Volte face aux Pays-Bas : la technologie de pointe en matière de puces à la Chine, c’est finalement non

Les Pays-Bas vont finalement suivre les mesures américaines et restreindre l’exportation de matériel nécessaire à la production de puces électroniques à la Chine. L’entreprise néerlandaise ASML développe les technologies de lithographie les plus performantes du monde. Elle ne voit pas d’impact direct sur ses chiffres.

Pourquoi est-ce important ?

De plus en plus de pays brandissent l'argument de la sécurité pour limiter le commerce de puces électroniques et de technologies pour les produire avec la Chine. Ils craignent, entre autres, de voir leurs inventions copiées par la Chine ou utilisées dans son armée. La Chine n'est pas encore capable de produire les puces les plus performantes toute seule.

Dans l’actu : les Pays-Bas vont limiter l’export de la technologie de pointe nécessaire à la production de puces électroniques à la Chine.

  • C’est ce que le gouvernement a annoncé mercredi, rapporte Reuters. Il cite la protection de la sécurité nationale comme raison.
  • Selon une lettre de la ministre du Commerce Liesje Schreinemacher au Parlement, les restrictions entreront en vigueur avant l’été. Elles seraient pensées de manière « aussi soigneuse et précise que possible… pour éviter de perturber inutilement les chaînes de valeur. »
  • Elle nomme notamment la technologie DUV dans sa lettre. C’est une technologie qui permet de produire des puces électroniques très performantes. Elle est développée par ASML, l’entreprise considérée comme la plus à la pointe du monde pour ce type de technologie.
    • Elle compte également une autre technologie dans ses rangs, encore plus performante : EUV. Les ventes de cette dernière sont restreintes depuis 2019, selon un communiqué d’ASML. La Chine n’aurait d’ailleurs jamais reçu de telle machine.
    • « Sur la base de l’annonce faite aujourd’hui, de nos attentes concernant la politique d’octroi de licences du gouvernement néerlandais et de la situation actuelle du marché, nous ne pensons pas que ces mesures auront un effet important sur les perspectives financières que nous avons publiées pour 2023 ou sur les scénarios à plus long terme que nous avons annoncés lors de notre journée des investisseurs en novembre de l’année dernière », répond ASML à l’annonce du gouvernement.
    • Autre élément concernant DUV : ASML a vendu pour 8 milliards de dollars de cette technologie à la Chine, depuis 2014. Il n’est pas encore clair si l’entreprise néerlandaise pourra continuer à fournir des services pour ces clients ou pas. Il n’est pas clair non plus dans quelle mesure d’autres clients, non chinois mais qui ont une usine de puces en Chine (par exemple Samsung), seront concernés.
  • Or, ASML n’est pas nommé dans la lettre. La Chine ne l’est pas non plus. Mais dans le contexte, on sait que la Chine est visée par la mesure.

Les puces électroniques au cœur de la tempête

Le contexte : la guéguerre économique entre la Chine et les États-Unis (et l’Europe?)

  • L’année dernière, Washington a limité l’exportation de certaines puces et des technologies nécessaires pour les produire, vers la Chine. Il s’agit notamment des puces pouvant servir à l’intelligence artificielle, des machines de pointe nécessaires à la production de puces performantes et de puces pouvant servir dans l’armée.
  • Les USA ont ensuite demandé à d’autres pays de les suivre dans cette démarche, comme la Corée du Sud, le Japon et les Pays-Bas. Au début, La Haye a répondu par la négative, ne voulant pas suivre aveuglément les mesures américaines. La Chine est un important partenaire commercial, soulignait la ministre de l’Économie Micky Adriaansens en décembre.
    • Elle appelait à une stratégie propre à l’Europe, tout en rappelant que les États-Unis ne faisaient déjà pas de cadeaux à l’économie européenne avec leur Inflation Reduction Act.
    • Elle réfléchissait cependant également aux risques par rapport à la sécurité, et au fait que ces livraisons de matériel peuvent servir à l’expansion de l’armée chinoise, ce dont elle n’aurait pas envie.
  • Les Pays-Bas ne sont d’ailleurs pas le seul pays européen à avoir imposé des restrictions envers la Chine, concernant les puces électroniques. L’Allemagne a interdit la vente d’une usine à moules pour puces (wafers, dans le jargon) à une succursale d’une société chinoise. Le Royaume-Uni a ordonné qu’une entreprise chinoise devenue actionnaire unique d’une société britannique revende sa part majoritaire.
Plus