d’électricité espagnole.

  • Les sept réacteurs répartis dans les cinq centrales nucléaires encore en activité fournissent environ 20% de l’électricité du pays, indique El Pais.
  • En 2019, il a été décidé qu’ils seraient tous arrêtés sur la période 2027-2035. Initialement conçus pour fonctionner pendant 40 ans, ils serviront finalement quelques années de plus. Le plus ancien en activité, Almaraz 1, a été mis en service commercial en 1983.
  • La sortie du nucléaire a suscité de vifs débats en début d’année dans la perspective des élections générales, qui se sont tenues en juillet dernier. Le Parti populaire, principal parti d’opposition, s’était notamment engagé à l’annuler.
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