Blue Origin et Jeff Bezos de retour dans la course à l’espace

Après 15 mois cloué au sol, le vaisseau New Shepard de Blue Origin vole à nouveau. Aurait-on enterré un peu vite le poulain de Jeff Bezos dans la course que se livrent les firmes privées pour rentabiliser les vols spatiaux ?

Dans l’actualité : décollage réussi pour le New Shepard, le lanceur réutilisable de Blue Origin. La fusée a quitté hier le site de Corn Ranch, au Texas, pour son 24e vol consécutif. Il a ensuite délivré en orbite 33 charges utiles, vraisemblablement des minisatellites, à 107 kilomètres d’altitude. Ainsi que 38.000 cartes postales d’élèves et d’étudiants du monde entier, récoltées par la fondation Club for the Future, une autre initiative d’un certain Jeff Bezos. Chaque carte postale sera retournée à son créateur, estampillée « Flown to Space », détaille Air&Cosmos.

Premier vol en 15 mois

  • Cela peut ressembler à une mission de routine pour l’autre grande entreprise privée qui caresse des ambitions spatiales. Mais c’est là le premier vol estampillé Blue Origin depuis 15 longs mois.
  • Le programme de Bezos avait été interrompu depuis septembre 2022. Un vol, heureusement non habité, s’était écrasé après un défaut de tuyère, entrainant la destruction d’un des précieux vaisseaux. La capsule NS-23, qui contenait une charge utile scientifique, a dû effectuer un atterrissage d’urgence.
  • Depuis, c’était silence radio de la part de l’entreprise qui était présentée comme une des rares rivales de SpaceX. Et on a vu la différence : depuis un an et demi, la firme d’Elon Musk est la seule à occuper le secteur des vols spatiaux commerciaux, et de l’attention médiatique qui va avec. En l’absence de concurrence, c’est tout autant de publicité gratuite.

Un concurrent pour SpaceX

Blue Origin est donc toujours dans la course. Mais la boite accuse du retard. En mars dernier, elle espérait encore reprendre les vols habités dès cette année. C’est très peu crédible, c’est le moins qu’on puisse dire.

  • Pour rappel, Jeff Bezos se rêvait en pionnier du tourisme spatial. Il a lui-même embarqué pour l’orbite proche, et la liste d’attente de super-riches qui veulent voler dans son sillage est, elle aussi, stratosphérique. Un ticket pour l’orbite estimé à 28 millions de dollars.
  • Quant au bras de fer avec les concurrents – en premier lieu SpaceX mais aussi Virgin – il ne se passe pas si mal. La société spatiale privée de Jeff Bezos se chargera de lancer l’année prochaine la mission d’étude du champ magnétique autour de Mars de la NASA, à savoir la mission ESCAPADE (Escape and Plasma Acceleration and Dynamics Explorers).
  • Un joli pied de nez à Elon Musk d’abord, mais ensuite et surtout une consécration pour le lanceur lourd New Glenn. Partiellement réutilisable, il s’agira là de son premier vol. Malgré une charge utile moindre, cela serait le premier engin privé capable de faire concurrence à la fusée Falcon Heavy de SpaceX.
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