L’épidémiologiste en chef suédois: ‘Il est dangereux de croire que les masques buccaux font une grande différence’

‘Malheureusement, les preuves sur l’efficacité de l’utilisation des masques dans la société sont très faibles… Nous ne savons pas vraiment où les utiliser, [et] dans quelle mesure. De nombreux pays d’Europe ont imposé des masques depuis longtemps… et ils constatent maintenant une forte augmentation du nombre de cas. Je pense donc qu’il est dangereux de croire que les masques font une grande différence lorsque vous avez une épidémie comme celle-ci.’

Ces mots, ce sont ceux du désormais célèbre épidémiologiste suédois, Anders Tegnell, qui pense la stratégie de son pays (l’interview commence à 15 h 51 min 43 s). Sur Radio 4, il a été interrogé sur l’évolution du Covid-19 en Suède. Un certain nombre de scientifiques avaient déclaré le mois dernier que le pays avait atteint l’immunité de groupe.

La Suède a élaboré une stratégie controversée pour lutter contre la pandémie. Les magasins, les écoles et les restaurants sont restés ouverts et il n’y a jamais eu de confinement national. Le gouvernement suédois croyait au bon sens de ses citoyens. Les masques buccaux n’ont jamais été obligatoires ni recommandés. Les autorités sanitaires du pays ont demandé à la population de se laver souvent les mains. Ils devaient également respecter les règles de ‘distanciation sociale’. Une application de tracing n’a pas non plus été lancée.

‘Personne n’a plus adapté son comportement au coronavirus que nous’

Tegnell a déclaré qu’il maintiendrait la confiance dans la population suédoise. Il a rappelé que plusieurs sondages internationaux montrent que les Suédois sont les personnes qui ont le plus adapté leur comportement à la suite de l’épidémie. ‘Les restaurants sont gérés complètement différemment qu’auparavant, nous travaillons à domicile et nous voyageons beaucoup moins qu’avant. Beaucoup de choses ont changé en Suède.’

Selon Tegnell, il y a désormais beaucoup plus d’action au niveau régional. Certaines restrictions sont localement plus strictes ou plus flexibles selon la situation dans la région. ‘Nous donnons également aux régions plus de ressources pour lutter contre la transmission du virus localement.’

La prochaine étape de l’épidémiologiste était de retrouver des événements avec plus de 500 personnes. Mais au vu de la résurgence des cas, ce plan est ‘en attente’. Parce que les chiffres ont également augmenté ces derniers jours en Suède, ‘pas autant qu’ailleurs en Europe, mais quand même… à Stockholm, l’augmentation est significative’. Des mesures plus strictes ne sont pas exclues, mais si l’épidémiologiste se refuse toujours à envisager un confinement.

Le nombre de cas confirmés par million d’habitants au 20 octobre. Credit : OurWorldData.

Assouplissement des mesures pour les personnes âgées

Il y a cependant un relâchement en ce qui concerne les personnes âgées. Elles n’ont plus besoin de s’isoler complètement, tant qu’ils maintiennent une distance sociale et évitent les grands rassemblements.

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi la Suède comptait plus de décès liés au covid-19 que les autres pays scandinaves, Tegnell répond que la comparaison ne tient pas. ‘L’épidémie était différente ici, en particulier dans la région de Stockholm qui était plus touchée que les autres pays scandinaves.’

Tagnell oublie d’évoquer la situation des maisons de retraite lors de la première vague. Le virus, comme en Belgique, y a fait de nombreux décès.

Immunité de groupe? ‘Les infections sont très inégalement réparties’

Tegnell a évité de trop commenter l’immunité de groupe. ‘Nous ne la mesurons même pas. En Suède, nous constatons très peu d’infections dans certains groupes de population et davantage dans d’autres. Les infections sont donc très inégalement réparties dans notre population. Notre objectif reste de localiser les nouvelles infections, puis de suivre les personnes qui ont été en contact avec la personne infectée.’

Plus