Web Analytics

Tant pis pour les subsides verts américains ? Ford fait le pari de la baisse des coûts de production avec des entreprises chinoises

Tant pis pour les subsides verts américains  ? Ford fait le pari de la baisse des coûts de production avec des entreprises chinoises
(Getty Images)

Le constructeur automobile américain Ford lance un partenariat avec une société minière chinoise en Indonésie. L’investissement s’élève à 4,5 milliards de dollars. Il pourrait lui coûter l’éligibilité aux subsides verts de l’Inflation Reduction Act.

Pourquoi est-ce important ?

La Chine et les États-Unis se livrent à une lutte économique pour se surpasser, tandis que les tensions géopolitiques s'intensifient. Les États-Unis, en particulier, tentent d'évincer la Chine des chaînes d'approvisionnement en produits stratégiques, notamment ceux qui sont importants pour les batteries et les voitures électriques. Ces produits deviendront de plus en plus importants, compte tenu de la transition vers le durable en cours, à l'échelle mondiale.

Dans l’actu : L’investissement en Indonésie concerne une usine de traitement de matières premières pour batteries, comme le nickel, et devrait permettre la production annuelle de 2 millions de véhicules électriques.

  • Ford, le deuxième constructeur automobile américain, va à l’encontre de la politique de Washington visant à exclure les entreprises chinoises des chaînes d’approvisionnement en produits essentiels.
  • En plus de la société minière chinoise Huayou Cobalt, la société minière brésilienne Vale fera également partie de l’aventure. Vale contribuera à approvisionner l’usine en nickel en quantité suffisante, rapporte le Financial Times.
    • Vale aura une part de 30% de la coentreprise, mais Huayou et Ford n’ont pas communiqué la taille de leur part. Dans un accord préalable signé l’année dernière, c’était une part de respectivement 53 et 17%.
  • Le mois dernier, les responsables politiques américains avaient déjà critiqué l’entreprise lorsqu’elle avait été annoncé qu’elle utiliserait désormais la technologie de la société chinoise CATL, le plus grand producteur de batteries au monde.

Le détail : le nickel indonésien.

  • L’Indonésie a les réserves de nickel les plus importantes du monde. L’année dernière, le pays a interdit les exportations, dans le but de créer de la plus-value et des emplois en lançant toute la filière des batteries sur son territoire. La politique semble attirer les acteurs internationaux.

Inflation Reduction Act

L’essentiel : Ford fait le pari qu’en renforçant ses liens avec les entreprises chinoises, elle obtiendra plus de bénéfices. Même si le constructeur pourrait ne pas être éligible aux subsides de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA).

  • Cette loi a été lancée par le président américain Joe Biden pour donner aux États-Unis une position de leader sur le marché de la transition énergétique. L’IRA prévoit des réductions d’impôts et des subventions pour un montant total de 369 milliards de dollars.
    • Les consommateurs, par exemple, peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt de 7.500 dollars dans le cadre de cette loi s’ils achètent un véhicule électrique. La condition est cependant que les batteries ne contiennent pas de composants ou de matières premières provenant d’une « entité étrangère préoccupante ». Cela inclut la Chine et la Russie, par exemple.
  • Ford fait donc le pari d’être en mesure de vendre des véhicules électriques moins chers que ses concurrents, c’est-à-dire moins cher que le véhicule moins le crédit d’impôt de 7.500 dollars. Car les VE de Ford pourraient ne pas être éligibles aux crédits, avec cet investissement.
  • C’est un pari à deux niveaux, en réalité. D’un côté, concernant les prix de production moins élevés, et d’un autre côté sur l’éligibilité. Il ne semble pas clair si le nickel indonésien, traité par une entreprise minière chinoise qui possède des parts d’une coentreprise, est exclu par les conditions de l’IRA. Au final, cela pourrait même être un pari doublement gagnant pour Ford.
    • Notons tout de même que les conditions deviennent plus strictes avec le temps. Pour les « minerais critiques » utilisés dans les véhicules électriques, la part de composants extraits aux États-Unis (ou dans des pays avec qui Washington a un accord de libre échange) est de 40% en 2023. En 2027, ce sera le double. Pareil pour les batteries : 50% des matériaux doivent venir des USA, du Mexique ou du Canada, en 2023. En 2029, ce sera le double.
    • La fenêtre pour profiter des deux éléments n’est finalement pas ouverte pendant très longtemps. Et l’usine doit encore être construite.

Contrôler toute la chaine d’approvisionnement

Zoom arrière : de la mine à la sortie d’usine. Les constructeurs de véhicules électriques veulent de plus en plus contrôler l’entièreté de la chaine d’approvisionnement.

  • Avec cet investissement, Ford s’inscrit dans une tendance générale du marché des VE. Tesla, Stellantis et Volkswagen cherchent aussi à racheter des sociétés minières et/ou à conclure des partenariats avec elles. Seul BMW semble s’opposer (farouchement) à cette dynamique.
Plus d'articles Premium
Plus