Pfizer a déjà produit des centaines de milliers de doses de son vaccin en Belgique: ‘Un investissement à risque’

Plusieurs géants pharmaceutiques se livrent à une bataille acharnée depuis plusieurs mois pour produire un vaccin contre le coronavirus. L’entreprise américaine Pfizer, associée à la biotech allemande BioNTech, a déjà lancé un vaste processus de production. Et pour l’Europe, ça se passe en Belgique.

Le vaccin Pfizer/BioNTech va-t-il être le premier à être mis à la disposition des Américains et des Européens ? Rien n’est moins sûr, mais ça n’empêche pas le duo américano-allemand d’avoir entamé un processus de production massive.

La Gazet van Antwerpen rapporte que des ‘centaines de milliers’ de doses ont déjà été produites dans l’usine belge de Pfizer, située à Puurs (Anvers).

‘Ce sont nos vaccins à ARNm (ARN messager) qui sont prêts et stockés, en attendant les essais cliniques en cours et une approbation’, a expliqué Koen Colpaert, porte-parole de Pfizer à Puurs. ‘L’étude en est maintenant à la phase trois. Le vaccin sera administré à 44.000 personnes aux États-Unis et en Allemagne.’

Un pari risqué

Si Pfizer ne s’est certainement pas lancé dans une production massive sans avoir reçu certaines garanties vis-à-vis de son vaccin, il n’empêche que celui-ci n’a encore été approuvé par aucune autorité. Avant qu’une telle demande soit lancée, il faudra que les trois étapes des tests cliniques aient été couronnées de succès. Si le vaccin de Pfize/BioNTech venait être refusé, toutes les doses devraient être jetées à la poubelle.

‘C’est investissement à risque’, a reconnu Koen Colpaert. ‘Nous sommes convaincus que la science l’emportera. Notre priorité reste la mise au point d’un vaccin sûr et efficace pour aider à mettre fin à cette pandémie.’

Même si elle ne s’attarde pas sur les détails des essais cliniques de son vaccin, Pfizer semble relativement confiante.

‘Les premiers résultats de la phase 1 des essais cliniques semblent en effet aller dans la bonne direction. Mais les essais cliniques sont toujours en cours et on se doit de rester prudent jusqu’à la fin de la procédure et la soumission du dossier aux autorités’, a déclaré Marie-Lise Verschelden, communication manager de Pfizer Belgique, à Sudpresse.

Une approbation toujours incertaine

Si Pfizer produit une partie de ses vaccins à Puurs, cela ne signifie pas pour autant que ceux-ci seront nécessairement utilisés un jour en Belgique. Notre pays coopère au niveau européen dans le cadre d’un achat coordonné. L’Europe a déjà commandé 400 millions de doses.

‘Pfizer Inc. et BioNTech SE ont conclu des discussions exploratoires avec la Commission européenne concernant une proposition d’approvisionnement de 200 millions de doses de leur candidat vaccin expérimental contre le SARS-CoV-2 aux États membres de l’Union européenne, avec une option pour 100 millions de doses supplémentaires’, indique Marie-Lise Verschelden. ‘Nous sommes en discussion avec la Commission européenne
pour garantir que les pays, dont la Belgique, auront accès à notre vaccin si les essais et l’approbation réglementaire sont concluants.’

En Europe, c’est l’EMA (European Medicines Agency) qui doit se prononcer sur l’approbation du vaccin. Pfizer/BioNTech lui a déjà envoyé une partie de ses données afin d’accélérer le processus. Le consortium est le deuxième à bénéficier de cette ‘révision continue’, après l’alliance entre la société suédo-britannique AstraZeneca et l’université d’Oxford. AstraZeneca aurait d’ailleurs une courte tête d’avance sur Pfizer. Et si elle convainc l’Europe, c’est son vaccin qui débarquera en Belgique.

Aux États-Unis, Pfizer a lancé sa production de vaccins dans une usine du Michigan. Là-bas, c’est la Food and Drug Administration (FDA) qui acceptera (ou non) le vaccin. Pfizer a déclaré vendredi qu’elle espérait mettre son vaccin sur le marché américain dès la troisième semaine de novembre grâce à une procédure d’urgence. Pour l’Europe, l’entreprise américaine préfère ne pas avancer de date.

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