L’ayatollah Khamenei porte un gros coup à l’accord sur le nucléaire iranien: « Faire confiance à l’Occident ne fonctionne pas »

Alors que Ebrahim Raïssi remplacera officiellement Hassan Rohani en tant que président de la république islamique d’Iran la semaine prochaine, le guide suprême iranien a clairement fait comprendre que relancer un dialogue avec les États-Unis n’était pas une bonne idée. Le volte-face de Donald Trump en 2018 a nettement refroidi l’ayatollah Ali Khamenei.

En 2015, l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien avait été considéré comme une vraie victoire diplomatique de la part du président Rohani. A l’époque, celui-ci était parvenu à obtenir un allègement des sanctions internationales sur l’Iran, de la part des grandes puissances occidentales, en échange de la mise en place de limitations sur le programme atomique iranien.

Trois ans plus tard, Donald Trump avait décidé de faire sortir les États-Unis de l’accord et de réimposer des sanctions punitives à l’Iran.

De son côté, l’Iran a enfreint toutes les limites qui avait été décrites dans l’accord. Les derniers rapports indiquent par exemple que le pays a enrichi de l’uranium gazeux à 63 % de pureté. Or, à Vienne, il s’était engagé à ne pas dépasser la barre des… 3,67%. En outre, l’Iran fait tourner des centrifugeuses beaucoup plus avancées et en plus grand nombre que ce qui est autorisé par l’accord. Ce qui inquiète les experts en non-prolifération nucléaire

Avec l’arrivée de Joe Biden à la tête de la Maison Blanche, la possibilité d’un retour des USA dans l’accord – au contenu potentiellement renégocié – et d’un nouvel engagement de l’Iran à le respecter est à nouveau sur la table. Depuis avril, les autres signataires – Allemagne, Grande-Bretagne, Chine, France et Russie – discutent avec l’Iran à Vienne afin de relancer l’accord et d’y réintégrer les USA. Mais les négociations restent très compliquées.

« L’Occident est notre ennemi »

Nouvelle preuve ce mercredi, avec les déclarations très fermes de l’ayatollah Khamenei. D’après lui, le retrait des États-Unis sous Trump prouve que « faire confiance à l’Occident ne fonctionne pas ».

« Les générations futures devraient se servir de cette expérience. Il est apparu clairement au cours du mandat de ce gouvernement que faire confiance à l’Occident ne fonctionne pas », a déclaré l’ayatollah Khamenei au président sortant Rohani et aux membres de son cabinet, selon le site officiel du guide suprême. « Les Occidentaux ne nous aident pas, ils frappent partout où ils peuvent ».

« À chaque fois que vous avez reporté des problèmes pour des questions d’accords avec l’Occident, l’Amérique et les autres (…), vous étiez bloqué et ne pouviez pas progresser parce qu’ils ne vous aident pas. Ce sont les ennemis après tout », a ajouté le guide suprême iranien.

Enfin, M. Khamenei a indiqué que les États-Unis étaient « obstinés » dans ce dossier. Washington souhaite que l’accord renouvelé lui permette d’également intervenir sur le programme des missiles iraniens et sur des questions régionales. Ce à quoi l’ayatollah s’oppose catégoriquement.

De mauvais augure pour la suite

Si M. Raïssi avait l’intention de boucler un nouvel accord avec l’Occident et les États-Unis – ce qui semblait être le cas malgré sa position ultra-critique envers l’Occident – ce sermon de M. Khamenei va sans doute le refroidir.

Quelques jours avant cette intervention du guide suprême, les États-Unis avaient eux aussi lancé une pique à l’Iran. Alors que la République islamique avait critiqué Washington pour avoir, selon elle, retardé un éventuel accord d’échange de prisonniers, l’administration Biden a qualifié cette attitude « d’effort scandaleux pour détourner la responsabilité de l’impasse actuelle » sur le nucléaire.

Lundi, la France avait elle aussi haussé le ton à l’égard de l’Iran. « Par ses actions, l’Iran continue d’exacerber la situation nucléaire. S’il continue sur cette voie, non seulement il retardera le moment où un accord pourrait être conclu prévoyant la levée des sanctions, mais il pourrait compromettre la possibilité même de conclure les pourparlers de Vienne et de rétablir l’accord », a averti la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès Von Der Muhll.

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