Pas de tsunami conservateur en Espagne : contre toute attente, tout le monde se déclare victorieux

Ce dimanche, les Espagnols étaient appelés aux urnes de manière anticipée afin d’élire l’assemblée législative, après une grosse défaite de la gauche au pouvoir aux élections régionales, qui a rebattu toutes les cartes. Ce lundi matin, on scrute les résultats. Et ce ne sont pas vraiment ceux que l’on attendait.

Pourquoi est-ce important ?

Ce que tout le monde regardait avec ce scrutin, c'était le score des partis de droite, et surtout très à droite. Le Parti Populaire (PP) dirigé par Alberto Núñez Feijóo semblait prêt à faire céder le tabou d'une alliance avec l'extrême-droite de Vox, ouvertement néo-franquiste, qui arriverait donc dans une coalition 50 ans après la fin de la dictature. Mais ce scénario ne semble plus cousu de fil blanc.

Débandade inattendue chez les néo-franquistes

  • Le PP a gagné des voix et des sièges, mais le bloc de droite n’a pas obtenu la majorité absolue, détaille ce matin El País. Avec 136 sièges il serait le premier parti. Mais son partenaire potentiel d’extrême-droite, lui, s’effondre : de 52 sièges, il n’en garde que 33.
  • À gauche, le PSOE, du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez garde 122 sièges, tandis que son allié d’extrême-gauche Sumar en a encore 31.
  • Aucune majorité ne se dégage donc avec certitude, mais de toute évidence, les conservateurs n’ont pas le champ libre. Ce lundi, le PP prévoit de tenir une réunion du conseil d’administration du parti pour examiner ses options. Côté Vox, on accuse déjà le PP d’être responsable de cette débandade dans les rangs néo-franquistes, ce qui n’augure pas de cohabitation.

Rien ne va plus, tout est possible

Les blocs de gauche et de droite étant presque au coude à coude dans leur course pour obtenir le plus grand nombre de sièges possible, la majorité étant fixée au cap de 176 élus, il va falloir négocier. Les deux alliances naturelles en rassemblent pour l’instant 169 à droite, contre 153 à gauche.

  • Pour que les socialistes et Sumar puissent rétablir la coalition gouvernementale, il faudrait qu’ils s’entendent avec les Catalans de Junts, fortement opposés au gouvernement central. Une option que n’a toutefois pas la droite, Vox étant viscéralement opposé aux pouvoirs accordés aux régions autonomes, et donc aux partis représentant les minorités culturelles en Espagne.
  • Le Congrès nouvellement constitué doit se réunir pour la première fois le 17 août.

Ultime touche d’ironie : la droite a accusé la gauche au pouvoir d’avoir sapé la participation en organisant ces élections en plein été, alors que le pays est en proie à une vague de chaleur hors norme et à une sécheresse historique. Pourtant, c’est elle qui a détricoté tous les efforts de la gauche pour économiser l’eau, dans les régions qui ont changé de main. En Andalousie, le gouvernement de la province autonome, conservateur, a décidé de légaliser massivement les captages clandestins des cultivateurs fermés auparavant par le PSOE, menaçant ainsi les rares zones humides du sud de l’Espagne.

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