Vous avez reçu une première dose d’AstraZeneca ? Une seconde de Pfizer vous protégera mieux

Depuis le début de la campagne de vaccination, certains pays ont procédé à un mélange des vaccins, administrant une première dose d’AstraZeneca et une seconde de Pfizer à certains patients. Il semble de plus en plus certain qu’il s’agissait d’une bonne idée.

Pourquoi est-ce important ?

Suite aux retards de livraison d'AstraZeneca et au fait que son vaccin a généralement fini par être déconseillé pour les plus jeunes en raison de la formation de caillots sanguins dans de très rares cas, certaines personnes à travers le monde ont reçu une dose de chaque vaccin. Une décision prise alors qu'il n'y avait pas encore de données fiables sur ce "cocktail vaccinal".

Après une étude rassurante réalisée en Espagne, une seconde, au Royaume-Uni, vient renforcer cet optimisme. Des chercheurs britanniques ont ainsi mesuré les niveaux d’anticorps et de lymphocytes T observés chez 830 volontaires ayant reçu une dose de chez vaccin, et les ont comparés avec ceux procurés par deux doses du même vaccin.

Résultat: les deux schémas vaccinaux mixtes ont produit plus d’anticorps que deux doses d’Astra. Notons que l’ordre des doses a aussi son importance. Une première dose de Pfizer suivie d’une seconde d’AstraZeneca – la formule la plus utilisée dans la vie réelle au vu des circonstances – étant plus efficace que la formule inverse. Cette dernière s’est en effet avérée sept fois moins efficace mais… toujours cinq fois plus efficace (!) que le « tout AstraZeneca ».

Autre fait notable: les combinaisons « AstraZeneca/Pfizer », peu importe leur ordre, ont même donné une meilleure réponse en lymphocytes T que deux doses de Pfizer. En revanche, le « tout Pfizer » est resté la meilleure solution pour offrir un maximum d’anticorps.

La différence entre anticorps et lymphocytes T ? Les anticorps se fixent sur le virus et l’empêchent d’infecter les cellules, les cellules T trouvent et détruisent les cellules infectées.

Une nuance à apporter. Dans le cas de l’étude, l’administration des deux doses a été espacée de quatre semaines. Dans la vie réelle, la plupart des Britanniques ont reçu leurs deux doses d’AstraZeneca en l’espace de douze semaines. Dans environ un mois, les scientifiques britanniques livreront les résultats du mélange vaccinal basés sur ce délai.

Petit bémol: Comme les premières recherches sur le sujet l’avaient déjà montré, les personnes ayant reçu une dose de vaccins différents ont signalé plus d’effets secondaires (frissons, maux de tête et douleurs musculaires principalement) que celles ayant reçu deux doses du même vaccin. Cependant, cette nouvelle étude a montré que ces effets secondaires ont été de courte durée.

Que faut-il en conclure ?

Il faut souligner que la plupart des scientifiques ayant participé à cette étude, baptisée Com-COV et dont les conclusions ont été publiées dans une version préimprimée de la revue médicale The Lancet, sont affiliés à l’université d’Oxford. Celle-là même qui a collaboré avec AstraZeneca pour l’élaboration du vaccin. Rendre compte du fait qu’un mix vaccinal fonctionne à priori mieux que deux doses de « leur » vaccin n’est donc pas vraiment à leur avantage.

Malgré les résultats observés, les auteurs de l’étude estiment qu’il faut tout de même continuer à privilégier – quand cela est possible – l’administration de deux doses du même vaccin. En effet, leur travail a porté sur moins d’un millier de volontaires, alors que les vaccins ont déjà été administrés – avec succès – à des millions de personnes.

« La norme devrait être : ce qui a fait ses preuves », a ainsi rappelé Matthew Snape, un professeur d’Oxford qui a dirigé l’essai.

À l’heure actuellement, les chercheurs ne sont pas en mesure d’expliquer scientifiquement pourquoi le mix vaccinal semble mieux fonctionner que deux doses d’AstraZeneca.

Rappelons toutefois que l’étude espagnole sur le « cocktail vaccinal », dont les résultats ont été publiés le mois dernier, a donné des résultats similaires. Elle avait ainsi révélé que la présence d’anticorps neutralisants pouvait être multipliée par sept lors de l’administration d’une seconde dose de Pfizer suivant une première d’AstraZeneca. Ce qui est nettement supérieur à l’effet de doublement observé après deux doses du vaccin suédo-britannique.

Optimisme

S’ils préconisent toujours l’administration de deux doses du même vaccin, les scientifiques britanniques soulignent que les résultats de leur étude sont encourageants pour les personnes ayant reçu deux doses de vaccin différents. Et pour les pays qui hésitent encore à franchir le pas.

« Cela plaide en faveur de la flexibilité dans l’utilisation de ces schémas, lorsque les circonstances locales l’exigent. Cela donne à tout le monde des options », a déclaré le scientifique britannique, indiquant que l’étude fournissait des « preuves rassurantes ».

Les chercheurs vont à présent poursuivre leurs recherches sur le mixte vaccinal, ajoutant à leur programme des cocktails composés des vaccins Moderna et Novavax. Ce qu’ils découvrent pourrait s’avérer crucial dans le cadre de la fameuse troisième dose, qui pourrait être administrée plus tard cette année.

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