Pékin fait décoller son « Vaisseau divin » Shenzhou-16 et montre ses capacités aux États-Unis

La mission chinoise Shenzhou-16 s’est envolée depuis les entrailles du désert de Gobi, dévoilant la fulgurante avancée du programme spatial chinois dans la course contre les États-Unis et la NASA.

Dans l’actu : La fusée Shenzhou-16, « Vaisseau divin » en chinois, a décollé dans la nuit de lundi à mardi, depuis le centre de lancement de satellites de Jiuquan, contrôlé par l’armée.

  • À son bord : trois astronautes à destination de la station spatiale chinoise.
  • Ils devront rejoindre et remplacer trois autres astronautes qui vivent à bord de la station spatiale chinoise Tiangong, dans le cadre des plans du gouvernement visant à l’occuper en permanence.
  • Ils y mèneront des expériences scientifiques et effectueront des sorties dans l’espace au cours des prochains mois.
  • Il s’agit de la 11e mission spatiale de la Chine comprenant un équipage, et de la 5e rien que depuis 2021.
  • Le but de Pékin est d’envoyer des astronautes chinois sur la Lune d’ici à 2030, selon Lin Xiqiang, responsable de l’Agence spatiale chinoise, lors d’une réunion d’information lundi.

Zoom arrière : L’objectif de la Chine ? Réduire l’écart avec les États-Unis dans la course spatiale et montrer ses muscles à l’Occident.

  • À l’image de la rivalité sino-américaine ravivée, l’agence spatiale chinoise est en compétition avec la NASA pour décrocher le titre de la nation qui renverra la première des astronautes sur la Lune depuis 1972.
  • Or la Chine peut se vanter d’une série de succès en la matière ces dernières années, se hissant au sommet en devenant la première nation à poser un vaisseau sur la face cachée de la Lune en 2019.
    • De même, elle a été la première à faire atterrir un rover sur Mars en 2021.
    • Telle une étoile solitaire aux couleurs chinoises, elle brille fièrement en étant le seul pays à exploiter sa propre station spatiale… Érigée juste après que les États-Unis ont opposé leur véto à sa participation dans la station spatiale internationale multinationale. Un beau pied de nez aux Américains.
    • Pékin devrait par ailleurs lancer une autre mission avec équipage vers sa station cette année.
    • Et d’ici à la fin de 2023, la Chine devrait également lancer un télescope spatial de la taille d’un grand bus, rapporte Reuters.
  • Dans ce contexte, la mission Shenzhou est une nouvelle démonstration de force de Pékin.
    • En témoigne l’autorisation « exceptionnelle » donnée aux journalistes étrangers de visiter le centre de lancement avant le décollage, et même de filmer et de prendre des photos. Une véritable campagne de marketing.
    • « L’invitation des médias étrangers leur donne de la visibilité et témoigne de leur confiance », explique à Bloomberg Namrata Goswami, spécialiste de la politique spatiale.
    • Tout en rappelant qui se cache derrière cette mission : à l’entrée du centre, un panneau présente le président Xi Jinping avec le slogan « Un rêve spatial, un rêve d’une armée puissante ».
    • Pendant ce temps, les États-Unis cherchent à lui mettre des bâtons dans les roues en limitant l’accès chinois aux industries sophistiquées telles que celle des semi-conducteurs.

Il y a plus : Les États-Unis ne sont pas la seule cible de la Chine : avec son programme spatial clinquant, elle souhaite également séduire ses partenaires de l’initiative « Belt and Road », selon Goswami.

  • Cette campagne signée Xi Jinping vise à utiliser des projets d’infrastructure pour accroître l’influence chinoise.
  • Une définition qui sied à la mission Shenzhou-16, qui sert de faire-valoir de Xi Jinping sur la scène internationale.
    • « La Chine est prête à travailler avec d’autres pays pour renforcer les échanges et la coopération, explorer ensemble les mystères de l’univers, utiliser pacifiquement l’espace extra-atmosphérique et promouvoir la technologie spatiale pour mieux profiter aux populations de tous les pays du monde », avait écrit le dirigeant chinois aux Nations unies en novembre. Des paroles enrobées de sucre qui feraient presque oublier qui les prononce…
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