Les banques européennes continuent d’avoir une relation compliquée avec la Russie malgré la pression de la BCE

La Banque centrale européenne (BCE) espère convaincre les grandes banques européennes d’abandonner leurs intérêts russes. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire : ces banques continuent de réaliser d’importants bénéfices sur les avoirs gelés et ne sont donc pas enclines à y apporter de grands changements.

Pourquoi est-ce important ?

La BCE observe avec inquiétude que les institutions européennes continuent d'opérer en Russie. La banque centrale craint des sanctions américaines sévères si les banques ne vendent pas rapidement leurs filiales russes. Bien que les banques américaines soient confrontées au même problème, les attentes semblent plus élevées pour l'Europe.

Dans l’actualité : De nombreuses banques européennes n’ont pas encore renoncé à leurs partenariats russes.

  • Malgré les promesses de rompre les liens avec la Russie, les chiffres racontent une autre histoire. Les cinq banques de l’Union européenne ayant le plus d’activités en Russie ont vu leur effectif global diminuer de seulement 3 % depuis l’invasion. Leurs bénéfices ont environ triplé grâce aux intérêts sur les avoirs russes gelés, selon l’agence de presse Bloomberg.
  • La BCE en a assez. Claudia Buch, présidente du Conseil de surveillance, a rappelé aux ministres des Finances de la zone euro que ces banques « doivent accélérer leurs efforts pour réduire les risques en établissant un plan clair de réduction et de sortie. »
  • Il est logique que de tels conflits d’intérêts surgissent. Les filiales des banques actives en Russie doivent se conformer à la législation locale, ce qui est souvent en contradiction avec les régulations que la BCE impose aux sociétés mères, notamment en matière de commerce avec les entreprises russes.
  • De plus, la BCE s’inquiète des contre-mesures de la Russie, telles que le gel des avoirs européens ou des sanctions contre les individus ayant des fonds déposés dans ces filiales russes.

Plus de bénéfices

En détail : Les banques ont beaucoup à perdre en cas de boycott total de la Russie.

  • Seule la banque française Société Générale a coupé définitivement tous ses liens quelques semaines après le début de la guerre. Cette décision a eu un coût : l’institution a perdu plus de 3 milliards d’euros en valeur en vendant ses activités russes.
  • La banque néerlandaise ING et Deutsche Bank font aussi des efforts. ING affirme avoir réduit ses activités russes de trois quarts, les portant à 1,3 milliard d’euros. Deutsche Bank a réduit son personnel, notamment dans le secteur informatique.
  • Mais ce ne sont en réalité que des gouttes dans l’océan. La banque autrichienne Raiffeisen a vu ses bénéfices en Russie tripler pour atteindre 1,8 milliard d’euros, devenant ainsi leader. L’espagnole Intesa a rapporté une multiplication par vingt de ses bénéfices.
    • Toutes les banques, même celles qui affirment réduire leurs activités, ont réalisé plus de bénéfices avec leurs filiales russes en 2023 qu’en 2021. Cela est principalement dû aux taux d’intérêt élevés fixés par la banque centrale russe.
  • De nombreuses banques déclarent qu’il est difficile de trouver des repreneurs. Les Russes rendent le processus bureaucratiquement épuisant, disent-elles. C’est la raison principale invoquée par Raiffeisen et l’italienne UniCredit pour expliquer pourquoi elles ne peuvent pas encore se séparer complètement de leurs filiales. En même temps, il est difficile de croire que les yeux des directeurs de banque ne brillent pas en voyant leurs chiffres de profits.
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