Xi et Vladimir : une belle amitié gâchée par le Kazakhstan ?

Xi Jinping s’est rendu au Kazakhstan mercredi pour sa première visite à l’étranger depuis le début de la pandémie de coronavirus. Il y a rencontré son homologue kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev. La visite n’a pas duré longtemps : le président chinois se touve ce jeudi en Ouzbékistan pour participer à un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

Xi Jinping a été accueilli par Tokaïev sur le tarmac de l’aéroport de Nour-Soultan, la capitale kazakhe (la ville va bientôt récupérer son ancien nom, Astana). La conversation qui a suivi a été purement diplomatique : le président chinois a adressé ses meilleurs vœux au peuple kazakh, rappelant que la Chine a toujours été un bon voisin, ami et partenaire.

L’art et les ambulances

Les deux hommes se sont ensuite rendus au palais présidentiel pour discuter de la poursuite de la coopération entre le Kazakhstan et la Chine et admirer l’exposition « Kazakhstan-Chine : un dialogue à travers le millénaire ». C’est en tout cas ce qu’on peut lire dans le communiqué de presse officiel du ministère chinois des Affaires étrangères.

Tokaïev appréciera le soutien et la visite de Xi, dans la mesure où il a récemment éloigné son pays de la voie tracée par le Kremlin. Par exemple, le Kazakhstan a refusé de fournir des soldats ou un soutien à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine. À l’inverse, le président kazakh a même décidé de soutenir l’Ukraine, en lui envoyant près de 40 tonnes de nourriture et de médicaments. Le Kazakhstan a également acheté trois ambulances pour en faire don à l’Ukraine.

Selon Leonid Nevzline, un ex-oligarque qui a dû fuir la Russie, Tokaïev a également autorisé les États-Unis à superviser le commerce entre son pays et la Russie afin d’éviter des sanctions secondaires. Le ministère kazakh des Affaires étrangères a confirmé cette information.

Le jouet de deux superpuissances

La Russie, et plus particulièrement la partie nationaliste de sa classe politique, est particulièrement mécontente de la position du Kazakhstan. Certains craignent désormais qu’elle veuille également intervenir dans le pays, en renversant le régime de Tokaïev. Mais a priori, Xi Jinping ne laissera pas une telle chose se produire : « Quelle que soit l’évolution de la situation internationale, nous soutenons inconditionnellement l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Kazakhstan. Nous soutenons les réformes visant à garantir la stabilité et le développement », a-t-il déclaré, avec fermeté.

Le président chinois envoie ainsi un message fort au Kremlin : ne touchez pas au Kazakhstan. Les déclarations de Xi seront sans doute également évoquées lors de sa rencontre avec Poutine ces 15 et 16 septembre, à l’occasion d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai dans la ville ouzbèke de Samarkand. L’OCS regroupe 18 pays d’Eurasie, dont les principaux participants sont la Chine, l’Inde et la Russie. Lors de cet événement, les chefs d’État et de gouvernement des pays concernés discuteront des défis actuels en matière de sécurité et d’économie.

La réunion permet également à Xi et à Poutine de se parler et de conclure des accords sur un éventuel soutien, maintenant que la Russie est en proie aux sanctions occidentales. La Chine n’a pas condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie et a surtout accusé l’Occident d’être à l’origine du conflit. L’alliance est toutefois quelque peu trompeuse : la Chine n’a pas non plus proposé à Poutine d’alléger les sanctions et n’a pas envoyé de soutien militaire (armes, munitions ou soldats) à sa voisine. Quoi qu’il en soit, Poutine arrive au sommet de l’OCS affaibli, l’Ukraine ayant chassé les Russes du nord-est de l’Ukraine en quelques jours.

(OD)

Plus