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Les Allemands se ruent sur le charbon: « C’est mauvais pour la santé, mais c’est toujours mieux que d’avoir froid »

Les Allemands se ruent sur le charbon: « C’est mauvais pour la santé, mais c’est toujours mieux que d’avoir froid »
(CARSTEN KOALL/AFP via Getty Images)

Alors que le gouvernement allemand est en train de réactiver des centrales au charbon en vue d’éviter le pire cet hiver, les particuliers font le même choix. Chez les vendeurs de charbon, les clients défilent… jusqu’à provoquer des ruptures de stock. « Du jamais vu ».

Fin juin, l’Allemagne annonçait qu’elle allait (notamment) miser sur les centrales au charbon afin d’éviter de lourds problèmes en matière de production d’électricité – possiblement précipités par des pénuries de gaz – lors de l’hiver à venir. À cet effet, certaines ont vu leur durée de vie prolongée, tandis que d’autres, qui avaient été mises en veilleuse, doivent être réactivées. Une opération qui s’avère d’ailleurs plus compliquée que prévu, les défis présentés par ces réactivations ayant même récemment poussé RWE à postposer le démantèlement d’une unité de la centrale considérée comme « le deuxième plus gros pollueur d’Europe« .

Dans le même temps, il apparaît que les consommateurs allemands suivent la même voie que leurs autorités. Eux aussi craignent que le gaz ne vienne à manquer en hiver. Pour éviter d’avoir froid et de voir leur facture exploser, ils foncent sur le charbon.

« Tous ceux qui ont un poêle veulent avoir du charbon »

Habituellement, à Berlin, seulement 0,1% des foyers – c’est-à-dire cinq à six milliers – se chauffent au charbon. Principalement des personnes âgées vivant dans des habitations vétustes. Mais cette année, la donne change: de nouveaux clients se bousculent au portillon des vendeurs de charbon.

« Ceux qui se chauffent au gaz, mais qui ont encore un poêle à la maison veulent maintenant tous avoir du charbon », témoigne ainsi auprès de l’AFP Frithjof Engelke, un charbonnier berlinois.

Une explosion de la demande qui met à mal les stocks des distributeurs et qui pousse les fournisseurs à se retrousser les manches. « Nous produisons à pleine capacité pendant l’été, avec trois équipes, sept jours par semaine », souligne Thoralf Schirmer, porte-parole de l’entreprise LEAG, spécialisée dans l’extraction de lignite. La production a bondi de 40% depuis janvier, précise-t-il, mais la demande est forte partout et la situation devrait rester tendue au moins jusque cet hiver.

Du côté des consommateurs, ce sont bien sûr les craintes concernant le gaz qui motivent à opter pour le charbon: « Même si c’est mauvais pour la santé, c’est toujours mieux que d’avoir froid », explique un quinquagénaire venu faire le plein de charbon « pour la première fois depuis de nombreuses années ».

Ruée, aussi, sur les radiateurs électriques

Si l’on veut miser sur le charbon, encore faut-il avoir de quoi en faire brûler chez soi. Pour ceux qui n’ont pas cette possibilité, il y a les radiateurs électriques: ils se vendent comme des petits pains. Selon les données du cabinet d’études de marché GFK, rien que sur les six premiers mois de l’année, les ventes ont augmenté de 35% par rapport à l’an dernier: pas moins de 600.000 chauffages électriques ont été vendus à travers le pays.

Là aussi, à nouveau, les distributeurs sont à court. « Tout le monde veut acheter des chauffages électriques, mais les stocks sont complètement épuisés. Les nouveaux chauffages arriveront peut-être en septembre, octobre ou novembre. Aucune entreprise ne peut dire s’ils seront livrés ou non. Parce qu’actuellement tout est complètement épuisé », expliquait début août à Euronews Daniel Strenger, vendeur dans le magasin d’électronique Eisen Döring à Berlin. 

Rien n’indique que les foyers seront sevrés de gaz

Les Allemands qui se ruent sur les radiateurs électriques craignent eux aussi de ne plus pouvoir se chauffer au gaz dans les prochains mois ou – ce serait un moindre mal – de devoir mettre le chauffage à une température moins élevée qu’à l’accoutumée.

Pourtant, pour l’instant, rien n’indique que les ménages seront obligés de baisser leur thermostat. Actuellement, le gouvernement prévoit des mesures de limitation de la température au sein des bâtiments publics, tandis qu’il a appelé le monde du travail à « faire aussi plus d’économies ». Pour ce qui est des logements, les propriétaires ont simplement été tenus de faire vérifier leur installation au gaz afin d’en optimiser le fonctionnement, tandis qu’il a été décrété que chauffer les piscines serait interdit cet hiver.

En revanche, au vu de la flambée des prix du gaz et de l’électricité – mais aussi, dans une moindre mesure, du charbon – la facture énergétique des Allemands risque de considérablement s’alourdir. Une éclaircie dans la grisaille est toutefois à signaler: ce jeudi, le gouvernement a décidé que la TVA sur le gaz passerait de 19 à 7% à partir du mois d’octobre.

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