Des phares géants pour capter l’énergie solaire et faire vivre les futures bases lunaires ?

Nous retournerons sur la Lune avant 2030, assurent la NASA et Washington. Mais ça sera aussi pour y faire notre nid. À commencer, entre autres projets dans les cartons, par un phare d’au moins 100m de haut au pôle Sud de notre satellite pour capter l’énergie solaire.

L’humanité de retour sur la Lune, ça n’est qu’une question de temps, nous assure la NASA. La vice-présidente américaine Kamala Harris a confirmé que l’agence spatiale américaine gardait bien pour objectif une mission lunaire habitée avant la fin de la décennie, dans le cadre du programme Artemis.

Des phares géants et solaires

Mais pour faire de notre satellite naturel un avant-poste de l’extension de notre espèce dans le système solaire, des empreintes de pas dans le régolite ne suffiront pas. Il faudra de l’infrastructure. Et les idées se multiplient, à l’heure où l’espace est sur le point de devenir le nouveau terrain de jeu de nombreuses start-ups. Comme Honeybee Robotics, qui a déjà fourni l’outil de forage des rovers d’exploration de Mars Spirit et Opportunity de la NASA. Maintenant, l’entreprise se propose de construire un phare sur la Lune. Et un grand.

  • Pas pour réguler le trafic spatial, mais pour fournir de l’énergie solaire en continu aux futures installations humaines. Il s’agira d’une structure d’au moins 100m de haut, surmontée de panneaux solaires et qui intègrerait des éléments tels que le stockage et le transfert d’énergie.
  • Le phare solaire, nommé LUNARSABER (« Lunar Utility Navigation with Advanced Remote Sensing and Autonomous Beaming for Energy Redistribution ») pourrait même pousser jusqu’à 200m de haut, dans la gravité lunaire réduite. De quoi dépasser l’horizon lunaire, et donc capter les rayons du soleil même durant la nuit sélénite, selon Kris Zacny, vice-président des Systèmes d’Exploration chez Honeybee.
  • Bien sûr, le projet ne sera pas seulement une centrale électrique tout en verticalité. « Juste au-dessus de la structure, il y a des caméras, des systèmes de communication. Nous avons un projecteur pour éclairer les zones pour les rovers » s’enthousiasme Zacny au micro de Space.com. « Vous en mettez un ou deux au pôle Sud de la Lune et vous couvrez toute la zone. C’est votre phare. »

Un projet sélectionné par la Défense américaine

Un dernier point à nuancer. Contrairement à ce qu’on a longtemps cru, il n’y a pas de « jour polaire » constant au pôle Sud de la Lune, même si en effet la région profite d’un ensoleillement particulièrement long. D’où l’intérêt, encore une fois, de construire très haut. Et aussi pharaonique que puisse paraître LUNARSABER, le projet a été sélectionné dans le cadre de l’initiative Lunar Architecture (LunA-10) sur 10 ans. Un incubateur d’idées chapeauté par l’Agence américaine de Projets de Recherche Avancée de Défense (DARPA).

  • « Si nous avons la capacité de construire des structures vraiment hautes près des pôles Sud, nous pouvons essentiellement nous assurer qu’il y a plus de 95% d’illumination tout au long de l’année lunaire, cela dépend de l’emplacement et de la hauteur » contextualise Vishnu Sanigepalli, coordinateur pour Honeybee Robotics au sein de la DARPA.
  • La société, bien sûr, ne perd pas le nord non plus : LUNARSABER sera une vraie entreprise commerciale. Une immense structure adaptative pour assurer l’alimentation des bases lunaires et leurs communications avec la Terre, sans interruption. Mais aussi un projet d’exploitation des ressources locales. Et une opportunité d’investissements.
  • De quoi dégager des fonds pour l’étape suivante : la planète rouge. Honeybee Robotics développe également RedWater, un système minier destiné à percer la surface de Mars afin d’en pomper l’eau, quitte à la faire fondre d’abord si elle est sous forme de glace. Le capitalisme n’a pas de frontières, fussent-elles planétaires.
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