Pour Mohammed El-Erian les marchés sont « distordus » : quels sont selon lui les placements salvateurs ?

Pour le célèbre économiste d’Allianz et président du Queen’s College de Cambridge, les marchés boursiers et obligataires sont distordus. Il appelle à changer de stratégie, vers le cash et les obligations à court terme. C’est jouer la carte de la sécurité certes, mais les revenus de ces actifs sont dépassés par l’inflation.

Pour le grand nom de la finance Mohammed El-Erian, les marchés boursiers et obligataires sont « distordus ». Il faut en sortir, lance-t-il, interrogé par CNBC, « il y a eu trop de dommages ».

A Wall Street par exemple, les cours sont en chute depuis le début de l’année. A la mi-juin, ils ont commencé à remonter la pente, à l’instar du S&P 500, mais depuis mi voire fin août, une rechute est en cours. Sur le marché obligataire mondial aussi la dégringolade est considérable : depuis vendredi passé les obligations sont dans leur premier marché baissier en plus de 30 ans. Une telle double correction est un événement rarissime, qui n’avait pas été observé depuis plus de 50 ans.

« Il fut un temps où tous les prix des actifs ont augmenté – actions et obligations – et nous avons oublié les corrélations (pendant la pandémie et la relance post-coronavirus, NDLR). Pourquoi se soucier des corrélations quand détenir à la fois des actifs à risque et des actifs atténuant le risque paye? C’est un monde charmant » – voilà la distorsion du marché selon El-Erian.

Changer de stratégie

Mais désormais, la donne a changé, et il serait temps de changer de stratégie. « Ce que la première moitié de l’année nous a appris, et ce que nous avons à nouveau appris depuis la mi-août, c’est que les actions et les obligations peuvent baisser en même temps », ajoute El-Erian. « Dans un monde comme celui-là, vous devez vous tourner vers les titres à revenu fixe à court terme, et vous devez considérer les liquidités comme une alternative. »

Opter pour les liquidités, cela peut en effet être un choix surprenant. En temps d’inflation, la monnaie perd en valeur, et d’autres noms éminents de la finance, de Buffett à Ray Dalio, avertissent régulièrement de la perte qu’on subit lorsqu’on garde son argent liquide.

Mais le taux d’inflation est moins élevé que les pertes sur le marché boursier. Elle atteignait 8,5% aux États-Unis au mois de juillet, contre -13,5% pour le S&P 500 et -22,75% pour le Nasdaq, en un an, bien qu’il s’agisse là de moyennes composées de différentes actions. Et le dollar, actuellement à son plus fort en plus de vingt ans, est également souvent considéré comme une valeur refuge.

L’inflation est aussi plus élevée que les revenus que peuvent offrir les « titres à revenu fixe à court terme », comme des obligations à quelques mois. L’obligation américaine à trois mois présente par exemple un taux de rendement de 2,84%.

D’un autre côté, les obligations américaines sont celles qui ont actuellement le meilleur taux de rendement par rapport à d’autres obligations, et sont aussi considérées comme une valeur refuge. Les récentes hausses des taux d’intérêt de la Fed y sont pour quelque chose. Dans les mois à venir, l’institution monétaire va poursuivre les hausses des taux, et l’inflation devrait continuer à chuter petit à petit, pour atteindre les 2% en 2024.


Disclaimer: cet article ne fait pas office de conseil, mais doit se lire à titre d’information. Investir comporte toujours des risques.

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