Après une année de fortes restrictions, les entreprises capitalistes chinoises vont-elles connaitre une année 2022 plus tranquille?

L’économie chinoise rencontre différentes perturbations ces derniers mois. Selon de nombreuses voix, les régulations imposées à différents secteurs ont une part de responsabilité. Quel cap suivra le gouvernement, qui a annoncé vouloir trouver plus de stabilité, pour 2022?

Résolution pour la nouvelle année : mettre de l’ordre dans les business model capitaliste des entreprises chinoises. C’est comme cela que Xi Jinping avait conclu l’année 2020, et envisagé l’année 2021. Et en 2021, il a en effet débroussaillé : de nombreux secteurs sont passés sous la coupe. Le gouvernement a imposé de nombreuses régulations pour la tech, les jeux vidéo, la finance, et a toujours la volonté de légiférer plus strictement dans le domaine de l’immobilier.

Le média CNN analyse alors les conséquences : les entreprises ont perdu des billions en valeur marchande sur les marchés internationaux et des entreprises ont dû licencier massivement, ce qui a mis encore plus de pression sur le marché de l’emploi, encore fragile depuis la pandémie. Et après un an, l’économie chinoise semble elle aussi plus fragile, avec une croissance qui a ralenti ; entre autres à cause de confinements stricts et d’une crise des chaines de l’approvisionnement mondiales.

Alors pour 2022, Pékin devrait changer de cap. Lors d’une réunion plus tôt au mois de décembre, les dirigeants du parti communiste avaient défini la « stabilité » comme la priorité pour la nouvelle année calendrier. Le même meeting où un an auparavant avait été décidé de « freiner l’expansion désordonnée du capital ».

Mauvaises prévisions pour 2022

Pour l’année 2021, les prévisions pour la croissance sont encore plutôt bonnes, avec un total de 7,8% sur l’année selon de nombreux économistes, surpassant l’objectif de 6% fixé par le gouvernement en début d’année. Mais pour 2022, les prévisions des banques sont moins roses : entre 4,9 et 5,5% de croissance. 2022 serait alors potentiellement la pire année depuis 1990, année de sanctions internationales après le massacre de Tiananmen.

« Les dirigeants ont de plus en plus peur de l’instabilité », explique Larry Hu économiste en chef de la Chine auprès de Macquarie Group, dans une note de recherche reprise par CNN. « Une année de régulations a impacté la confiance des entreprises et dans les milieux d’affaires. Il est temps pour le gouvernement d’assouplir son emprise. »

Un constat partagé par Craig Singleton, expert de la Chine auprès de la Foundation for Defense of Democracies, un think tank américain. Il estime que si Pékin a pu effectuer des régulations, c’est parce que sa croissance économique était très forte ; aujourd’hui les éléments qui poussaient cette croissance perdent leur souffle rapidement.

Capitaux étrangers à nouveau bienvenus?

Dompter les excès du capitalisme et défendre l’histoire socialiste du pays : c’est à peu près comme ça que la volonté de Xi Jinping peut être résumée. Et défendre les intérêts nationaux, comme la sécurité et la protection des données. Pour cette raison, l’entreprise Didi a par exemple dû se retirer de la bourse américaine, juste après son IPO.

Mais lors de leur récente réunion, les dirigeants ont loué le rôle positif que des capitaux étrangers peuvent jouer dans l’économie. Ils semblent alors vouloir trouver un équilibre. « Le capital doit jouer son rôle positif en tant que facteur de production, tandis que son rôle négatif doit être contrôlé efficacement », ont-ils annoncé après la réunion.

Un signe pour Larry Hu que le pic des régulations est passé. « Le contrôle est important pour le gouvernement, mais le parti ne veut pas non plus tuer le capitalisme », analyse-t-il.

Xi Jinping: stop ou encore ?

Pour arriver à la stabilité voulue, le gouvernement va se concentrer sur différents facteurs. Le plus important semble être l’emploi, d’après le communiqué publié après la réunion. A côté de l’objectif « garder le chômage bas », les autres facteurs seront la sécurité de la distribution d’aliments et d’énergie, ainsi que la stabilité des chaines d’approvisionnement mondiales.

Le chômage cette année a été poussé par les régulations (et les licenciements qu’elles ont entrainés), et la crise de l’immobilier. Selon les données officielles, le chômage a flotté entre 4,9 et 5,5% toute l’année. Les nombreuses prises de paroles d’officiels pour lutter contre le chômage laissent imaginer que le problème est plus grand que ce que montrent les chiffres.

Pour Craig Singleton, le parti au pouvoir craint qu’un fort taux de chômage et des licenciements de masse mettent en péril sa position. En prenant la forme de contestations dans les rues, ce dont Pékin se méfie plus que tout.

2022 est une année d’élection en Chine. Le XX congrès du parti se tiendra à l’automne. Alors que Xi Jinping doit se trouver un successeur comme le veut la tradition, de plus en plus d’observateurs estiment que le dirigeant chinois veut se maintenir au pouvoir. D’où la politique qu’il a menée cette année et qui est censée marquer le pays de son empreinte. Après une année de restrictions, Xi Jinping pourrait opter pour une politique plus douce, histoire de couper l’herbe sous le pied de ses détracteurs.

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