Si les émissions de gaz à effet de serre provenant du charbon ont globalement baissé en 2021, c’est toujours le même pays qui pollue le plus proportionnellement à son nombre d’habitants. C’est aussi cette même nation qui est l’une qui subit le plus durement les effets du réchauffement climatique.
Dans un rapport publié en fin d’année dernière, le groupe de réflexion britannique Ember avait identifié l’Australie comme étant le pays émettant le plus de CO2 provenant de centrales à charbon par rapport à son nombre d’habitants entre 2015 et 2020. De très loin. Et en 2021, ça n’a pas changé.
Dans sa nouvelle étude, relayée par le Guardian, Ember a calculé que le pays d’Océanie avait émis l’an dernier 4,04 tonnes de CO2 issues du charbon par personne. C’est mieux que la moyenne de 5,34 tonnes établie lors des cinq années précédentes. Une baisse provoquée par une augmentation de l’utilisation des énergies renouvelables (solaire et éolienne). Mais cela reste toujours le plus lourd bilan parmi les pays de l’OCDE.
Des émissions quatre fois plus élevées que la moyenne mondiale
Avec 4,04 tonnes, l’Australie affiche un bilan quasiment quatre fois plus élevé que la moyenne mondiale (1,06). En deuxième position, on retrouve la Corée du Sud (3,18). La Chine complète ce peu glorieux podium (3,06). L’Afrique du Sud (2,68) est quatrième, les États-Unis (2,23) cinquièmes.
À titre de comparaison, en Europe, l’Allemagne a émis 1,65 tonne de CO2 issu du charbon par personne en 2021, tandis que la France et le Royaume-Uni, qui en sont quasiment sortis, ont obtenu un bilan de 0,07. Au sein de l’Union européenne, la moyenne a été de 0,78.
« L’Australie fait l’autruche depuis des années »
Depuis plusieurs années, l’Australie fait régulièrement la une de l’actualité pour les nombreux feux de forêt qui la ravagent. « La combustion du charbon à cette échelle prépare le terrain pour de nombreuses saisons d’incendie à venir », déplore Dave Jones, responsable mondial d’Ember.
« La politique énergétique actuelle de l’Australie a été inefficace, et a grandement affecté notre compétitivité et notre capacité à faire la transition vers le zéro carbone », a expliqué auprès de The New Daily le Dr Liam Wagner, économiste de l’énergie à l’Université d’Adélaïde. « Nous nous sommes retrouvés dans cette position et coincés uniquement à cause de l’incertitude politique que nous avons eue au cours des 10 dernières années, si ce n’est plus, et cela a vraiment entravé l’investissement dans les énergies renouvelables et a rendu certainement plus difficile pour l’industrie lourde de passer à des pratiques à faible teneur en carbone. »
Pour Andrew Stock, de l’ONG australienne Climate Council, « l’Australie fait l’autruche depuis de très nombreuses années » au sujet de l’abandon du charbon.
Des progrès, mais pas assez
Dans son rapport, Ember note toutefois qu’avec les Pays-Bas et le Vietnam, l’Australie fait partie des trois pays à avoir fait évoluer leur mix énergétique le plus en faveur du renouvelable (plus de 8% en plus) entre 2019 et 2021, passant de 13 à 22%. Avec 12% provenant de l’énergie solaire, elle affiche même le meilleur bilan des pays développés en la matière. Dans le même temps, le pays d’Océanie a diminué sa dépendance aux énergies fossiles de 79 à 70%.
C’est un point positif, mais il n’y a pas de quoi s’enthousiasmer pour autant. A priori, en poursuivant sur cette voie, l’Australie atteindra l’objectif fixé par son gouvernement de réduire ses émissions de 26 à 28% d’ici 2030. Mais cette ambition reste très peu élevée, Climate Council préconisant par exemple de les diminuer de… 75%.
L’Australie compte toujours 19 centrales à charbon en activité sur son territoire. Le Premier ministre, Scott Morrison, rechigne à fixer une date pour faire sortir définitivement son pays du charbon. Il a l’intention de laisser les centrales fonctionner jusqu’à ce qu’elles soient en fin de vie, ce qui pourrait théoriquement en laisser certaines continuer à brûler du charbon jusque dans les années… 2040.
Les élections fédérales se tiendront ce dimanche.