« Top Risks 2022 » : pourquoi une nouvelle crise migratoire est très improbable

Les migrants du Moyen-Orient et d’Afrique qui tenteront d’atteindre les côtes européennes en 2022 ne manqueront pas. Mais il n’y aura pas de répétition de la crise des migrants de 2015, écrivent Ian Bremmer et Cliff Kupchan de l’Eurasia Group, un cabinet de conseil en risques politiques, dans leur rapport « Top Risks 2022 ».

La migration reste une question politiquement sensible dans l’UE, mais une nouvelle crise des réfugiés n’est pas à l’ordre du jour, écrit le duo. L’UE a réussi à réduire les arrivées illégales d’environ 90 %. Ce chiffre est à comparer au pic atteint en 2015 (voir le graphique ci-dessous). Mais cela reste toujours inssuffisant pour certains États membres. « L’Europe agira de manière agressive (et collective) pour éloigner les migrants irréguliers et renforcer sa capacité à le faire. »

Ce que Trump n’a pas pu faire, l’UE l’a fait

De plus en plus de murs sont également érigés aux frontières de l’UE. Parce qu’il n’y a aucun appétit pour ouvrir la porte à un grand nombre de migrants, comme en 2015. La Lituanie et la Pologne, farouches opposants au régime de la Biélorussie, construisent des murs à leur frontière. La Lituanie prévoit une clôture de 508 kilomètres de long, et la Pologne en installe une également. Il y a aussi la Grèce, qui a achevé la construction d’une clôture de 40 km à sa frontière avec la Turquie. Cela devrait mettre fin aux éventuels demandeurs d’asile qui tentent de rejoindre l’Europe après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan. Ainsi, ce que Trump avait promis à l’époque à la frontière sud des États-Unis avec le Mexique, mais n’a jamais tenu, l’UE le fait tranquillement à sa frontière orientale.

Bruxelles conclura des accords avec les pays de transit. Celle-ci tentera d’imiter le succès du pacte migratoire UE-Turquie de 2016. La réponse de l’UE à la récente pression migratoire exercée par la Biélorussie en est un bon exemple. Les Européens ont impliqué des pays du Moyen-Orient et d’ailleurs. Des sanctions ont été imposées et des fonds ont été fournis pour empêcher l’arrivée des migrants. Les personnes détenues en dehors de leurs frontières ont été rapatriées.

Le modèle danois ?

Les membres de l’UE qui se trouvent en première ligne face à l’afflux de migrants renforceront unilatéralement les contrôles aux frontières. De cette manière, ils empêcheront et dissuaderont l’arrivée de migrants, prédisent Bremmer et Chupkan. Les capitales européennes soutiendront activement ou fermeront les yeux sur des mesures strictes. Même si elles vont à l’encontre des droits des migrants et violent les traités internationaux. En juin, par exemple, il a été annoncé que le Danemark avait adopté une loi permettant de traiter les demandes d’asile en dehors de l’Europe. Concrètement, cela signifie que le pays scandinave pourra transférer les réfugiés qui arrivent sur son territoire vers des centres d’asile dans les pays dits « partenaires ». Là, leur cas sera examiné plus en détail.

Bremmer et Kupchan concluent que nous verrons certainement des gros titres alarmants. Mais une nouvelle crise des réfugiés est peu probable, même si la migration reste une question politiquement sensible pour l’UE.

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