« La vague de faillites en Allemagne est une mauvaise nouvelle pour l’économie belge »

L’assureur-crédit Allianz Trade constate une forte augmentation des faillites en Allemagne, où une récession semble inévitable. Les entreprises belges sont également concernées.

Les chiffres : « Les faillites en Allemagne ont augmenté de 19,5% en 2022. Il s’agit du chiffre le plus élevé depuis la crise de 2008. Nous prévoyons en outre une nouvelle hausse de 15% pour 2023 », explique Johan Geeroms, directeur des risques pour le Benelux chez Allianz Trade, à Business AM.

La cause : « Cela est lié à la hausse des prix de l’énergie, combinée à la plus grande dépendance de l’Allemagne vis-à-vis du gaz », explique Geeroms. « L’Allemagne est avant tout un pays industriel dont les secteurs sont très gourmands en énergie, comme les métaux ou l’automobile. Les faillites seraient encore beaucoup plus nombreuses sans les subventions massives à l’énergie accordées par le gouvernement allemand aux ménages et aux entreprises. »

Des chiffres encore plus rouges : « L’Allemagne se dirige probablement vers une récession, c’est-à-dire deux trimestres consécutifs de croissance négative du produit intérieur brut », poursuit l’analyste des risques.

  • Allianz Trade s’attend à une contraction de l’économie de 0,7% sur l’ensemble de l’année 2023.
  • En janvier de cette année, même la production allemande d’acier, qui est bien sûr très importante, car elle fournit l’industrie automobile, a chuté de 10,2% par rapport à l’année précédente.
  • L’inflation semble également être plus élevée en moyenne que dans le reste de la zone euro. En janvier, elle était de 8,7%, selon Eurostat. Et l’inflation du mois de février est à nouveau en augmentation, de 0,8% par rapport au mois précédent.
  • L’excédent commercial de l’Allemagne, qui constitue également une mesure clé, a atteint son plus bas niveau depuis 2000 l’année passée.

Impact sur la Belgique

  • « Cela a d’énormes implications pour nous, car nous sommes un partenaire commercial très important de l’Allemagne », prévient Geeroms. « C’est vers ce pays que nous exportons beaucoup de produits. Environ 17% des exportations belges sont destinées à l’Allemagne. »
  • Les entreprises belges doivent-elles anticiper ce phénomène ? « Nous devrions en tenir compte par tous les moyens. Les entreprises pourraient essayer d’exploiter d’autres marchés, si elles le peuvent, bien sûr », propose Geeroms.
  • Les faillites pourraient également augmenter en Belgique, de 12% selon Allianz Trade. Rappelons qu’au mois de janvier, 846 entreprises ont mis la clé sous la porte, ce qui représente une augmentation de 19 % par rapport au même mois de l’année dernière. Une tendance qui pourrait se poursuivre, au vu des nombreuses entreprises zombies sauvées par les aides (covid et énergie) mis en place par les autorités ces dernières années.

Espérer une légère récession allemande : les fournisseurs belges de l’Allemagne n’ont guère d’autre choix que d’espérer une récession courte et limitée chez nos voisins de l’Est.

  • Et la Banque centrale européenne, basée à Francfort, pourrait jouer un rôle à cet égard, souligne Geeroms. « Espérons que cela ne dure pas trop longtemps et que les banquiers centraux de la BCE ne laissent pas les taux d’intérêt augmenter trop fortement ni trop violemment. »

(CP)

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