Une raflée de sanctions contre Poutine, mais quelle est la véritable ampleur de sa fortune ?

La fortune du président russe Vladimir Poutine est un grand mystère. En connaître l’ampleur est cependant un élément clé pour édifier des sanctions sur mesure et pour savoir quels actifs geler. Les autorités semblent avoir une meilleure vue d’ensemble sur ses biens. Quelle peut être la portée de ces sanctions personnelles?

Cibler la fortune personnelle des politiques et oligarques russes, voilà, en partie, un des objectifs des sanctions économiques prises par l’Occident. Depuis, des milliardaires russes ont effectivement perdu des sommes conséquentes. Mais quant aux pertes potentielles de Vladimir Poutine, elles sont très difficiles à estimer, car sa fortune est un secret bien gardé.

En 2016, avec les révélations des Panama Papers, il s’est avéré que Poutine « détenait » de nombreux biens immobiliers. Cependant, la qualité de propriétaire est cachée dans des montages financiers complexes, et lui-même n’est donc jamais désigné comme tel. Les biens appartiennent souvent à ses proches. Ainsi nous trouvons par exemple un yacht de plus de 100 millions de dollars (amarré à Hambourg mais soigneusement déplacé avant l’invasion), ainsi qu’une gigantesque villa construite aux abords de la Mer Noire, connue notamment grâce à la vidéo d’Alexeï Navalny, l’opposant empoisonné et emprisonné.

Les seules traces de ses revenus sont des documents officiels, analysés par CNN. Dans sa déclaration de revenus, en 2018, Poutine a indiqué détenir un appartement de 75 mètres carré à Saint-Pétersbourg, ainsi que deux voitures qui datent de l’ère soviétique et un 4×4. Selon les documents du Kremlin, le président de la Fédération russe gagne l’équivalent de 140.000 dollars par an. En Russie, il s’agit d’un salaire assez élevé, mais d’autres indices montrent que ce n’est pas son principal revenu.

200 milliards de dollars en extorsions et vol dans la caisse publique

« La collection visible de montres de Poutine vaut plusieurs fois son salaire officiel », analysait Bill Browder, investisseur en Russie, en 2018 déjà. Pour lui, « cette richesse est le résultat d’extorsions et de vols massifs de fonds publics ».

En tout, la fortune de Poutine, en actifs, serait de 200 milliards de dollars, a déclaré Browder devant le Sénat américain en 2017. Si ce chiffre est vrai, Poutine serait alors une des (sinon la) personnes les plus riches de la Terre.

Forbes, célèbre magazine qui retrace les fortunes des plus riches personnes de la Terre, estime également que la fortune de Poutine est « probablement l’énigme la plus insaisissable de la chasse au patrimoine ».

« Les autorités suivent ses avoirs »

Le public général n’a donc pas idée de la fortune de Poutine. « Mais on peut supposer que les agences de renseignement et les autorités compétentes des États-Unis et de l’Union européenne suivent ses avoirs depuis des années », explique Ross Delston, expert en anti-blanchiment d’argent, à CNN.

« Si le gouvernement américain, ainsi que l’Union européenne, devaient sérieusement s’attaquer à ses avoirs, il y aurait de nombreuses cibles à atteindre. Elles se trouveraient partout dans le monde… certainement à l’intérieur des frontières de l’UE et des États-Unis », continue-t-il.

Quel impact pour les sanctions?

Selon Delston, les sanctions ne vont pas arrêter Poutine dans ses ambitions d’invasion de l’Ukraine. « Il ne s’agit pas de l’arrêter, mais de le punir. » En somme, les sanctions ne devraient faire qu’une égratignure à sa fortune, mais la portée des sanctions est également symbolique : Poutine perd en crédibilité. La Suisse a pris la décision historique de lui infliger des sanctions, et il rejoint également la liste très restreinte de dirigeants sanctionnés personnellement par les Etats-Unis, aux côtés de Lukashenko, Bachar al-Assad et Kim Jong-Un.

La portée est également psychologique, fait encore remarquer Delston : « Les personnes fortunées ont tendance à s’attacher à leurs actifs, même si elles disposent de réserves importantes ». Poutine, de son côté, doit alors faire la balance de ce qui lui importe le plus : une conquête militaire ou une perte dans sa fortune personnelle. Son âme, tout comme sa fortune, semble difficile à sonder.

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