Le gaz russe reviendra en Europe, alors que les pays « pardonneront et oublieront »

Alors que la guerre continue de faire rage en Ukraine et que l’Europe poursuit ses efforts pour se défaire des énergies russes, les propos du ministre qatari de l’Énergie semblent à des années-lumière de la réalité.

L’actualité : La disparition du gaz russe en Europe n’est pas une fin en soi, selon le ministre de l’Énergie du Qatar, Saad Sherida al-Kaabi. Il finira par revenir.

  • « Nous sommes tous bénis d’avoir la capacité d’oublier et de pardonner. Et je pense que les choses s’arrangent avec le temps », a-t-il déclaré lors d’une conférence à Abu Dhabi.

Le détail : il estime que bien que les Européens bénéficieront d’une diversité d’apports énergétiques beaucoup plus grande, ils tireront des leçons de cette situation et s’approvisionneront à nouveau auprès de la Russie.

  • Car si l’Europe n’a pas connu la crise énergétique annoncée, grâce notamment à des stocks sur-approvisionnés et des températures élevées jusqu’à présent, la situation pourrait évoluer dans le mauvais sens fin 2023. « Le problème est de savoir ce qui va se passer lorsque [les Européens] voudront reconstituer leurs stocks l’année prochaine, alors qu’il n’y aura pas beaucoup de gaz qui arrivera sur le marché avant 2025, 2026, 2027… », a poursuivi Saad Sherida al-Kaabi.  

Contexte : alors que l’Europe est depuis longtemps le plus gros client de la Russie en manière de produits énergétiques, les pays membres ont considérablement réduit leurs importations d’énergies russes, en réaction à l’invasion de l’Ukraine par Moscou.

  • En 2022, les exportations de gaz du géant russe Gazprom vers la Suisse et l’UE ont chuté de 55 %.
  • Alors qu’elle faisait face à une explosion des prix de l’énergie, l’Union européenne s’est tournée vers d’autres fournisseurs pour renflouer ses stocks et éviter une pénurie de gaz et de pétrole.
  • Elle s’est démenée pour développer de nouvelles sources d’énergie et renforcer ses liens avec plusieurs fournisseurs.

D’importants efforts qui n’empêcheront pas le gaz russe de revenir en Europe, selon le ministre qatari de l’Énergie.

Oublier, déjà ?

Une réflexion quelque peu précoce, alors que le conflit armé en Ukraine s’apprête à fêter son tragique premier anniversaire. Des milliers de personnes y ont déjà perdu la vie. Des chiffres qui devraient malheureusement croitre à mesure que la guerre se poursuit.

À côté de cela, plus de 8 millions de personnes ont vu leur vie chamboulée, forcées de se réfugier ailleurs en Europe, alors que leurs maison et leurs villes ont été détruites par les frappes ennemies. Des écoles, hôpitaux et infrastructures énergétiques vitales ont été détruites, laissant des millions d’Ukrainiens sans électricité.

Certes, l’histoire a montré que les personnes parvenaient à passer outre et à avancer, sans forcément oublier ni totalement pardonner, mais cela s’est fait au fil des années. Il n’empêche qu’il est sans doute trop tôt pour parler d’une possible réconciliation, du moins d’une entente concernant l’approvisionnement en gaz.

« Honnêtement, la sécurité énergétique est un gros problème… mais je pense qu’en 2023, la priorité est l’Ukraine »

Claudio Descalzi, PDG de la société énergétique italienne Eni, interrogé par CNBC sur les propos du ministre qatari.
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