20 euros le shot : la Suède teste l’incitant financier pour vacciner sa population récalcitrante

Il s’agit pour le moment d’une phase test. Des chercheurs suédois tentent de savoir si un incitant financier pourrait avoir une influence sur la campagne de vaccination.

Pourquoi est-ce important ?

Partout la même question. Une fois les volontaires vaccinés, comment inciter les méfiants ou les personnes qui son contre la vaccination ? Une question cruciale, car on sait que 70 à 80% (voire plus) de la population doit être vaccinée pour endiguer le virus. Pour atteindre cet objectif, de plus en plus de pays ouvrent la vaccination aux moins de 18 ans, qui sont pourtant les moins sensibles au Covid-19. Mais cela suffira-t-il ?

L’étude est menée par l’université de Lund auprès de 8.200 personnes non vaccinées de moins de 60 ans. Il est prévu de donner à chaque groupe cible un incitant, allant de l’argumentation à l’information, en passant par un chèque cadeau d’une valeur de plus ou moins 20 euros (200 couronnes) qui peut être utilisé dans la plupart des magasins en ligne. Un dernier groupe n’a été soumis à aucune méthode de motivation particulière.

La recherche a débuté au début de cette année et doit donner ses premiers résultats pour le mois de septembre. Les chercheurs vont simplement constater le nombre de vaccinés pour chaque groupe cible (4 en tout). Ils pourront alors dégager l’incitant le plus efficace – l’argumentation, l’information ou l’incitant financier.

Actuellement, seuls 39% de la population suédoise est totalement vaccinée. 22% supplémentaires ont bénéficié d’au moins une dose. Ce qui fait que 61% de la population totale est partiellement vaccinée. En comparaison, la Belgique est à 53% de personnes totalement vaccinées et trone à la première place européenne. 15% y ont bénéficié d’une seule dose, ce qui fait un total de 69%. La France n’est elle qu’à 58% de personnes ayant bénéficié d’au moins une seule dose.

Pour la Suède comme pour la France, on est donc encore très loin du compte. En supposant que les partiellement vaccinés se feront à terme complètement vacciner, il reste un trou de 20% à combler, au moins. Car il n’est pas tout à fait clair quel pourcentage doit atteindre l’immunité collective. Cette valeur dépend du taux de reproduction du virus (R0). Or on sait que le variant Delta, beaucoup plus contagieux, est désormais dominant. Certains appellent déjà à une immunité collective de 90% de la population. En plus d’une certaine uniformité : il ne sert à rien d’avoir une région à 40% et l’autre à 95% (ce qui est vrai aussi à l’échelle du monde).

Si l’immunité collective peut s’atteindre par l’infection, il est beaucoup plus sûr de la faire passer par la vaccination. Avec ce variant plus contagieux, il faut donc encore davantage de vaccinés. C’est pourquoi la Suède va ouvrir dès le mois d’août la vaccination aux moins de 18 ans comme c’est déjà le cas en Belgique.

Certains arguments ne suffisent plus

« Nous ne voyons pas d’hésitation particulièrement élevée vis-à-vis de la vaccination en Suède par rapport à d’autres [pays], mais nous savons que les taux de vaccination plafonnent, en particulier chez les jeunes », a déclaré Armando Meier, un économiste co-auteur de l’étude, à la CNBC.

« De nombreux gouvernements croient clairement que cibler la prosocialité des gens en leur disant : ‘le vaccin ne vous protège pas seulement vous, il protège aussi les autres’ est une stratégie efficace. Dans le même temps, nous constatons également que de nombreux pays mettent l’accent sur l’information, de sorte qu’ils pensent que tant qu’ils informent les gens que les vaccins sont sûrs et efficaces, cela fera l’affaire – sur la base de recherches antérieures en sciences sociales, il n’est pas si évident que cela soit réellement convaincant », nuance le chercheur.

Sans présager des résultats de l’étude, l’économiste estime que l’incitant financier est une bonne option. Pas pour ceux qui sont totalement contre la vaccination, mais pour ceux qui hésitent, ne trouvent pas le temps ou pensent que c’est trop compliqué: « Cela leur donne un peu plus de motivation pour se faire vacciner. Et je pense que beaucoup d’économistes penseraient que ces incitations fonctionnent le mieux. »

Chacun sa méthode

Pour le moment, la Belgique opte pour les deux premières options. L’argument social de la solidarité et l’information. Avec de bons résultats. La France a opté pour la méthode forte avec un pass sanitaire étendu à presque toutes les activités récréatives. Un bond de plusieurs millions d’inscrits à la liste d’attente en vue d’une vaccination a été observé après l’annonce du président Macron. Mais ce passage en force a aussi braqué une partie de la population en France, et aussi en Italie.

Israël et les États-Unis, qui font face à ce problème depuis un certain temps déjà (ayant commencé leur campagne de vaccination plus tôt) sont passés par plusieurs incitants dont de la nourriture, des bières, voire même de la marijuana à Washington DC.

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