La visite de Charles Michel, président du Conseil européen, en Chine a du plomb dans l’aile. L’ancien Premier ministre belge attendait cette rencontre depuis longtemps pour renforcer les liens entre la Chine et l’UE. Mais le président chinois Xi Jinping a bien d’autres préoccupations pour le moment.
La rencontre entre Charles Michel et Xi Jinping pourrait tourner court

Pourquoi est-ce important ?
Un vent de protestation se soulève dans le pays où l'on marche au pas. Les Chinois sont excédés par la politique zéro-covid de leur gouvernement. Un taux de vaccination relativement faible et le peu d'exposition au virus n'ont pas encouragé l'immunité face au Covid-19. Le taux de contamination est reparti à la hausse ces dernières semaines, alors que l'économie chinoise attendait un large assouplissement des restrictions. La Chine fait du surplace depuis bientôt 2 ans dans cette crise sanitaire.Dans l’actu : Charles Michel doit rencontrer Xi Jinping ce 1er décembre, dans un contexte hyper tendu.
- Pour le moment, la rencontre entre les deux dirigeants est maintenue. Mais beaucoup dépendra de la suite des événements en Chine, alors des manifestations éclatent dans les plus grandes villes du pays.
- Les Chinois, et en particulier les jeunes, n’en peuvent plus des mesures drastiques du régime de Pékin. Les manifestants brandissent des feuilles blanches, un moyen subtil de contourner d’éventuelles répressions et de dénoncer le manque de liberté d’expression. Les manifestants appellent même Xi à démissionner, certains criant « nous ne voulons pas d’un empereur ».
- Pour un nombre grandissant d’experts, c’est tout simplement le plus grand défi sociétal du régime chinois depuis les événements de Tian’anmen, de 1989.
Le détail : quelle position adopter pour Charles Michel ?
- Sur fond de rivalité avec Ursula von der Leyen, la présidence de la Commission, Charles Michel faisait de cette rencontre un point d’orgue de son mandat. Car l’Union européenne doit devenir ce lien entre deux ennemis que tout oppose : les États-Unis et la Chine.
- Bien sûr, Charles Michel comptait également aborder la traditionnelle question des droits de l’homme, un passage obligé pour un dirigeant occidental, même si c’est sans aucun impact. Mais la question se pose maintenant de savoir quelle attitude adopter face aux manifestations qui se multiplient, et aux répressions qui s’ensuivent.
- Du côté du Parlement, on pousse Charles Michel dans le dos : « Il devrait profiter de l’occasion pour faire part de nos préoccupations concernant plusieurs questions », a déclaré Reinhard Bütikofer, président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec la Chine. « S’il y a une répression du récent mouvement de protestation, l’UE est prête à soulever cette question dans les institutions internationales et à envisager de nouvelles sanctions. »
- Un fonctionnaire européen explique à Politico que Charles Michel est mal pris, et qu’il devra forcément dire quelque chose. « S’ils pouvaient faire marche arrière, ils annuleraient probablement », a-t-il ajouté. Dans tous les cas, Pékin jugera toute prise de parole trop offensive comme une ingérence de ses affaires intérieures.
- Les 27 marchent sur un fil vis-à-vis de la Chine, entre ceux qui aimeraient qu’on diminue notre dépendance à son égard, pour ne pas tomber dans le même piège que le piège russe, et ceux, comme l’Allemagne, pour qui la Chine est d’une importance vitale. Olaf Scholz est d’ailleurs le premier dirigeant occidental à avoir visité Xi Jinping depuis la pandémie, non sans de vives critiques.
Le contexte : l’erreur majeure de Xi Jinping.
- En Chine, Xi Jinping a fait une erreur majeure en adoptant et en maintenant pendant deux ans sa politique zéro-covid. Mais il ne pouvait pas reconnaitre son erreur avant d’être officiellement « réélu » pour un 3e mandat.
- Après sa reconduction, la volonté du président chinois semblait aller dans le sens d’une levée progressive des restrictions. Seulement, la réalité du faible taux de vaccination et le peu d’exposition au virus ont fait repartir les cas à la hausse, avec des cas qui seront forcément problématiques, suite à la faible immunité.
- Par sa politique zéro-covid, Xi Jinping a non seulement plombé son économie, qui connaitra une croissance de 3% plutôt que les plus de 5% espérés en 2022, mais il a surtout soufflé sur les braises de la protestation. Les Chinois ne sont pas prêts à tout accepter.
- Le côté positif, comme nous l’avons déjà écrit de nombreuses fois, c’est qu’une économie chinoise au ralenti est une bonne chose pour l’inflation mondiale. D’ailleurs, les nouvelles incertitudes qui planent sur la Chine ont fait plonger les cours du pétrole.