Assez de place pour tout le monde, dans l’espace ? Pas du tout, et c’est déjà la course pour les points de Lagrange

L’espace n’est pas qu’une immense étendue à peu près vide. C’est un lieu soumis à des forces de gravité phénoménales qui interagissent entre elles dans un immense ballet cosmique ; les rares points de Lagrange qui offrent une certaine fixité sont donc précieux. Et suscitent les convoitises des différentes puissances spatiales.

Un point de Lagrange, qu’est-ce que c’est ? C’est un point dans l’espace interplanétaire où les forces gravitationnelles de deux corps célestes s’équilibrent, ce qui permet à un objet de s’y maintenir sans beaucoup d’effort ni de carburant. La Terre possède cinq points de Lagrange où sa gravité s’équilibre avec celle du Soleil. Nommés de L1 à L55, ces lieux de calme sont devenus des endroits de parking privilégiés pour tout ce qu’on veut placer durablement dans l’espace.

Des points de Lagrange qui virent parkings spatiaux

  • Et cela commence à représenter beaucoup de projets, concrétisés ou non. Le plus fameux est le télescope spatial James Webb, de plus de 6 tonnes pour 25 m2 de superficie et bien arrivé au point de Lagrange L2 fin 2021.
  • Mais on peut citer d’autres projets de structures spatiales, d’un « intercepteur interstellaire » pour attraper un astéroïde errant, à un radeau de bulles capable d’atténuer les rayons du Soleil pour sauver notre climat. Des idées qui ne verront pas toutes le jour, mais qui démontrent à quel point ces cinq points d’ancrage sont devenus stratégiques.
  • De là à ce qu’ils deviennent des objets de convoitise de la part des puissances spatiales rivales – de nos jours, les USA et la Chine avant tout le monde – il n’y a qu’un pas qui a sans doute déjà été franchi. Pékin a déjà envoyé le satellite Queqiao à L2, une sonde relais qui doit favoriser les communications avec son alunisseur Chang’e 4, rappelle Science Alert.
  • C’est aussi à L2 que doit s’amarrer Lunar Gateway, notre futur avant-poste en orbite de halo autour de la Lune. Soit entre 3.000 et 70.000 km de notre satellite naturel. Un projet de base habitée très ambitieux et marqué de la bannière étoilée.

Dans un contexte de rivalité spatiale exacerbée entre Pékin et Washington, les points de Lagrange vont devenir des enjeux importants. En particulier L2, qui offre une exceptionnelle visibilité sur la Lune. Or, il n’y aura pas de place pour tout le monde, sur ces parkings spatiaux si convoités. De quoi échauffer les esprits ? On ne sait jamais.

Planter des drapeaux aux points de Lagrange

Cette situation a fait l’objet d’un récent rapport d’un comité bipartisan de la Chambre des représentants. Celle-ci concluait qu’il fallait placer la bannière étoilée avant les cinq étoiles chinoises, partout où c’était nécessaire dans l’espace, et ce, au plus vite.

« Le financement de la NASA et du Département de la Défense est crucial pour assurer le contrôle dans le domaine spatial. […] et stimuler le développement scientifique et l’innovation américaine. ¨I lest donc nécessaire de] financer les programmes de la NASA et du Département de la Défense qui sont essentiels pour contrer les ambitions malveillantes du Parti communiste chinois dans l’espace, y compris en s’assurant que les États-Unis soient le premier pays à stationner de manière permanente des actifs à tous les points de Lagrange. »

Rapport de la Chambre des représentants sur la rivalité Chine – USA depuis 2001
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