Si Trump refusait de céder le pouvoir en cas de défaite, les conséquences pour l’euro seraient énormes

Le président américain Donald Trump a refusé mercredi de s’engager clairement dans un transfert de pouvoir pacifique s’il perdait les élections. ‘Nous devrons voir ce qui se passe’ a répondu le président lorsque la question lui a été posée en conférence de presse.

Kayleigh McEnany, la porte-parole de la Maison Blanche, a aussi semé le doute lorsque la question lui a été posée un jour plus tard. ‘Il acceptera le résultat ‘si les élections sont libres et équitables’ a-t-elle déclaré. Mais lorsque des journalistes lui ont demandé si le président jugerait les élections équitables en cas de défaite, la porte-parole a fourni la même réponse: ‘Nous devrons voir ce qui se passe’.

‘Trump dit toujours des choses folles’

Plusieurs républicains – qui préfèrent en temps normal fermer les yeux lorsque Trump fait des déclarations controversées – ont cette fois-ci réagi. Le président du Sénat, Mitch McConnell, a déclaré sur Twitter que le vainqueur des élections serait célébré le 20 janvier et que la transition se ferait ‘de façon ordonnée, comme tous les quatre ans depuis 1792’.

Selon le sénateur Ben Sasse (Nebraska), ‘Trump dit toujours des choses folles. Nous avons toujours assisté à un transfert de pouvoir pacifique. Cela ne changera pas’.

L’ancien candidat à la présidence, Mitt Romney, a quant à lui affirmé qu’une passation pacifique du pouvoir était fondamentale.

Romney n’a pas tout à fait raison, car le transfert pacifique du pouvoir n’est pas garanti par la Constitution. ‘Notre Constitution ne garantit pas un transfert pacifique du pouvoir, mais le présuppose’, écrit le professeur Lawrence Douglas dans son livre Will He Go? Trump and the Looming Election Meltdown in 2020. Les politiques ne menacent pas [en temps normal] de déclencher des crises qui pourraient les transformer en parias politiques. 

Le bureau d’étude de l’UE EuroIntelligence souligne un autre élément important. Si Trump, malgré une défaite, devait se raccrocher au pouvoir, les conséquences ne se répercuteraient pas que sur les États-Unis. Le reste du monde serait également impacté, car cela déclencherait une réaction en chaîne dans laquelle de grandes quantités d’actifs seraient retirées des États-Unis pour être rapatriées dans une zone ‘refuge’.

Une hausse du taux de change mettrait l’Espagne et l’Italie en difficulté

Et ce refuge ne pourrait être autre que… l’Europe. En conséquence, le taux de change de la zone euro augmenterait à un point tel que des pays comme l’Italie et l’Espagne seraient confrontés à encore plus de problèmes. 

Ce sont ces pays qui ont le plus souffert depuis leur adhésion à la zone euro de ne plus pouvoir dévaluer leur monnaie. Les compensations qu’ils ont reçues sous forme de nouveaux prêts ont également beaucoup moins d’impact sur leurs économies respectives que ce qu’une dévaluation générerait. Si l’euro devait s’apprécier fortement, cela provoquerait un nouveau choc économique dans ces pays car ‘malgré les nombreuses réformes de ces dernières années, la zone euro reste une structure fictive qui n’a pas les moyens d’absorber des chocs asymétriques’, conclut EuroIntelligence.

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