L’investissement chinois est fortement en baisse en Europe

De nombreux projets chinois d’acquisitions, de fusions ou de nouvelles opérations en Europe ont été refusés par les autorités des pays concernés, montre une étude. L’investissement chinois en Europe, en conséquence, est en baisse. Est-ce que le Vieux continent suit les États-Unis sur la voie de la méfiance envers Pékin ?

Dans l’actu : une étude du cabinet de recherches Rhodium et le think tank allemand Merics, sur l’investissement chinois en Europe.

  • L’investissement d’entreprises chinoises en Europe et au Royaume-Uni a baissé de 22% en 2022, pour atteindre 7,9 milliards d’euros, note le rapport, consulté par le Financial Times.
    • C’est le chiffre le plus bas depuis 2013.
    • C’est environ un sixième des sommes investies en 2016 (47,7 milliards d’euros).
    • Une bonne partie des investissements est allée dans le secteur des véhicules électriques et des batteries.

Les pays européens ont refusé de nombreux investissements

L’essentiel : les régulateurs n’ont pas donné leur feu vert dans près de deux tiers des projets d’investissement. Voilà une rupture avec le passé : pendant des années, les injections de capitaux chinoises étaient plus que bienvenues.

  • L’étude s’est penchée sur 16 projets d’acquisition, fusion, ou investissement dans de nouvelles opérations. 10 d’entre eux ont été refusés (ou annulés, s’il existait déjà un accord) par les autorités.
  • Cela concerne principalement le secteur de la technologie et de l’infrastructure.
    • Il y a par exemple la vente d’une usine allemande de moules pour puces électroniques à une filiale d’un groupe chinois. Le ministère de l’Économie l’a refusée en novembre, afin de « protéger la souveraineté technologique et économique ».
    • Une semaine plus tard, le Royaume-Uni a annulé la vente d’une telle entreprise à une filiale d’un groupe chinois, soulignant aussi des »risques pour la sécurité nationale ».
    • Annulation d’une vente en Italie également : des sociétés semi-publiques chinoises ont dû relâcher leur prise, une société qui produit des drones militaires.
  • Autre cause soulignée : la pandémie. Avec les confinements stricts en Chine et les restrictions de voyages, les représentants chinois ont beaucoup moins pu voyager, ce qui a aussi pesé sur les (projets d’) investissements. Mais l’Europe ne serait en réalité pas la seule à être regardante aux investissements : les « contrôles chinois sur les capitaux sortants » sont aussi cités dans les raisons de cette baisse.

À l’avenir : une tendance qui est partie pour durer.

  • « La surveillance accrue des investissements entrants se poursuivra probablement dans les années à venir », notent les chercheurs. « En 2023, des mécanismes de révision entreront en vigueur en Belgique, en Estonie et en Irlande, avec un effet rétroactif dans ce dernier cas. Les Pays-Bas prévoient de lancer un système d’examen plus large qui permettra d’examiner les technologies et les énergies sensibles, également avec effet rétroactif. »

Le contexte : la voie américaine ?

  • Les États-Unis, on le sait, sont très regardants aux investissements chinois. Les relations commerciales se crispent d’ailleurs à de nombreux niveaux, avec des taxes et des limites d’importations ou d’exportations de certains produits, comme les puces électroniques.
  • Avec ce nombre élevé de refus et ce changement de tendance, l’Europe semble donc suivre la voie américaine, malgré les appels du président français Emmanuel Macron, entre autres, de suivre « sa propre voie ». C’est aussi le cas pour le matériel de production de puces électroniques : l’Allemagne et les Pays-Bas ont récemment décidé de limiter l’export des pièces les plus avancées. Même constat dans le domaine de l’énergie renouvelable : le Vieux continent veut se passer des fournisseurs chinois (ce qui pourrait se retourner contre lui, selon le secteur), qui sont déjà sévèrement taxés aux États-Unis.
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