Investir: optimisme ou prudence? Voici les conseils opposés de Warren Buffett et de Morgan Stanley

Warren Buffet enchaîne les achats mirobolants, en pensant à l’après-guerre et l’après-covid. De l’autre côté, le Nasdaq et le S&P 500 sont en forte baisse depuis leurs récents pics, et une augmentation « vicieuse » de la semaine dernière devrait être compris comme un signal pour vendre les actions en question et jouer plus défensivement, selon Morgan Stanley.

Warren Buffett a fait l’actualité récemment, pour les achats de Berkshire Hathaway. D’abord, le conglomérat a considérablement augmenté ses parts dans Occidental Petroleum, à deux reprises depuis le début du mois. La première fois, il a acheté pour six milliards de dollars d’actions, la deuxième fois pour un milliard de dollars. Il possède désormais 14,6% de la compagnie pétrolière, soit 140 millions d’actions.

A côté de cela, la société a acheté (un premier achat depuis un bout de temps) la compagnie d’assurance Alleghany. Elle augmente ainsi la part de compagnies d’assurance dans son portefeuille, possédant déjà Geico et General Reinsurance Corporation. L’étiquette affichait 11,6 milliards de dollars. Sur l’année 2021, la compagnie a eu des ventes de 12 milliards de dollars, et des revenus nets de 1,1 milliard de dollars.

Ces achats ont lieu dans un contexte où « l’indicateur Buffett » indique que ce ne serait pas le moment d’investir. Cet indicateur calcule la (sur)évaluation du marché, via l’indice l’indice Wilshire 5000 (qui reprend les 5.000 entreprises les mieux cotées sur le marché boursier américain, donc quasi la totalité du marché) divisé par le PIB américain.

Mais encore, en regardant la situation de manière plus large, on peut déceler la philosophie de Buffett dans ces achats, philosophie à laquelle il a toujours tenu. C’est d’être cupide quand d’autres ont peur, analyse Yahoo Finance. « Je pense qu’il nous rappelle que lorsque la marée descend, on voit qui a nagé », analyse le CEO de Research Affiliates, Chris Brightman, cité par le média. Pour un stratégiste de Baird, Michael Antonelli, les achats montrent encore que Buffett pense au monde d’après le covid et la guerre, contraintes à court-terme.

« Je pense que ces achats me rappellent et devrait rappeler à tout le monde que le monde tourne toujours. Les entreprises continuent à planifier l’avenir et à faire ce qui fait d’elles de grandes entreprises », explique le stratégiste.

« Jouer défensif »

Buffett a beau être un vétéran aguerri, du haut de ses 91 ans, son optimisme ne fait pas l’unanimité dans le monde de l’investissement. Pour la banque de Wall Street, Morgan Stanley, le marché boursier est actuellement en baisse générale, malgré un sursaut récent. Les actionnaires devraient donc se débarrasser des actions de ce sursaut « vicieux » et jouer défensivement, rapporte Markets Insider.

Le sursaut était tout de même la meilleure semaine pour les actions américaines, depuis novembre 2020 : +5,5% pour le S&P 500 et +8,2% pour le Nasdaq, la semaine dernière. Mais cela n’est pas une raison de se réjouir, pour Michael Wilson, stratégiste en chef pour les actions américaines auprès de la banque. « Les rallies lors de marchés baissiers sont les plus vicieux ». En début de mois, le Nasdaq avait perdu 20% depuis son pic en novembre, et le S&P 500 10% depuis son pic record en janvier.

« Bien que cela puisse encore augmenter, grâce au Nasdaq et aux petites capitalisations, nous restons convaincus qu’il s’agit toujours d’un marché baissier et nous utiliserions cette force pour adopter une position plus défensive », continue-t-il, en renvoyant notamment vers l’énergie et les services « publics » (par exemple la distribution d’eau, de gaz, et d’électricité) comme investissement.

Pour la banque, la phase de baisse devrait se terminer vers la mi ou fin avril. « Cependant, nous voulons être parfaitement clairs sur le fait que la force relative de ces deux indices s’est effondrée, et jusqu’à ce que cela change, ils ne sont pas attractifs sur une base relative dans une perspective d’investissement au-delà de ce rebond technique », ajoute encore Wilson. « Maintenant, il est le moment de vendre en masse ».

Au bout du compte, qui peut avoir raison? Les deux connaissent bien leur domaine, et en tout cas, une analyse au cas par cas doit sans doute être faite pour voir quelle philosophie s’appliquerait mieux.


Disclaimer: cet article ne fait pas office de conseil, mais doit se lire à titre d’information. Investir comporte toujours des risques.

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