Un radeau de bulles spatiales pour contrecarrer le réchauffement climatique ? Le MIT y pense très sérieusement

Rien ne sert de se voiler la face : notre combat contre le changement climatique est bien mal embarqué. À tel point que, vu notre retard dans la limitation de nos émissions de gaz à effet de serre, certains scientifiques estiment que seule la géo-ingénierie peut encore nous permettre de maintenir de bonnes conditions de vie sur notre planète.

Ce terme désigne tout type de technologie mise en œuvre pour directement contrôler le climat sur Terre ; « Ce que nous pourrions faire… si nous continuons à ne rien faire » résumait David Keith, physicien à l’université de Harvard (États-Unis), à l’occasion d’une conférence TedEx datant déjà de 2007. En d’autres termes, il s’agit d’assumer pleinement notre influence sur le climat afin de tenter activement de faire pencher la balance des températures dans le bon sens.

Jouer à l’apprenti sorcier avec le climat

Cette façon de voir a bien sûr de nombreux détracteurs. Il faut dire que tenter de modifier le fonctionnement climatique de notre planète sans certitude d’en prévoir toutes les conséquences revient quelque peu à jouer à l’apprenti sorcier. Mais le concept est étudié par des institutions très sérieuses, comme le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT). Celui-ci vient de dévoiler une solution technico-spatiale qui pourrait potentiellement régler d’un seul coup tous nos problèmes en compensant l’effet du changement climatique.

La solution avancée est bien évidemment à l’échelle de ses ambitions : il s’agirait de déployer dans l’espace un immense « tapis de bulles » qui servirait à la Terre de bouclier contre une certaine proportion de rayonnements solaires. L’équipe du MIT compare plutôt cette structure à une sorte de radeau, qui ferait quand même la taille du Brésil et serait constitué de bulles faites d’une mince couche de silicium ou d’un matériau renforcé au graphène. L’ensemble devrait ensuite être mis en orbite aux alentours du point de Lagrange 1, là où la gravité de différents astres s’annule et qui permet une position stable à un objet – et où se trouve d’ailleurs le télescope spatial James Webb.

Dévier 1,8% du rayonnement solaire

Les chercheurs estiment que dévier ainsi 1,8 % seulement du rayonnement solaire pourrait suffire à inverser le réchauffement climatique, mais ne rêvons pas : la majorité des technologies nécessaires à un tel chantier n’existe encore que sur les tables à dessin des ingénieurs, voire dans l’esprit des astronomes. On ne sait même pas comment seraient gonflées ces bulles dans l’espace.

Mais ce projet, du moins selon ses concepteurs, a pour qualité de ne pas interférer directement avec l’équilibre complexe de notre planète, à l’inverse d’expériences visant à influer le cycle du carbone, par exemple. Du moins en théorie, car de nombreuses questions demeurent en suspens, comme la durée d’emploi d’une telle structure, ainsi que son sort quand on estimera qu’elle aura fait son temps, laissant un délai à l’humanité pour parvenir à une transition énergétique complète.

Un délai, pas une solution miracle

Les chercheurs estiment que ce tapis de bulles spatial pourrait être utile pendant 50 à 200 ans, mais il faudra ensuite le détruire, en espérant ne pas générer trop de débris dangereux dans l’espace. Ce genre de projet ne remplacera pas les efforts à consentir pour réduire notre impact sur le climat, mais, selon les chercheurs, il vaut mieux se préparer dès maintenant à mettre en place ce genre d’option de la dernière chance.

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