Guerre des semi-conducteurs : en visant Micron, la Chine joue la carte de l’escalade envers les États-Unis

Avant celle de l’énergie, le monde traversait une grande pénurie de puces informatiques devenues une véritable ressource stratégique nécessaire pour l’assemblage de la majorité des objets de haute technologie, de la voiture au missile. L’appétit de la Chine était particulièrement préoccupant : le pays n’avait pas le savoir-faire pour se passer de puces faites à l’étranger. Mais il vient d’imposer de lourdes sanctions à un fabricant américain. De quoi poser la question de ses capacités réelles.

Risque pour la cybersécurité ?

Dans l’actualité : la Chine a interdit aux entreprises chinoises travaillant sur des projets d’infrastructure d’acheter des produits du fabricant américain de semi-conducteurs Micron, a annoncé ce dimanche l’administration chinoise du cyberespace. Un geste inattendu, et une surenchère non négligeable dans la rivalité entre Pékin et Washington.

« L’examen a révélé que les produits de Micron présentaient des risques relativement graves en matière de cybersécurité, ce qui pose des risques importants pour la chaîne d’approvisionnement de l’infrastructure d’information critique de la Chine et affecterait la sécurité nationale »

Administration chinoise du superespace

10% des revenus viennent de Chine

  • Micron Technology (MU) est l’un des plus grands fabricants de puces des USA, et 10% de ses revenus proviennent des importations chinoises. Mais il est sous le coup d’une enquête sur la sécurité de ses produits, décidée par Pékin. La firme n’a, pour l’instant, pas fait d’autres commentaires que d’annoncer que des négociations étaient en cours.

Le contexte : de plus en plus de pays privent la Chine de leurs puces. Plusieurs leaders mondiaux des microprocesseurs de haute technologie ont limité leurs exportations vers Pékin, comme le Japon, mais aussi les Pays-Bas, rappelle CNN. L’Empire du Milieu est aussi plongé dans une guerre commerciale avec les États-Unis, ces derniers n’hésitant pas à mettre en place une alliance panasiatique anti-chinoise pour réguler l’arrivée de microprocesseurs. Mais il est quand même surprenant de voir le pays se priver en amont d’une source de puces.

  • La Chine a-t-elle amélioré les qualités de ses processeurs nationaux, jusqu’à pouvoir se passer d’un fabricant américain ? C’est évidemment difficile à dire. Il est certain en tout cas que le pays veut faire des progrès dans le domaine, malgré qu’on lui mette des bâtons dans les roues.
  • Les puces représentent de plus en plus un enjeu de souveraineté, et de nombreux pays s’en rendent compte un peu tard alors que la technologie pour en produire reste concentrée dans les mains de quelques-uns.
  • Le Royaume-Uni s’est ainsi engagé à investir jusqu’à un milliard de livres sterling au cours de la prochaine décennie pour consolider sa production nationale « trop peu, trop tard« , estiment toutefois certains.
  • Dans ce contexte, il est donc préoccupant qu’un pays très gourmand en puces et considéré comme en retard sur la finesse de sa production nationale puisse jouer à la surenchère ainsi.
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