Le jour de Pâques, 13 personnes ont été vaccinées en Belgique. Aux États-Unis, ils étaient 3,1 millions de personnes à avoir reçu une injection contre le Covid-19. Ok, il s’agissait d’un jour férié. Mais les chiffres reflètent clairement les différences entre les pays où le gouvernement a pris le contrôle de la stratégie vaccinale et ceux où elle appartient à des entreprises privées.
Le nom de Kate Bingham vous dit-il quelque chose? Cette Londonienne de 55 ans avait 30 ans d’expérience dans des sociétés de capital-risque lorsque le Premier ministre britannique, Boris Johnson, lui a demandé de diriger le groupe de travail britannique sur les vaccins en mai de l’année dernière. Sa mission principale était considérée comme impossible pour beaucoup. Il s’agissait de fournir ‘un portefeuille de vaccins sûrs et efficaces’ contre un virus qui n’était même pas connu quatre mois plus tôt.
Bingham a commencé à travailler avec une équipe de neuf personnes, principalement du secteur privé. Elle a évidemment collaboré avec de nombreux fonctionnaires appartenant au cabinet des ministres de la Santé, de l’Énergie, de la Stratégie industrielle et du Commerce. Les milliards de livres débloqués pour ce travail ont permis de construire un ‘portefeuille mixte de vaccins’, qui pouvait fonctionner de différentes manières. Il était impossible de savoir quelle approche serait couronnée de succès, si l’opération réussissait.
Royaume-Uni: ‘Négocier le prix des vaccins n’a jamais été un problème’
Dans le Financial Times, Bingham raconte comment son expérience de capital-risqueur lui a permis de faire en sorte que la négociation des prix des vaccins ne soit pas un problème, alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, se targue d’en avoir fait une réussite européenne.
‘Lorsque nous étions en négociation, aucune société de vaccins ne savait ce qu’il en coûterait pour fabriquer ses vaccins, donc tout a été fait avec les données disponibles à l’époque. Si nous avions dit ‘Vous surfacturez’, ils auraient quitté la table. La priorité était à la rapidité et non pas ‘pouvons-nous obtenir 50 cents de moins sur chaque dose?’
Dix mois plus tard, plus de 37 millions de personnes au Royaume-Uni ont reçu au moins une dose d’un vaccin contre le Covid-19. Cela représente plus de la moitié des adultes du pays, mais c’est également bien plus que n’importe quel État membre de l’Union européenne.
‘Les gouvernements peuvent apprendre beaucoup des capital-risqueurs’, déclare Bingham. ‘Quand vous regardez comment nous collaborons et réseautons avec des experts, nous trouvons des offres et nous construisons des entreprises, nous sommes toujours confrontés aux risques et à l’incertitude. Bien que nous ayons des données incomplètes, nous devons fournir une expertise. De plus, nous devons tout faire très rapidement.’
Une fois que le privé a pris les choses en main, la population en est ressortie gagnante
C’est donc tout le contraire de la stratégie de la tortue de l’Union européenne. L’achat des vaccins pour les pays membres a été confié à des personnes qui n’y connaissent rien au monde des affaires et encore moins aux ‘risques commerciaux’. Mais chaque fois que le secteur privé a pris les choses en main dans cette crise, la population est devenue gagnante. C’est flagrant aux États-Unis et au Royaume-Uni avec les vaccins. Mais on l’a vu également avec les masques, lorsque certains pays européens ont décidé de les fabriquer eux-mêmes plutôt que d’attendre les commandes en Asie de l’UE.
Ensuite, il y a inévitablement le controversé Donald Trump. Le succès fulgurant de son ‘Opération Warp Speed’, annoncé en mai 2020, a prouvé la formidable force de l’industrie pharmaceutique. Le programme a encouragé la production de masse de plusieurs vaccins basés sur différentes technologies. L’idée était de permettre une distribution plus rapide une fois que les essais cliniques auraient confirmé que les produits étaient surs et efficaces.
Macron: ‘Aucune personne sérieuse ne pense qu’un vaccin sera possible d’ici fin 2020’
Boris Johnson et Benjamin Netanyahu, deux politiciens qui, contrairement à leurs homologues européens, ne cherchaient pas à renverser l’ex-président des États-Unis, ont tout fait pour les vaccins. Dans leur pays, tout comme aux États-Unis, l’armée est toujours prise au sérieux par la population et a d’ailleurs aider à la distributions de vaccins.
L’UE n’a pas eu la même stratégie parce qu’elle ne croyait pas vraiment aux vaccins, en tout cas pas à court terme. Le président français Emmanuel Macron a d’ailleurs insisté – comme une critique à peine voilée de Donald Trump – qu’il n’y avait aucune raison d’espérer la création rapide d’un vaccin. ‘Aucune personne réellement sérieuse ne pense que nous aurons un vaccin avant la fin de l’année’, a répété Macron.
Heureusement, des gens sérieux sont à la tête de l’Europe. Les mêmes personnes qui, selon l’hebdomadaire britannique The Economist, refilent la responsabilité à l’Union européenne de ce ‘bulk-passing disaster’. Une expression anglaise pour une catastrophe que personne ne veut gérer et dont toutes les parties en cause se refilent sans arrêt la responsabilité.
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