La course entre les vaccins et les variants s’arrêtera-t-elle un jour ? Pourquoi ce n’est pas si simple

Si les vaccins Covid offrent une bonne protection contre les variants du virus, pourquoi la pandémie n’est-elle pas encore terminée ? La dure réalité est que les pandémies n’ont pas de date de début ou de fin. Il est tout à fait possible que le Covid-19 existe pour toujours. Mais cela ne signifie pas que la situation ne finira pas par se stabiliser.

« Nous avons tous le même schéma de pensée. Le Covid-19 a un point de départ clair, à Wuhan vers décembre 2019. Par conséquent, on s’attend également un point final clair », a déclaré au Jerusalem Post Daniel Landsberger, médecin en chef des Maccabi Health Services, en Israël. « Nous voulons une date visible pour la fin de la pandémie. »

Mais quiconque se penche sur l’Histoire constate rapidement que les pandémies sont des processus lents, qui prennent des années dans toutes les sociétés.

Une énorme épidémie de peste survenue au XVIe siècle s’est prolongée pendant plusieurs centaines d’années et, aujourd’hui encore, on observe de rares épidémies de peste bubonique dans des pays africains, en Inde et au Pérou.

Le premier cas de VIH signalé est survenu en 1981 aux États-Unis. Moins d’une décennie plus tard, le sida était la principale cause de décès des Américains âgés de 25 à 44 ans. Ce n’est qu’en l’an 2000 que nous avons pu développer des médicaments permettant de contrôler la maladie et de vivre avec le virus.

« L’épidémie de sida n’a jamais pris fin », dit Landsberger. « On n’appelle plus ça une épidémie. On regarde les choses différement ». Selon lui, les épidémies ne sont pas seulement des « événements biologiques ». Ils sont aussi « sociaux, culturels et géopolitiques ».

Le cas de la polio

Le sort connu par le VIH est également un scénario possible pour le Covid-19, même avec des vaccins très efficaces qui peuvent rendre le virus inoffensif. Mais pourquoi ceux-ci ne peuvent-ils pas mettre un terme définitif à la pandémie ?

Pour comprendre ce concept, nous devons d’abord nous pencher sur l’histoire du virus de la polio. Dans les années 1950, un vaccin contre la polio a été mis au point. Ce vaccin n’a été prêt à être administré dans le monde entier que cinq ans plus tard. Il a fallu plusieurs années supplémentaires pour faire disparaître le virus. Le dernier cas de polio a été détecté en 1979.

« Il a fallu plusieurs années pour éradiquer la polio, malgré la disponibilité d’un vaccin qui offrait une excellente protection contre le virus dans 95% des cas », explique M. Landsberger.

Le problème des variants

Autre complication : tant que le virus circulera, des variants continueront d’apparaître à travers le monde.

Mais la façon dont le variant Lambda fait rage en Amérique du Sud n’est pas une indication de la manière dont il affectera un pays comme Israël, où une troisième dose est désormais administrée. L’écart entre les pays riches et les pays en développement fait une énorme différence, tout comme la qualité du système de santé national. Le redoutable variant sud-africain (Beta), par exemple, n’a pratiquement pas fait de victimes en Israël.

Ce que nous savons des variants, c’est qu’ils ne mutent pas spontanément dans l’air, mais qu’ils ont besoin d’un hôte: les personnes infectées par le virus. Plus il y a de personnes infectées, plus il y aura de variants. Il faut donc à tout prix essayer de réduire le nombre d’infections au coronavirus.

Parallèlement, les pays disposant d’importants stocks de vaccins commencent également à comprendre qu’ils doivent les acheminer vers le reste du monde, afin d’éviter que de nouveaux variants continuent d’apparaître.

Combien de rappels avant de ne plus avoir peur du virus ?

Les études actuelles montrent que le vaccin Pfizer est toujours très efficace contre les formes graves induites par le variant Delta. La plupart des cas chez les personnes vaccinées surviennent chez des personnes âgées qui ont reçu leur deuxième dose il y a plus de six mois. Ce qui montre que l’efficacité du vaccin diminue avec le temps.

Mais ça aussi, c’était à prévoir. La plupart des vaccins sont administrés trois à cinq fois pour permettre au corps de développer une résistance suffisante. Le vaccin contre l’hépatite B, par exemple, est administré trois fois. Le vaccin contre le tétanos est administré tous les dix ans. Le vaccin contre la grippe est administré chaque année.

Combien de rappels de Covid faudra-t-il, alors ? « Nous ne savons pas. Il est possible que tout le monde ait besoin d’une piqûre de rappel dans les six à douze mois suivant les deux premières. Par la suite, on peut en avoir besoin tous les ans ou tous les dix ans », estime M. Landsberger.

Alors, pourra-t-on bientôt éradiquer complètement le Covid-19, ou du moins revenir à une « vie normale » ? Selon M. Landsberger, il est difficile d’éradiquer complètement de telles maladies, mais nous pourrons retrouver une vie à peu près normale. Les pandémies ne s’arrêtent pas. Elles s’effacent dans le décor de nos vies lorsque tout le monde est vacciné.

« Le virus va tomber à un niveau de menace tel que plus personne n’en aura vraiment peur », conclut M. Landsberger.

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