Les anciens charbonnages peuvent-ils encore fournir de l’énergie, mais cette fois (presque) propre et renouvelable ?

Si l’âge du charbon semble être totalement révolu en Europe occidentale et que le reste du monde tente avec plus ou moins de succès de s’en sevrer, l’exploitation du minerai noir a durablement marqué nos paysages, que ce soit en Belgique, en Grande-Bretagne ou dans le nord de la France. Mais s’ils ne sont plus exploités, les charbonnages pourraient peut-être encore jouer un rôle dans notre apport en énergie : ils sont devenus des réservoirs souterrains de chaleur qu’il ne faudrait pas négliger.

Que ce soit en Écosse, au Pays de Galles ou dans le nord de l’Angleterre, le Royaume-Uni fait partie des pays européens les plus marqués par l’exploitation du charbon durant l’ère industrielle : on estime que 25% des zones résidentielles y sont bâties sur d’anciens puits de charbons. Un minerai noir qui a fait la prospérité du pays, mais qui depuis n’est presque plus exploité, et les mines, désaffectées, se sont progressivement remplies d’eau.

La chaleur des tréfonds

Or, c’est précisément pour cette raison qu’elles suscitent un regain d’intérêt : les anciennes galeries inondées contiennent une eau qui reste à température constante toute l’année, entre 11 et 13°C environ, alors que la moyenne de température des eaux souterraines est de 10°C en Écosse. Un différentiel de chaleur qui pourrait être exploité et donc, constituer une nouvelle source d’énergie propre et renouvelable pour les anciennes régions charbonnières. Des chercheurs écossais estiment qu’on pourrait profiter de ces températures à l’aide de pompes à chaleur, puis la « compresser » afin de l’augmenter, et ainsi chauffer des bâtiments construits sur d’anciennes galeries. Une alternative au gaz naturel qui rejetterait bien moins de carbone et qui fait donc rêver.

Mais on n’en est pas encore là nuance auprès de CNBC Mike Stephenson, ancien directeur scientifique pour la décarbonisation au British Geological Survey, qui étudie les anciens charbonnages qui s’étendent sous la cité écossaise de Glasgow. « Le projet consiste à faire des recherches sur la chaleur dans les mines de charbon et aussi, dans une certaine mesure, sur la possibilité de stocker la chaleur dans les anciennes mines de charbon », résume-t-il. « L’équipe expérimente la vitesse à laquelle l’eau s’écoule dans ces mines, la température de l’eau, la vitesse à laquelle l’eau se reconstitue si l’on retire l’eau chaude, c’est-à-dire la vitesse à laquelle la chaleur revient. C’est un site de recherche, pas une démonstration : toutes ces choses constitueront un ensemble de résultats scientifiques, d’équations et de modèles. »

75% moins de carbone que le gaz

Il n’empêche que les premières estimations de ce que pourrait fournir l’exploitation de cette source d’énergie ont de quoi laisser songeur : la Coal Authority, un organisme public non ministériel du gouvernement du Royaume-Uni, estime que l’eau des mines pourrait répondre à tous les besoins en chauffage des zones charbonnières, tout en offrant des applications dans l’horticulture. Et ce pour des prix de distribution concurrentiels par rapport au gaz, tout en émettant 75% moins de carbone dans l’atmosphère. De quoi regarder d’un autre œil les anciens charbonnages qui se dressent de notre côté de la Manche.

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