L’Australie rejette le rapport du GIEC et refuse de revoir ses objectifs climatiques: « On a fait notre part »

Ce lundi, le GIEC, l’organe des Nations Unies chargé du climat, a publié un rapport très alarmant. Mettant en garde face à un « code rouge pour l’humanité », les experts de l’ONU ont lancé un « cri d’alarme » à l’attention des décideurs politiques. Le message n’a pas du tout été reçu par le gouvernement australien, qui a eu tôt fait de l’expédier.

Dans son rapport, le GIEC pointe notamment le fait que « sans réduction immédiate et radicale des émissions, la température moyenne pourrait augmenter de plus de 2 degrés d’ici la fin du siècle ». Conséquence: les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur, les feux de forêt, les épisodes de sécheresse et autres inondations, vont se multiplier dans un avenir proche.

Les experts ont également ciblé le Pacifique comme l’une des zones les plus à risque. « L’augmentation de la température mondiale aura de graves répercussions dans toute la région du Pacifique. Cela inclut une élévation dramatique et dévastatrice du niveau de la mer », a alerté Mark Howden, l’un des auteurs du rapport, membre de l’Australian National University.

Un message suffisant pour conscientiser les responsables australiens ? Loin s’en faut.

« Je ne signerai pas un chèque en blanc au nom des Australiens »

Quelques heures après la publication du rapport, le Premier ministre australien Scott Morrison (Parti libéral d’Australie) a annoncé que les conclusions du GIEC ne changeraient rien à la politique de son gouvernement. Il a indiqué que l’Australie ne reverrait pas ses objectifs climatique à la hausse, et qu’elle ne se fixerait donc pas d’échéance pour atteindre l’objectif du zéro carbone.

Tant que M. Morrison restera à la tête du pays – poste qu’il occupe depuis 2018 et qu’il conservera au moins jusqu’en 2022, les prochaines élections fédérales étant programmées le 30 juin – l’Australie continuera de suivre la ligne de conduite qu’elle s’est fixée jusqu’ici. C’est-à-dire viser des émissions de carbone nulles « dès que possible », et de préférence d’ici 2050, mais sans qu’aucun engagement ne soit pris dans ce sens.

« L’Australie fait sa part. Je ne signerai pas de chèque en blanc au nom des Australiens pour des objectifs sans plan », a clamé le Premier ministre australien.

Malgré l’appel de nombreux pays, dont certains de ses proches alliés comme les États-Unis, l’Australie continuera de refuser d’adopter un objectif officiel de réduction ou de compensation des émissions de carbone.

M. Morrison a plutôt souhaité porter l’attention sur les efforts à fournir par les pays en développement, et sur les « percées technologiques » qui, selon lui, sont « nécessaires pour changer le monde, et la façon dont nous fonctionnons ».

Le rapport du GIEC ? Un « porno de la peur »

En parallèle de la déclaration de M. Morrison, d’autres membres de son parti ont immédiatement rejeté les conclusions du GIEC. C’est notamment le cas du sénateur Matthew Canavan. Il a qualifié le dernier rapport de « porno de la peur » et a ajouté que le groupe qui l’a rédigé ne cessait d’avertir que « le ciel nous tombe sur la tête, mais ce n’est jamais le cas ».

L’Australie a pourtant éprouvé directement les effets du réchauffement climatique ces dernières années. Sécheresses intenses, feux de forêt, inondations: le pays n’a pas été épargné par les catastrophes qui, selon les experts, ont été aggravées par le réchauffement climatique.

En plus d’être une des plus grandes victimes du changement climatique, l’Australie fait partie de ses acteurs majeurs. Elle se situe parmi les dix pays au plus haut taux d’émissions de dioxyde de carbone par habitant. Elle fait également partie des plus grands exportateurs mondiaux de charbon.

De nombreux membres du Parti libéral Australien et du Parti travailliste, dans l’opposition, sont de fervents défenseurs de l’exploitation du charbon, malgré l’élan mondial du passage à des combustibles plus propres. Le Premier ministre Morrison a lui-même apporté un jour un morceau de charbon sur le sol du Parlement, exhortant les gens à ne pas en avoir peur.

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