Grande première: un médecin a été holoporté à bord de l’ISS et a pu « serrer la main » de Thomas Pesquet depuis la Terre

Pour la première fois, un médecin a pu faire irruption dans la Station spatiale internationale tout en restant sur Terre. Une prouesse technologique qui devrait permettre d’améliorer la qualité des prochains séjours spatiaux, mais qui a aussi des applications sur notre planète.

L’expérience s’est déroulée à l’automne dernier, mais elle n’a été détaillée que ce mois-ci. Le 8 octobre 2021, le médecin de la NASA Joseph Schmid a été holoporté au sein de la Station spatiale internationale.

Le médecin n’était d’ailleurs pas seul, puisqu’au total, ce sont pas moins de sept personnes qui ont ainsi pénétré dans l’ISS alors qu’elles étaient sur Terre. Le patron d’Aexa Aerospace, qui a développé le logiciel utilisé pour l’expérience, était notamment de la partie.

Concrètement, ça a ressemblé à quoi ?

L’holoportation est utilisée par Microsoft depuis 2016. Mais c’est la première fois qu’elle est exploitée dans le cadre d’une communication avec l’espace. Contrairement aux hologrammes que l’on a l’habitude de voir – c’est un grand mot, mais une personnalité telle que Jean-Luc Mélenchon en a fait sa spécialité -, le Dr Schmid et ses acolytes ne sont pas apparus comme semblant flotter à l’intérieur de l’ISS. Pour cette expérience, il a fallu utiliser un casque de réalité augmentée.

C’est Thomas Pesquet qui a eu le privilège de porter ce casque. De leur côté, les participants sur Terre étaient filmés via une configuration spécifique. Sans casque, ils ont simplement pu voir l’astronaute français sur un écran, en 2D. En revanche, celui-ci a profité d’une expérience tout à fait singulière. Tomas Pesquet les a vus en 3D, devant lui, à bord de l’ISS, en direct. Il a pu entretenir une conversation avec eux, et même leur serrer la main (virtuellement, bien sûr), rapporte la NASA dans un communiqué.

« Il s’agit d’une toute nouvelle manière de communiquer avec les humains sur de vastes distances », a réagi le Dr Schmid. « En outre, c’est une toute nouvelle manière d’exploration humaine, où notre entité humaine est capable de voyager hors de la planète. Notre corps physique n’est pas là, mais notre entité humaine est bien là. Peu importe que la station spatiale voyage à 17 500 mph et soit en mouvement constant en orbite à 250 miles au-dessus de la Terre, l’astronaute peut revenir trois minutes ou trois semaines plus tard et, si le système fonctionne, nous serons là, à cet endroit, en direct sur la station spatiale. »

Andrew Madrid, le Dr Fernando De La Pena Llaca, RIhab Sadik, le Dr Joe Schmid, Kevin Bryant, Mackenzie Hoffman et Wes Tarkington: les sept personnes qui ont été holoportées à bord de l’ISS. (ESA, Thomas Pesquet)

Quelle utilité ?

La prochaine étape consistera à équiper également les participants sur Terre d’un casque, pour qu’ils puissent eux aussi bénéficier d’une représentation 3D de leurs interlocuteurs dans l’espace.

« Imaginez que vous puissiez amener le meilleur instructeur ou le véritable concepteur d’une technologie particulièrement complexe juste à côté de vous, où que vous soyez en train de travailler. En outre, nous combinerons la réalité augmentée avec l’haptique. Vous pouvez travailler ensemble sur l’appareil, un peu comme deux des meilleurs chirurgiens travaillant pendant une opération. Cela rassurerait tout le monde de savoir que la meilleure équipe travaille conjointement sur une pièce critique du matériel », a expliqué le Dr Schmid.

La NASA estime que les progrès de l’holoportation et des autres technologies qui y seront liées vont avoir « de grandes répercussions sur l’avenir des voyages dans l’espace lointain ». L’agence cite notamment les futurs voyages sur Mars, où les délais de communication pourraient être de 20 minutes dans chaque sens.

En outre, ces technologies trouveront aussi leur utilité sur Terre. « Que ce soit dans d’autres environnements extrêmes tels que l’Antarctique, les plates-formes pétrolières en mer ou les théâtres d’opérations militaires, ce type de technologie peut aider les personnes se trouvant dans de telles situations à communiquer, rapprochant les gens quels que soient la distance ou les défis environnementaux », souligne l’agence spatiale américaine.

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