Les émissions de CO2 font une chute sans précédent: mais la pandémie ne sera pas la clé de notre réussite

C’est une première dans notre époque industrielle. Les émissions de CO2 d’origine fossile ont chuté de 7% en raison de la pandémie. C’est ce que rapporte le bilan annuel du Global Carbon Project, publié ce vendredi. Le Covid-19, vécu comme un fléau, sera-t-il finalement notre sauveur ? Pas si vite…

Le Covid-19 a brisé la chaine de croissance des émissions de CO2. C’est un fait. Les émissions ont baissé de 7%, soit 2,4 milliards de tonnes sur l’année 2020 d’après les projections.

C’est plus que lors des crises majeures précédentes comme 1945, 1981, 1992 ou 2009. Elles n’avaient jamais dépassé une baisse de 0,9 milliard de tonnes.

C’est aux États-Unis (-12%), puis dans l’Union européenne (-11%) que les baisses ont été les plus nettes, suivis par l’Inde (-9%). La Chine? Elle n’aura été affectée qu’au tout début de l’année. En adoptant des confinements très stricts et ciblés, la Chine est parvenue à limiter la propagation du virus. Même si certains chiffres sanitaires ont pu être sous-estimés, les émissions de CO2 ne trompent finalement pas. La Chine n’a baissé ses émissions que de 1,7%. Une nuance toutefois: ses émissions étaient en constantes progressions. Et cette croissance se serait probablement poursuivie.

C’est dans le transport en surface que les réductions d’émissions ont été les plus fortes. Le secteur aérien s’est effondré, comme en atteste la réduction de 75% des émissions. Les transports plus traditionnels ont aussi fait leur part, surtout lors de la 1ère vague de confinement, en baissant de moitié. Au niveau de ‘l’industrie, une baisse de l’ordre de 30% a pu être observée au plus fort du confinement.

Insuffisant

En avril dernier, on vous relayait un premier rapport réalisé par CarbonBrief. Il faisait état d’une baisse de 5,5% des émissions de CO2 pour l’année 2020. Le bilan annuel du Global Carbon Project revoit un peu à la hausse cette réduction en tenant compte de la 2e vague. En d’autres termes, cela signifie que nous avons encore émis 93% du CO2 qui avait été relâché en 2019.

Le GIEC a calculé qu’il faudrait une baisse annuelle de 7,6% pour limiter l’élévation de la température à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Soit une pandémie chaque année. Cela montre l’ampleur de la tâche qui est devant nous.

Il y a du mieux: entre 2000 et 2009, les émissions de CO2 ont connu une croissance de 3% par an contre 0,9% entre 2010 et 2019. Mais cela reste bien insuffisant alors qu’on fête justement les 5 ans des accords de Paris.

Ça ne devrait pas durer

Pourquoi une croissance si faible ? On observe généralement trop nos comportements individuels. Autour de nous, le monde continue de tourner, et c’est encore plus vrai lors de ce second confinement. Les gens continuent de travailler, de se chauffer, d’utiliser de l’électricité, … Le transport maritime ne s’est pas effondré, les livraisons de colis ont explosé.

Électricité, chauffage et transports, ce sont déjà environ 65% des émissions mondiales qui se retrouvent peu ou pas impactées par la crise du coronavirus. L’industrie fait le reste.

De plus, ‘la diminution des émissions de CO2 n’entraîne pas une réduction de la concentration de CO2 dans l’atmosphère’, explique à l’AFP Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement lors d’une visioconférence.

Enfin, tout indique que la croissance des émissions devrait repartir à la hausse en 2021. La Chine avait déjà renoué en avril à son niveau d’émissions de l’année précédente. ‘C’est un répit temporaire. Le moyen d’atténuer le changement climatique n’est pas d’arrêter les activités, mais d’accélérer la transition vers des énergies bas carbone’, conclut le chercheur.

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