La transition énergétique fonce dans un mur: il sera impossible de faire face à la demande de métaux

L’association européenne des producteurs et des recycleurs de métaux tire la sonnette d’alarme. L’approvisionnement en métaux ne sera pas suffisant pour assurer la transition énergétique d’ici 2030. Les industries européennes n’auront alors plus qu’un choix: dépendre d’un petit nombre de pays et payer le prix fort.

Eurométaux se base sur l’étude d’une chercheuse de la KU Leuven, Liesbet Gregoir. Selon elle, pour remplacer les hydrocarbures et atteindre la neutralité carbone en 2050, l’UE aura besoin dès 2030 de 35 fois plus de lithium, 26 fois plus de terres rares et deux fois plus de nickel. L’augmentation concerne en fait tous les métaux: +330% de cobalt, +45% de silicium, +33% d’aluminium, +35% de cuivre, +15% de zinc.

« Si les industries européennes ne sécurisent pas leurs approvisionnements sur le long terme, elles risquent des ruptures ou des hausses de prix pouvant ralentir la transition énergétique« , explique le rapport. L’Europe doit décider urgemment de la manière dont elle va combler son insuffisance d’approvisionnement en métaux de première transformation. Sans stratégie ferme, elle risque de nouvelles dépendances à l’égard de fournisseurs non durables ».

La chercheuse fait référence à une précédente mise en garde l’Agence internationale de l’énergie (AIE), en 2021, qui invitait le monde à ne plus dépendre que d’un petit nombre de pays. La Chine reste par exemple la maîtresse des terres rares avec une production mondiale de 80% pour 37% des réserves mondiales.

La Russie est, elle, la principale productrice de l’aluminium, du nickel et du cuivre. La guerre en Ukraine nous fait d’ailleurs cruellement ressentir cette dépendance avec les prix de ces métaux qui explosent.

Solutions

Il y a néanmoins quelques solutions. Le territoire dispose de ressources qui ne sont pas exploitées. Le rapport parle d’une large fourchette qui va de 5% à 55% des besoins de l’UE. Cette exploitation se heurte toutefois à deux obstacles: le défi environnemental (biodiversité, exploitation de l’eau) et les prix de l’énergie.

Il y a aussi le recyclage dans lequel Eurométaux a forcément des intérêts: l’étude estime que d’ici 2050, 40 à 75% des besoins pourraient être couverts par le recyclage, si l’Europe investit rapidement dans les infrastructures.

Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de solutions à long terme qui seront difficiles à réaliser d’ici 2030, date à laquelle les premières pénuries pourraient se faire ressentir. Il y a donc urgence, mais un an après le rapport de l’AIE, « nous ne voyons (en Europe) ni l’adhésion générale ni les conditions qui permettraient au continent de construire ses propres chaînes d’approvisionnement », soulignent la KUL et Eurométaux, dans leur communiqué. « Le temps presse. Les projets doivent vraiment avancer dans les deux années à venir si nous voulons pouvoir être prêts pour 2030. »

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